Les défis de l'énergie
On a été comme un tour du monde pour comprendre comment les différents pays font face aux nouveaux défis de l’énergie. Nous avons découvert que l’économie mondiale était marquée par un certain nombre de dynamiques régionales activées par différents facteurs : la démographie, l’urbanisation, la dotation en ressources, le niveau de revenu et les inégalités de revenus, la structure de la gouvernance, la vulnérabilité au changement climatique et la prise de conscience du phénomène.
Pour la plupart des pays, la création de richesse et la croissance économique sont les principales priorités stratégiques, mais nous avons l’impression que l’économie mondiale est divisée en deux blocs : l’un, qui regroupe la plupart des pays pauvres, est doté d’un potentiel de croissance rapide et d’un taux de croissance démographique élevé, l’autre, qui regroupe les pays de l’OCDE, a un potentiel de croissance plus lente, limité par les coûts élevés du capital et du travail, des taux d’imposition élevés, le niveau de protection sociale, les rigidités structurelles et comportementales. Parmi ces pays, les États-Unis (5 % de la population mondiale, 25 % des émissions de gaz à effet de serre – [CES]) sont à un tournant de leur politique énergétique et environnementale depuis l’élection de Barack Obama .
Les 27 pays de l’Union européenne, quant à eux, sont fermement attachés à un processus de réduction de la consommation d’énergie et des émissions de GES. Cependant, l’Europe est confrontée à un « triangle non résolu » (chapitre 7) entre les objectifs environnementaux, la compétitivité et la sécurité des approvisionnements énergétiques. L’ensemble de ces pays à croissance lente représente environ 1 milliard d’habitants et cette population ne devrait pas s’accroître d’ici 2050.
Les pays à fort potentiel de croissance sont les économies émergentes et les pays en développement d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. Ils représentent une population de 5,5 milliards d’habitants qui atteindra 8 milliards en 2050, soit 88 % de la population mondiale à cette date. Dans la plupart de ces pays, les coûts du travail, et parfois du capital, sont peu élevés et les contraintes fiscales et sociales sont faibles. Beaucoup sont toutefois marqués par un certain nombre de vulnérabilités. Ils sont vulnérables aux effets du changement climatique, engendré tant par leurs propres émissions que par celles des pays de l’OCDE ayant conduit à un réchauffement global de la planète. Ils sont également marqués par des vulnérabilités économiques et sociales souvent liées à la mauvaise qualité de la gouvernance et aux inégalités de revenus. Toutefois, s’ils sont le moteur de croissance de la demande d’énergie, ils ne se sentent pas vraiment concernés par la réduction de leurs émissions car ils estiment que les pays développés portent la responsabilité de la situation actuelle (notre « dette climatique »). Ils sont aussi le moteur de la demande de produits alimentaires, d’eau et de matières premières. Cette demande mondiale soulève la question de la rareté des ressources ; elle soulève également la question des inégalités de revenus entre un nombre croissant de riches qui mangent plus et mieux, face à l’aggravation de la pauvreté pour d’autres. Parmi ces pays, les rôles actuels et potentiels de la Chine et de l’Inde sont cruciaux .
Cette image de l’économie mondiale n’est pas très prometteuse si nous revenons à l’équation de Johannesburg (plus d’énergie, moins d’émissions). Nous devons garder à l’esprit le scénario de PAIE décrit dans le chapitre 1. La stabilisation des émissions de C02 (à 450 ppm) implique que le volume des émissions de C02 attendues en 2030 dans le scénario de référence (42 Gt) soit réduit à 23 Gt (à comparer à 27 Gt en 2005). En 2009, malgré la crise, la tendance longue est toujours celle du scénario de référence. La principale question de ce chapitre est de voir comment ces objectifs sont réalisables. Nous devons également garder à l’esprit que la composante énergie/environnement n’est qu’une partie de la problématique économique mondiale. En effet, le défi de ce siècle est de fournir suffisamment de nourriture, d’eau et d’énergie à une population croissante sans pour autant endommager la planète. Malgré l’importance de ces enjeux, le seul chapitre de ce livre qui évoque la nourriture et Peau est le chapitre 4 sur l’énergie et le développement économique.
Pour apporter quelques éléments de réponses à ces questions, nous allons examiner la dynamique des interdépendances qui est une nouvelle caractéristique de l’économie mondiale, le rôle potentiel de la technologie la nécessité d’améliorer et de renforcer la régulation économique à différents niveaux, de l’action globale aux actions locales.