Les rythmes humains : contre les désagrément des décalages horaires
Les gènes horlogers rythment nos journées
On utilise désormais chez l’homme cette hormone pour corriger les désagréments – fatigue, mauvais sommeil, abaissement du niveau de vigilance, troubles hormonaux — que provoque le dérèglement de notre horloge interne, lors des décalages horaires. Lorsqu’on vole, en avion, de New York à Paris, nos rythmes biologiques ont tendance à rester à l’heure du départ, et l’obligation sociale de s’adapter rapidement à l’heure d’arrivée va les troubler. Ils mettront quelques jours à s’adapter, et la mélatonine facilite dans bien des cas cette adaptation. On constate que les vols vers l’est provoquent davantage de désynchronisations de notre horloge interne que les vols dans l’autre sens : ils provoquent ce que les biologistes appellent une « avance de phase », aux effets plus gênants.
Le travail posté -celui qu’on appelle aussi « des trois huit»- suscite également des doubles du rythme, surtout quand ce travail n’est pas el’i’ectué en permanence soit le jour, soit la nuit. On rencontre aussi p!us fréquemment ces troubles du rythme chez les personnes âgées, qui perdent souvent la notion du temps et dorment mal. A long terme, la désynchronisation favorise l’installation de troubles cliniques, dit Paul Pévet, dont des ulcères, l’obésité, des affections fin cœur et des vaisseaux. Mais il se peut que la mélatonine ait aussi des effets sur bien d’autres fonctions de l’organisme. On la soupçonne d’intervenir sur la mémoire, sur le système immunitaire qui nous protège naturellement contre les attaques de microbes. On suppose qu’elle agit aussi lors de troubles du système nerveux ou d’affections du cerveau, comme la maladie d’Alzheimer : sur des cultures de tissus, on a récemment observé, comme l’indique Benoft Malpaux, que l’injection de l’hormone empêche la formation des anomalies du tissu cérébral qui se produisent dans la maladie, et renforce la résistance des neurones à ces anomalies• Certes, il n’y a pas encore eu d’application à des patients, mais l’observation est encourageante, d’autant que l’on a enregistré chez des sujets atteints de la maladie d’Alzheimer des taux anormalement bas de mélatonine.
Il y a quelques années, entre 1995 et 1997, une véritable « folie », comme ont dit alors les biologistes occidentaux, a saisi les Américains, après la publication d’ouvrages et d’articles de magazines à grand tirage parlant de la mélatonine comme d’une drogue miracle, guérissant aussi bien du cancer, de la dépres- sion, du sida, capable de freiner le vieillissement et d’augmen- ter les performances sexuelles. Ce phénomène a été accéléré du fait que la mélatonine était en vente livre aux États-Unis – alors qu’elle n’est pas commercialisée en France, sauf pour usage vétérinaire, ni en vente libre en Europe. Paul Pévet, qui a analysé cette «folie mélatonine» précise très clairement que nos connaissances ne permettent pas de généraliser à l’homme les résultats acquis chez des animaux de laboratoire. Les milieux scientifiques et médicaux européens ont donc réagi à cette avalanche d’informations incontrôlées, mais avec peu de succès face aux affirmations porteuses de fausses espérances que les fabricants pharmaceutiques américains relayaient complaisamment .
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