L'importance des mythes : L'art des grottes raconte une mythologie
L’art des grottes raconte une mythologie
Les principaux rites ont des liens évidents avec le temps. Les rites de passage, d’initiation, ont toujours marqué la fin de la période de l’adolescence et l’entrée dans la vie des adultes. Ils ont toujours été associés à une façon de conceptualiser, de se représenter le temps. Dans beaucoup de sociétés anciennes les jeunes, lors de leur initiation, devaient passer une période souvent longue hors du village et du groupe, dans la forêt, la brousse ou la jungle – c’est-à-dire hors du temps de leurs proches. Parfois, ils devaient aller tuer un ennemi : il s’agissait de vérifier qu’ils avaient les compétences et le courage d’assumer leur rôle d’hommes. L’initiation des jeunes consistait aussi à leur apprendre des mythes, à les ouvrir vers une connaissance jusqu’alors secrète. Les rites de passage étaient souvent liés à une mort et une renaissance symboliques. Les voyages d’Ulysse sont une suite d’épreuves initiatiques, comme la descente d’Orphée aux enfers.
Les rites culturels ont toujours organisé la vie quotidienne et furent parfois basés sur des notions très pratiques : on dit que Moïse aurait institué en rite l’interdiction de manger du porc à cause du risque de trichnose, maladie due à un ver parasite qui se transmettait fréquemment par la viande porcine. L’éthologiste Konrad Lorenz, qui rapporte cela, fait remarquer que Moïse, soucieux d’efficacité, avait préféré faire appel au sens religieux et à la dévotion de ses adeptes, plutôt que de leur faire un cours de parasitologie. Les rites étaient aussi destinés, dans le lointain de l’histoire humaine, à agir sur la nature, pour assurer le retour cyclique de phénomènes naturels essentiels à la survie du groupe, comme la pluie dans les régions sèches, les crues apportant le limon nourricier, le printemps après l’hiver dans les zones tempérées.
Les rites se sont traduits aussi par les créations artistiques que l’on retrouve très anciennement dans toutes les sociétés. Masques, peintures, totems, gravures sur la pierre ou le bois, bijoux, parures faites de plumes d’oiseaux ou de coquillages, statues parfois monumentales, comme celles de l’île de Pâques, toutes ces manifestations esthétiques avaient un sens, lié à des ¦mythes. Elles étaient faites dans des lieux et à des dates bien déterminés et obéissaient à des règles précises qu’il n’était pas question de transgresser ou de modifier. Certains préhistoriens considèrent que les gravures et les peintures d’animaux que l’on trouve dans les grottes, un peu partout dans le monde, et qui datent, pour certaines, de – 30 000 ou – 40 000 ans, sont les traces de manifestations liées à des rites qui nous resteront à jamais inconnus, car nous n’avons aucune clé pour déchiffrer ces œuvres admirables Pour Jean Clottes, l’un des spécialistes incontestés de Fart des cavernes, les peintures qu’on y trouve seraient liées à des pratiques chamanistes et seraient la traduction de la possibilité qu’avaient certains membres du groupe auquel appartenaient ceux qui avaient tracé ces dessins, d’avoir des relations exceptionnelles avec l’au-delà. Les grottes auraient été des sortes de sanctuaires, des lieux de passage entre deux mondes parallèles, une manière aussi de fixer des mythes. L’art des grottes raconte probablement une mythologie.
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