L'organisation du cerveau : La différence sexuelle
La différence sexuelle
Il est classique d’accorder l’avantage à l’homme ; il serait fort, courageux, actif, créateur, intelligent… la femme serait douce, patiente, passive… Il serait supérieur ; de là les implications sociales sont allées jusqu’à établir le dogme du patriarcat. Les philosophes grec et parmi eux Aristote pensaient que les relations du mâle et de la femme étaient naturellement celles du supérieur à l’inférieur. Aux XVIIe et XVIIIe siècles encore, on a brodé sur le thème : l’homme est un cerveau, la femme une sensibilité, un sexe ! Au XIXe siècle, on déclarait qu’elles ne réussiraient jamais à aller plus loin que les notions superficielles quand il s’agissait de sciences, qui étaient institutions typiquement masculines ! On chercha alors à faire reposer la supériorité masculine sur des constatations anatomiques : le cerveau de l’homme était plus lourd, les lobes frontaux, sièges de l’intelligence, plus importants. La suprématie des mâles était de ce point de vue constatée dans beaucoup d’espèces animales, en particulier chez les Primates.
En fait, conclure à la supériorité intellectuelle de l’homme à partir du poids du cerveau est une erreur puisque, nous l’avons dit, dans le poids global du cerveau interviennent plus que les aires spécialisées dans les fonctions psychiques celles dont le poids dépend de l’étendue des surfaces sensibles et l’importance des masses musculaires.
On peut aussi remarquer que les femmes ont des lobes frontaux très souvent plus bombés que ceux des hommes… et que les lobes frontaux ne constituent pas le seul substratum des fonctions psychiques.
La controverse sur les différences cérébrales entre les sexes ne porte plus actuellement sur le niveau de l’intelligence. « Les femmes et les hommes pensent différemment », est le titre d’articles de la grande presse argumenté non seulement sur des particularités psychiques mais aussi sur des variations anatomiques concernant particulièrement l’hypothalamus. Ce dernier contrôle l’hypophyse qui est impliquée dans la sécrétion des hormones sexuelles. L’imprégnation hormonale précoce peut influencer la constitution des circuits du cerveau. On admet simplement que les garçons et les filles ne sont pas performants dans les mêmes domaines. Les dissemblances apparaissent très tôt et persistent toute la vie.
La latéralisation hémisphérique serait moins nette chez les femmes ; leur cerveau serait plus symétrique. J.A. Wada et coll. ont constaté que l’asymétrie du planum temporal (aire du langage plus développée sur l’hémisphère gauche dans 80 % des cas) est moins marquée chez la femme. Les tests de capacité fonctionnelle de chacun des hémisphères par des stimuli visuels, verbaux ou non, vont dans le sens d’une plus grande bilatéralisation des fonctions chez la femme.La différence des fonctions hémisphériques de l’homme et de la femme est loin d’être admise de tous. D.P. Waber fait intervenir le degré de maturation physique plus que les différences liées au sexe. Une meilleure latéralisation correspondrait à une maturité plus lente ; or la vitesse de maturation est généralement plus rapide chez les filles.
À Tencontre de la moindre latéralisation du cerveau féminin a été formulée Thypothèse selon laquelle la pensée féminine prendrait surtout appui sur l’hémisphère gauche, tandis que ce serait l’inverse pour l’homme . L’histoire de l’humanité expliquerait cette prédisposition. Pendant des millénaires, les hommes se sont davantage servis de leur hémisphère cérébral droit, qui préside à l’évaluation précise de l’espace, à l’habileté manuelle, à la connaissance des techniques qui interviennent dans la chasse et le combat. Ils partaient à la recherche des proies alimentaires ; plus leur perception était fine, plus ils avaient de chance de les découvrir ; plus ils avaient le sens de l’orientation, mieux ils savait apprécier les distances pour attaquer ou fuir et plus grandes étaient leurs chances de survie. De telles qualités se seraient aiguisées de générations en générations. Les femmes auraient au contraire fait surtout travailler leur hémisphère gauche. Vivant avec les enfants dans un lieu protégé et restreint, où l’appréciation de l’espace ne jouait aucun rôle, elles auraient développé les aptitudes de communication, c’est-à-dire la fonction verbale. Nos lointains ancêtres auraient donc ainsi modelé une forme psychologique « mâle » et une forme psychologique « femelle ». La « civilisation », l’organisation sociale se seraient adaptées à cette différence héréditaire ?
Des milliers de personnes de tous âges, de toutes ethnies, de toutes provenances socio-professionnelles ont été testées. Les performances sont sensiblement égales dans les deux sexes mais, dans certains cas, le moyen d’aboutir au résultat diffère significativement d’un sexe à l’autre. Il est deux grandes classes d’opérations mentales pour lesquelles la mécanique psychique manifeste une nette sexualité : dans les exercices utilisant la perception visuelle ou auditive de l’espace, l’habileté, les garçons et les hommes l’emportent. Les performances reposant sur les aptitudes verbales et linguistiques permettent au sexe féminin de prendre sa revanche. Les petites filles parlent plus tôt que les garçons. Les anomalies du langage : bégaiement, dyslexie, sont plus fréquentes chez les garçons. Les petites filles réagissent mieux au son des mots qu’à la vue des mots écrits ; l’inverse est vrai pour les jeunes garçons. Les méthodes d’enseignement pourraient s’en inspirer. Ce sont là, bien entendu, des données statistiques, c’est-à-dire concernant le plus grand nombre ; elles supposent l’existence de cas individuels : une femme peut être championne de tir et un garçon premier en rédaction.
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