Mites
La diversité des macrolépidoptères se rapporte tant à leur morphologie qu’à leurs mœurs. Les papillons les plus archaïques connus, les microptérygidés, n’ont pas de trompe, mais des mandibules dentées fonctionnelles qui leur servent à broyer le pollen des fleurs. Ces étonnants papillons ont conservé les caractères de leurs lointains ancêtres (sans doute apparus avant la venue des plantes à fleurs). Les ériocraniidés ont gardé des mandibules, toutefois atrophiées, et possèdent une trompe, certes réduite, mais fonctionnelle.
Des «rongeurs» de racines
Les nepticulidés, les plus petits des lépidoptères, sont des êtres minuscules (quelques millimètres), dont les chenilles, qui se développent à l’intérieur du parenchyme des feuilles, sont dites «mineuses».
Également très primitifs, mais de grande taille, les hépiales (hépialidés) sont de robustes papillons nocturnes au thorax très allongé, qui portent quatre ailes presque semblables. Ces papillons donnent des chenilles très archaïques qui se développent dans les racines des plantes, souvent en plusieurs années. Contrairement à d’autres groupes de lépidoptères, les hépiales ont des chrysalides très mobiles. Si certains d’entre eux possèdent des ailes ternes, des espèces très robustes sont fort joliment colorées, notamment en Nouvelle-Calédonie. On connaît un hépiale, Zelotypia s’tacyi, en Australie, dont la femelle atteint 23 centimètres.
Les incurvariidés, prodoxidés et adélidés constituent un ensemble de familles apparentées aux remarquables couleurs métalliques. Les mâles d’adélides présentent des antennes atteignant jusqu’à trois fois la longueur des ailes antérieures.
Les énormes cossidés forment une famille de lépidoptères à trompe atrophiée, dont les chenilles creusent des galeries dans les troncs et les branches, voire les racines, des arbres. La nature de leur nourriture, très pauvre, ne leur permet pas de parvenir à maturité avant plusieurs années.
Les mites au logis
Les quelque 2 500 tinéidés répartis dans le monde comptent parmi les microlépi-doptères les mieux étudiés (du moins pour les espèces européennes). Ces petits papillons, dont certaines espèces vivent dans les habitations à la recherche de matières d’origine végétale ou animale, sont en effet mieux connus sous le vocable de mites. Les «vraies mites» s’attaquent aux vieilles fourrures, de préférence tachées, où leurs larves se développent à l’intérieur d’un fourreau de soie: Naguère encore très craints par les ménagères, ces petits habitants des maisons se sont considérablement raréfiés grâce à l’amélioration de l’hygiène et à l’emploi d’insecticides.
Si quelques mites sont commensales de l’homme et occasionnent des dégâts aux denrées alimentaires entreposées, un grand nombre se développent dans la nature, sur divers déchets ou substances d’origine organique : champignons, graines, plumes, bois, excréments.
Quelques tinéidés sont myrmécophiles, dont les Myrmecozela paléarctiques ; d’au¬tres se développent dans les termitières; quelques-uns enfin vivent dans les nids de rongeurs ou d’oiseaux. La plupart confectionnent un fourreau à l’état de larve. Enfin, on connaît des espèces qui se développent entièrement à l’intérieur des grottes, en régions tropicales, et consomment les déjections de chauves-souris.