Mythes et rites modernes
Mythes et rites modernes
Dans nos populations dites civilisées, les mythes et leurs manifestations n’ont pas disparu. Nos sociétés ont créé passagèrement, et à toutes les époques, ce que les sociologues, peut-être un peu vite, appellent des mythes. Il y eut celui du romantisme, celui du progrès, celui de la science. Et encore ceux de personnages de romans, comme le Quasimodo de Victor Hugo, le don Quichotte de Cervantès, Robinson Crusoe, don Juan, Faust ou Gulliver. Ou de théâtre, comme Médée, Hamlet, Roméo et Juliette, ou Cyrano. Des héros de guerre aussi, comme Guynemer ou Jean Moulin. Le cinéma a toujours sécrété des films et des acteurs mythiques, comme Greta Garbo ou James Dean, et les écrivains des livres, comme Le Désert des Tartares ou Moby Dick d’Herman Melville. Qui n’a fredonné des chansons dites mythiques ? qu’on se souvienne de Lily Marlène, chantée à la fois par les Allemands et par les Américains, lors de la dernière guerre, ou des Feuilles mortes. On évoque aussi le mythe de héros de bandes dessinées, comme Tintin ou Lucky Luke. Certains voient des mythes dans la vénération pour certaines formes d’art, ou de musique, voire de techniques, comme l’automobile, les téléphones mobiles ou l’informatique.
On peut aussi considérer comme mythes modernes les croyances comprenant une part d’irrationnel, comme celles de nombre de religions, de sectes, ou de mouvements politiques. Certains n’ont pas hésité à considérer que le marxisme ou l’hitlérisme avaient une part mythique. On pourrait dire la même chose de l’intégrisme musulman. De grands personnages politiques, comme de Gaulle ou Mao ont indéniablement un aspect mythique. La vogue d’un certain ésotérisme, d’une croyance et d’une confiance dans une pensée magique liée à ces mythes modernes, est évident chez beaucoup de jeunes et se traduit dans des rassemblements, des concerts. Il suffit d’évoquer Elvis Prestley, Johny Hallyday ou les Beatles.
Mais on a tendance à appeler mythe une mode du moment, qui s’éloigne considérablement des caractères des mythes traditionnels. C’est ainsi qu’un hebdomadaire à grand tirage a publié en 2004 un numéro spécial consacré à ces mythes modernes, dans lequel même des philosophes ayant pignon sur université ont laissé entendre qu il existe une mythologie contemporaine, comme il en a existé et qu’il en existera a toutes les époques. Une mythologie qui repiend les réflexions du philosophe Roland Barthes et doit être saisie comme un instrument destiné à délivrer l’homme de son angoisse existentielle de la rendre au moins supportable. Si le mythe est une parole, qui s’inscrit entre la langue et la culture, alors tout peut être mythe dans ce qui est répété à satiété par la presse, repris par des foules, tout ce qui donne lieu à une croyance, dont l’une des caractéristiques est de nous aider à nous éloigner de la monotone et insipide réalité objective. Pour Barthes, il était intéressant d’étudier de façon critique des mythes de l’époque, ce qui était pour lui une manière sarcastique de se moquer de l’idéologie bourgeoise. Ces mythes, tels qu ils étaient véhiculés par les médias, dans une prolifération de signes qu’il déplorait – mais que dirait-il actuellement ! – étaient aussi bien l’abbé Pierre ou le steak-frites. Pourquoi ne pas faire de meme, aujourd’hui, comme le propose cet hebdomadaire, avec l’équipe de France de football, la télé-réalité, le préservatif ou l’effet de serre ? L’aide humanitaire ou l’ordinateur portable ? Pourquoi pas, en effet ? Mais, encore une fois, on est loin, ici, de la notion du mythe lequel, nous l’avons vu, répond à de profondes interrogations, et est essentiel pour assurer 1 équilibre psychique de ceux qui croient en lui comme en une vente indiscutable – et qui, loin d’être un effet de mode, reste valable dans le temps car né hors de ce temps il lui échappe et ordonne à jamais le monde.
Vidéo: Mythes et rites modernes
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