Mythes et rites modernes : Les contes rajeunissent parfois
Les contes rajeunissent
Les contes populaires les plus célèbres, comme ceux de Charles Perrault, qui s’intitulent d’ailleurs Histoires ou contes du temps passé, des frères Grimm ou d’Andersen, sont des reconstitutions littéraires, et souvent « aristocratisés », de thèmes paysans que les conteurs disaient aux veillées, et qu’ils enjolivaient probablement déjà, à mesure qu’ils les racontaient. Ces contes étaient faits pour des adultes, mais les enfants assistaient aux veillées et ils se sont peu à peu appropriés ces contes. Il n’ya pas beaucoup plus d’un siècle que l’on recueille ainsi les contes populaires, qui avaient eu leur heure de gloire et de création au Moyen Âge avec les chansons de geste, et qui commençaient à se décomposer lentement. Les contes, comme les légendes, évoluent avec le temps. Ils rajeunissent parfois, s’adaptant à l’époque. Ainsi que le rappellent Henri Hubert et Marcel Mauss, le roi Arthur a pris la suite de quelque dieu celte, Barberousse a remplacé d’autres personnages imaginaires, mais de la même veine. En puisant ainsi dans une réalité plus proche, le conte prend de la consistance, devient davantage plausible, il accroît la croyance que l’on a en lui. Le conte peut avoir des apparences très variées : La Flûte enchantée de Mozart est un conte en forme d’opéra-bouffe.
Les contes et les légendes sont toujours l’expression du passé d’un groupe, ils traduisent sa sensibilité, racontent parfois, sous une forme symbolique, des fragments de son histoire. Ils font partie de la mémoire anonyme et symbolique d’une commu- nauté. Ils jouent sur diverses modalités du temps, dit l’ethnologue Bernadette Bricout. Le temps mythique, le plus lointain, celui des origines, radicalement coupé du nôtre, mais particulièrement évocateur – « c’était du temps où les bêtes parlaient » ; le passé indéfini des récits merveilleux ; le temps historique qui laisse dans l’ombre des siècles entiers, mais isole et perpétue des faits saillants ; le temps familial, qui inscrit le récit dans une généalogie parfois fantaisiste et fictive, mais qui lui donne de la crédibilité
On voit souvent dans les contes de fées – qui sont très souvent une survivance d’anciens mythes pai’ens, très importants socialement car intimement liés à l’ordre du groupe – que les esprits repassent périodiquement aux mêmes endroits. C’est alors que se dénouent les charmes, que les princesses sont désensorcelées, à une heure magique qui sonne d’intervalle en intervalle, sans nécessairement de régularité. Les faits mer- veilleux se renouvellent à des périodes bien précises, mais qui n’ont rien à voir avec le temps noi’mal… « Il était une fois… », «En ce temps-là… » : c’est ainsi que commencent bien des contes. Cela montre clairement que l’on entre avec eux dans un monde imaginaire, hors du temps.
Vidéo: Mythes et rites modernes : Les contes rajeunissent parfois
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur: Mythes et rites modernes : Les contes rajeunissent parfois