Pélobates et pipoïdes
Les pipidés, qui composent la principale famille des pipoïdes, se rencontrent en Afrique, au sud du Sahara et en Amérique du Sud. Ils sont répartis en moins de 30 espèces, hautement aquatiques, intéressantes par leur morphologie singulière comme par leurs mœurs nuptiales. La langue est absente, et la paupière immobile. Comme les autres représentants africains de la famille, le dactylèthre (Xenopus laeuis) a les trois orteils internes pourvus de griffes et une palmure étendue.
Au moment de la reproduction, le mâle enserre brusquement par la taille sa compagne, presque deux fois plus grande que lui, ce qui déclenche la ponte. La femelle agrippe de ses pattes postérieures la tige d’une plante aquatique et expulse un à un ses ovules, les dirigeant précisément dans un sillon ventral du mâle, aboutissant au cloaque. La ponte est alors fécondée, puis les œufs sont fixés à la plante.
La singulière reproduction des pipas
L’unique genre américain, qui comprend cinq espèces, fréquente surtout les rivières, du Panama au Brésil. L’aspect des pipas est étrange, mais leur mode de reproduction est autrement surprenant. Si l’on sait depuis longtemps que la femelle transporte ses embryons sur le dos, dans des alvéoles de la peau qui rappellent celles d’un rayon de ruche, ce n’est que récemment que l’on a pu observer le déroulement complexe de la fécondation. Le mâle enserre la femelle par un amplexus inguinal, permettant à la partie dorsale du cloaque de celle-ci de se presser contre son ventre. Le couple monte à la surface de l’eau puis se retourne ventre en l’air : la femelle expulse alors quelques ovules, qui tombent dans des replis de peau de l’abdomen du mâle. Les deux batraciens se renversent à nouveau pour retourner au fond : c’est à ce moment que s’effectue apparemment la fécondation, et les œufs, grâce au changement d’orientation des géniteurs, gagnent le dos de la femelle où, en quelque sorte, ils vont s’enfoncer peu à peu. A chaque révolution, de 3 à 10 œufs sont déposés, et le couple peut effectuer de 15 à 18 de ces cycles.
Chacune des capsules du dos de la femelle pipa laisse, par une sorte de hublot semi-transparent, deviner l’embryon. L’ouverture de ces capsules se fait à l’occasion d’une mue. Selon les espèces, on voit apparaître des têtards ou des petits tout à fait formés. Ainsi, chez Pipa pipa, 75 jours environ après l’accouplement, de minuscules grenouilles sortent la tête ou un membre du dos de leur mère, et sont même capables de saisir une proie éventuelle. Elles peuvent néanmoins rester deux mois de plus dans le refuge maternel.