Prosimiens
Les actuels lémuriens sont comparables par la taille à un petit écureuil ou au chat, avec des variations intermédiaires. Tous possèdent une longue queue touffue (sauf l’indri) et des membres postérieurs plus développés que les antérieurs, ce qui témoigne d’une aptitude au saut : les formes actuelles sont toutes arboricoles. Le régime alimentaire de base est végétarien et comprend des fruits, des feuilles, des rameaux ou des bourgeons en proportions variables selon les espèces. Certaines y ajoutent des insectes en quantité appréciable, tel l’aye-aye. Les loris ont des habitudes alimentaires comparables.
Les lémuriens aux mœurs diurnes ont une vie de groupe, les lémuriens nocturnes et les lorisidés sont,plutôt solitaires ou vivent en petits groupés familiaux. Parmi les plus grégaires, le maki catta vit en groupes pouvant comprendre une trentaine d’individus, sur des territoires de plusieurs hectares défendus contre des groupes voisins. Il existe chez eux une hiérarchie parmi les mâles et les femelles, dominantes et plus sédentaires. Le maki varié (Varecia variegata) a un comportement rarement observé chez les primates : la femelle, qui met bas presque toujours des jumeaux, les élève dans un nid.
Une évolution en vase clos
Les lémuriens sont arrivés à Madagascar il y a environ 50 millions d’années. L’île était déjà séparée de l’Afrique et l’on explique leur arrivée par la théorie des radeaux. Ne rencontrant pas de concurrents sur place, ils se sont diversifiés, occupant de nombreuses niches écologiques avec plus de quarante espèces, dont une vingtaine – toutes menacées – subsistent encore aujourd’hui. Parmi les formes disparues, on compte des formes géantes, de la taille d’un chimpanzé, dont l’élimination est probablement le résultat de l’arrivée des premiers hommes. Les documents fossiles permettent de reconstitùer en partie leur radiation, qui, par convergence, a donné des formes proches par le mode de vie, le comportement et même l’anatomie (l’archéoindris et le paléopropithèque pratiquaient la brachiation) de celles que les simiens développaient parallèlement en d’autres lieux.
De nos jours, seules persistent des formes nocturnes, discrètes et spécialisées comme l’aye-aye et le microcèbe, ou opportunistes comme les makis. Contrairement à leurs cousins les lémuriens, les lo¬ris ont dû affronter sur le continent une concurrence importante, celle des simiens notamment, apparus après la migration des ancêtres communs des loris et des lémuriens vers Madagascar. On suppose que l’adaptation des loris à un mode de vie nocturne leur a permis d’atténuer les effets de cette concurrence.
L’aye-aye
L’aye-aye, le plus spécialisé des primates, ne vit que dans les forêts côtières du nord de Madagascar. Son anatomie montre plusieurs adaptations en rapport avec ses mœurs nocturnes et son régime alimentai¬re à dominante insectivore : son pelage est brun foncé tiqueté de blanc, ses yeux sont de grande taille ; ses grandes oreilles nues, semblables à celles des chauves-souris, lui permettent de détecter le bruit des larves d’insectes; ses doigts minces, pourvus de griffes, longs, surtout le majeur, et ses grandes incisives à croissance continue sont utilisés pour creuser ou arracher l’écorce des arbres et extraire les larves.