Qu'est-ce que le pétrole ?
Le pétrole (du latin petra, « pierre », et oleum, « huile ») est une huile minérale. Cette ressource joue un rôle économique et politique considérable depuis la fin du xixe siècle, car c’est en grande partie grâce à cette matière première que s’est effectuée la seconde révolution industrielle.
D’où vient le pétrole ?
La transformation de la matière organique
Les origines de la formation du liquide que l’on appelle « pétrole brut » sont encore méconnues, bien que l’on estime qu’il provient de matières organiques animales et végétales, notamment des débris d’algues et d’autres résidus de la faune marine. Il se serait formé il y a plusieurs dizaines de millions d’années, en particulier au cours de deux périodes de réchauffement planétaire, il y a 90 et 140 millions d’années.
Lors de ces périodes chaudes, au cours desquelles la biomasse marine, animale et végétale mourut et se décomposa rapidement, les débris organiques se seraient accumulés dans des bassins de sédimentation marine ou lagunaire et se seraient mélangés aux dépôts sédimentaires charriés par les fleuves et les rivières. Pendant plusieurs ères géologiques successives, cette matière organique s’est transformée en sédiments sous-marins, qui se sont additionnés puis enfoncés sous leur poids et en fonction des mouvements de la croûte terrestre, de 2 300 à 4 600 mètres de profondeur. Sous l’effet des températures souterraines et des fortes pressions environnantes, dans un espace pauvre en oxygène et riche en bactéries, les sédiments se sont peu à peu décomposés.
La formation du kérogène a commencé avec celle de la roche-mère formée de boues de sédimentation qui se sont solidifié en roches poreuses, tandis que les matières organiques se sont transformé en eau et en un composé solide appelé kérogène (qui signifie en grec « je nais de la pierre »).
Puis l’ensemble des matières organiques, devenu le kérogène, s’est transformé en gaz et en un amoncellement de liquide visqueux qui deviendra le pétrole.
Le passage à l’état d’hydrocarbures
Sous l’effet de la température élevée du sous-sol et des conditions de pression, le a gène est donc passé de l’état solide à l’état d’hydrocarbures liquides ou gazeux.
En effet, en fonction de la profondeur, et donc de la température (celle-ci augmet en moyenne de 3°C par 100 mètres), la matière organique se sépare en molécules Ml légères, donnant des hydrocarbures liquides ou gazeux. Ainsi, le pétrole se forme dans la roche-mère à des profondeurs moyennes compaa entre 2 500 et 3 800 mètres de profondeur tandis que le gaz naît entre 3 SO#(l 5 000 mètres de profondeur.
La composante organique du kérogène est aussi responsable de ce type de transfam»tion car un kérogène riche en matières animales donne plutôt des hydrocarbures liquides, alors qu’un kérogène riche en matières végétales donne peu de liquides et plutôt du gaz. Le kérogène peut aussi se transformer en charbon, lorsqu’il est formé à partir de Cz débris de végétaux dits « supérieurs » (arbres, fougères…) et lorsque le krogène se trouve dominant dans le sédiment et non minoritaire, comme dans le cas hydrocarbures. De nombreuses couches de charbon situées en Europe de l’Ouest dateraient Carbonifère, un système géologique datant de 355 à 295 millions d’années.
Les gisements
Le pétrole exploité se trouve rarement à l’endroit où il a été formé (si c’est le cas, le ment est dit primaire, si le pétrole s’est déplacé, le gisement est dit secondaire).
Le pétrole se déplace dans le sous-sol sous l’action de la pression, du poids des ments ou du mouvement des plaques tectoniques. Etant plus léger que l’eau pré dans le sous-sol, sa faible densité l’entraîne vers le haut, par des voies diverses, majeure partie se niche dans des couches intermédiaires, dans des roches « rése- où le pétrole se trouve piégé et se concentre. On trouve également le pétrole à rr» profondeur. Sous la pression souterraine, il peut remonter à la surface si rien ne le et former des nappes visibles par l’homme. Les hydrocarbures se dispersent alors forme de gaz et s’oxydent sous la forme d’un liquide qui donne des résidus q des, les bitumes.
Ainsi, le pétrole est connu depuis l’Antiquité sans que les hommes aient été le cher dans le sous-sol : sa forme bitumineuse servit autrefois en Mésopotamie :> calfatage des bateaux ou pour cimenter les briques des célèbres jardins suspent Babylone.
Le pétrole capturé dans des roches intermédiaires, à des profondeurs variables, correspond à ce qu’on appelle aujourd’hui un gisement (d’hydrocarbures). La quantité de pétrole s’accumulant dans le « réservoir » dépend de la porosité et de la perméabilité de celui-ci. Il doit être suffisamment poreux pour que les hydrocarbures s’y imprègnent mais surmonté d’une couche imperméable et fermée qui conserve le pétrole. Au sommet du gisement se trouvent des gaz, tandis qu’à la base se trouve de l’eau, eux aussi échappés de la roche-mère et situés ainsi en raison de leurs densités respectives. Contrairement à ce que laisse penser l’expression « nappe de pétrole », le pétrole ne repose pas au fond de cavités souterraines, mais dans des roches poreuses (sable, grès, calcaire…) comparables à des masses spongieuses.
Les différentes formes de pétrole
Le pétrole, qui est un mélange d’hydrocarbures, diffère selon les gisements, en fonction du terrain et de la variété de la matière organique.
Son aspect physique (fluide ou visqueux, vert ou noir) et sa composition chimique varient. Les différents types de pétrole font partie de ce qu’on appelle les bruts, qui servent de référence pour établir le prix du pétrole en fonction de sa provenance. Les principaux bruts sont le WTI (l/l/est Texas Intermediate), le brut de référence américain ; le Brent, le brut de référence européen ; I’Arabian Light, le brut de référence moyen-oriental.
On distingue les différents pétroles selon leur teneur en soufre (lourd, moyen ou léger), eur nature chimique (paraffinique, naphténique ou aromatique), leurs courbes de distillation, leur viscosité et leur densité.
En fonction de sa densité, le brut peut être léger, moyen ou lourd (selon les critères de American Petroleum Institute, la densité est exprimée en degrés API), ce qui induit des conséquences sur son utilisation : ainsi, le brut lourd fournit plus de fioul, le brut léger plus d’essence.
Le brut lourd (densité inférieure à 25° API) se trouve surtout en Amérique latine, le brut moyen (densité comprise entre 25° et 35° API) au Moyen-Orient et le brut léger (densité supérieure à 35° API) au Moyen-Orient, en Afrique, en Amérique du Nord et en Europe.
Le raffinage
Le pétrole ne peut être utilisé avant d’avoir été raffiné, c’est-à-dire transformé grâce à une série d’opérations. On commence par faire subir au pétrole brut une opération de dessalage, puis une séparation par distillation de façon à dissocier les gaz, les distillats (liquides) légers et moyens (dits « produits blancs »), et les résidus lourds (dits « produits noirs »). A partir des gaz, une phase de conversion permettra d’obtenir des gaz liquéfiés (propane ou butane), utilisables comme carburant pour les automobiles ou pour le chauffage domestique.
Avec les produits blancs, la phase de conversion, selon différents degrés de température, permet aux distillais légers de donner des solvants ou de l’essence (qui pourra être utilisée après une nouvelle épuration), et aux distillats moyens de donner du gazole, du fioul domestique et du carburéacteur pour les avions.
Quant aux produits noirs, qui correspondent à la fraction non distillée, ils deviennent des fiouls lourds utilisables dans les centrales thermiques. On peut également, par une distillation sous vide, différente de celle utilisée pour les produits blancs et le gaz, réaliser des matières premières utilisées pour la fabrication d’huiles, de lubrifiants, de paraffines, de cires ou de bitumes.
Tous les produits obtenus doivent ensuite subir une nouvelle épuration avant d’être commercialisés pour éliminer les impuretés restantes.Compte tenu des besoins croissants en essence, les procédés de conversion des produits blancs ont techniquement évolué. Des opérations réalisant des transformations moléculaires (le « craquage » thermique ou catalytique) permettent d’augmenter la production d’essence.
A quoi sert le pétrole ?
Le pétrole est massivement utilisé à travers tous les aspects de la vie courante. Il est devenu indispensable à nos déplacements puisque c’est le principal carburant (sous forme d’essence, de gazole ou de kérosène) utilisé pour les automobiles, les bateaux et les avions. Actuellement, les transports, en constante augmentation, représentent plus de la moitié de la consommation de pétrole dans les pays industrialisés.
Ensuite, il sert au fonctionnement des industries, notamment par la production d’électricité et par la pétrochimie (pour fabriquer des plastiques, des solvants, des fibres synthétiques, des caoutchoucs, etc.). On utilise le pétrole sous forme de bitume, pour les revêtements routiers par exemple, ou sous forme de lubrifiants, comme les huiles de moteur. On retrouve aussi le pétrole sous la forme de matières plastiques, dans la fabrication de vêtements, comme les baskets, dans celle des cosmétiques, comme les rouges à lèvres, dans la fabrication de CD ou de DVD… et même dans le chewing-gum. pétrole est aussi nécessaire pour le chauffage des bâtiments, où il a peu à peu pris a place du charbon. Il est aussi utilisé dans le secteur agricole, soit comme carburant diesel surtout) pour les tracteurs, moissonneuses-batteuses, machines d’irrigation et de pompage, soit comme produit chimique pour les engrais ou les pesticides. Le pétrole est donc un produit apparemment indispensable pour continuer à satisfaire e mode de vie des sociétés des pays industrialisés.
Le prix du pétrole
Le pétrole se situe sur un marché entièrement libéralisé. Son prix est par conséquent fixé, à chaque instant, en fonction du jeu de l’offre et de la demande. Le commerce international du pétrole brut est fixé de deux façons : soit à court terme, soit à terme. Le marché à court terme, dit « marché spot », traite des transactions inférieures le plus souvent à un mois, souvent effectuées au jour le jour et dont le prix est fixé instantanément. Il concerne surtout les opérateurs pétroliers qui s’échangent leur cargaison selon îeurs besoins et leurs activités, qu’il s’agisse de produits bruts ou raffinés. Les prix spot des principaux bruts (Brent WTI) servent d’indicateur pour l’évolution du prix du brut et de références pour certaines clauses d’indexation.
Le marché à terme est centralisé sur deux principaux marchés financiers : l’IPE (Interna-tional Petroleum Exchange), situé à Londres, et le NYMEX (New York Mercantile Exchange) situé, comme son nom l’indique, à New York. Ces deux marchés sur lesquels s’échangent des contrats normalisés de brut ou de produits pétroliers fonctionnent comme une bourse : des transactions à long terme (d’une durée de plusieurs mois) sont réalisées par des compagnies pétrolières et par des spéculateurs tels que des banques. Ils permettent aux opérateurs de se protéger ou de profiter des variations des prix en utilisant les possibilités de couverture, d’arbitrage et de spéculation. A Singapour existe aussi te SIMEX (Singapour Mercantile Exchange). Outre ces marchés à terme se sont développées des bourses électroniques, dont l’intercontinental Exchange (ICE), créée en 2000 et financée par des compagnies pétrolières et des institutions financières internationales. L’ICE connaît un succès croissant : en 2001, l’ICE a racheté l’IPE de Londres, ce qui lui permet de bénéficier à la fois de ses instruments quant à la gestion des risques et des avantages du portail électronique. Les fortes variations des cours du pétrole, qu’on qualifie alors de volatils, sont dues surtout à la spéculation, des acteurs du marché effectuant leurs transactions financières en jouant sur leurs anticipations à court terme, fondées sur l’évolution de l’offre et de la demande. Souvent, les cours surréagissent à cette évolution, dans un sens ou dans l’autre.
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