Qu'est-ce qu'un puits artésien ?
Les puits artésiens
Les puits artésiens (les premiers en France ont été forés en Artois) sont des puits desquels l’eau jaillit spontanément lorsque l’on perce le toit d’une nappe captive, c’est-à-dire d’une réserve d’eau prise en sandwich entre deux couches géologiques imperméables, de l’argile par exemple. Lorsque la partie la plus haute de la nappe souterraine, qui définit le niveau piézométrique, se situe à une altitude supérieure à celle où l’on creuse le puits, la pression est suffisante pour faire jaillir l’eau selon le principe des vases communicants, sans qu’il soit nécessaire de la pomper.
La nappe artésienne des sables verts albiens, qui se trouve à plus de 600 mètres de profondeur sous Paris, est l’une des plus connues. Sa durée de renouvellement est de vingt mille ans. Elle affleure à une altitude de 130 mètres, à 200 km de la capitale, en Champagne.
L’altitude au niveau de la Seine étant de 25 mètres, la pression correspondante est de plus de dix bars. Le puits le plus ancien, celui de Grenelle, fut foré dans cette nappe entre 1833 et 1841, sur les conseils éclairés de l’astronome François Arago et sous le contrôle de l’entrepreneur Mulot. Le 26 février 1841 à 2 h 35, l’eau jaillit à plus de 40 mètres au-dessus du sol, transformant la rue avoisinante en rivière.
La charpente provisoire, établie dans le but de soutenir le tube ascensionnel, allait bientôt être remplacée par une tour en fonte pourvue d’un escalier en hélice. Jusqu’à sa démolition, en 1903, la tour du puits de Grenelle devait rester un des monuments les plus admirés de Paris. Sur son socle, au milieu de la place de Breteuil, s’élève à présent une statue de Pasteur.
Parmi les fontaines artésiennes encore en service dans la capitale, la fontaine du square Lamartine, initialement destinée à alimenter les lacs du bois de Boulogne. Les travaux de forage commencèrent en 1855, à l’initiative du préfet Haussmann, mais ne s’achevèrent que six ans plus tard, après de multiples avatars. Et, par la suite, des périodes de sécheresse et une consommation excessive devaient entraîner une baisse du niveau piézométrique, se traduisant par une chute de la
Pression et du débit. Rénové en 1994, le puits assure le plan de secours en eau de l’alimentation de la ville de Paris. La nappe de l’Albien revêt une importance stratégique considérable car elle est la seule à ne pas être contaminée en cas de pollution nucléaire (une exploitation partielle en avait toutefois été accordée à la société Château d’Eau, achetée par Danone en 2000, qui disposait de 21 000 m3 par an, commercialisés sous forme de bonbonnes placées dans les lieux collectifs, de manière à renouveler le stock de sécurité).
Les puits artésiens fournissent aussi de l’eau dans les déserts chauds. L’eau qui provient des précipitations est acheminée dans les nappes captives et peut remonter des centaines de kilomètres plus loin, lorsqu’il existe une faille, comme dans certaines oasis. À l’échelle mondiale, une des plus importantes nappes artésiennes est la nappe du Sahara septentrional, dont les 31 000 milliards de m3 (contre 425 milliards pour celle des sables verts) s’étalent sous l’Algérie, la Libye et la Tunisie.
Vidéo : Qu’est-ce qu’un puits artésien ?
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