Sarigues
Pendant 140 millions d’années, les vrais mammifères ont discrètement vécu à l’ombre des dinosaures : incapables de prendre le dessus sur les sauriens géants, confinés à un rôle écologique que l’on suppose confidentiel, ils n’ont affiné leur organisation que lentement; il y a 100 millions d’années environ, la lignée des mammifères vivipares s’est scindée : une lignée a donné les sarigues et les autres marsupiaux sur les continents du sud de la planète, alors que l’autre lignée donnait les mammifères placentaires sur les continents du nord.
Les opossums : des fossiles vivants
De nos jours, les marsupiaux américains ne sont plus représentés que par trois familles, que l’on considère à tort ou à raison comme les plus primitives. Deux d’entre elles ne comptent plus que des fossiles vivants : les microbiothéridés avec l’unique colocolo (Dromiciops australis) et les cénolestidés avec les discrètes musaraignes marsupiales sud- américaines (Caenolestes, etc.). Seuls les didelphidés (opossums et alliés) paraissent aujourd’hui prospères avec quelque soixante-quinze espèces. Les membres de cette famille ont tous le pied préhensile, la queue et les oreilles plus ou moins nues et cinquante robustes dents (dont 18 incisives). La plupart des sarigues sont arboricoles, ou savent grimper à l’occasion. La sarigue-souris (Marmosa formosa), l’une des plus petites avec ses 12 centimètres de long, consomme des insectes et des fruits. Le géant de la famille (jusqu’a 6 kilos) est le gros opossum de Virginie (Didelphis virginiana), un funambule accompli ; ce carnassier vorace n’hésite pas à faire les poubelles aux États-Unis, qu’il envahit d’ailleurs peu à peu. Le yapok, ou loutre marsupiale, (Chironectes minimus), est un très bon nageur qui se nourrit de crabes, de poissons et de grenouilles.
Face aux placentaires, les atouts des opossums sont l’économie (moins chauds que nous, ils consomment moins), le grimper qui les soustrait à de nombreux prédateurs, l’omnivorie et une prolificité relative. leur grande faiblesse,
Les dasyures : des marsupiaux éclectiques
Proches des didelphidés américains, les cinquante espèces de dasyuridés tiennent en Australie le rôle des carnivores placentaires des autres continents. Plus coureurs que grimpeurs, les oreilles souvent nues mais la queue toujours poilue, ces carnassiers à quatorze incisives sont peu spécialisés dans l’ensemble. Le plus gros de tous est le diable de Tasmanie (Sarcopbilus harrisii); ce carnassier trapu d’environ 7 kilos est comparable au glouton de Scandinavie, mais il se montre toutefois moins prédateur et plus charognard.
Les rats marsupiaux Antechinus spp. et les souris marsupiales Sminthopsis spp sont en fait d’actifs prédateurs. Le plus petit dasyuridé est le ningaui du désert (Ningaui timealeyi), qui ne pèse que quelques grammes, mais consomme quotidiennement son poids d’insectes, de scorpions et d’araignées. Les dasyures proprement dits, ou chats marsupiaux, Dasyurus spp., sont de jolis prédateurs tachetés de 1 à 2 kilos. Actuellement, une bonne dizaine d’espèces de dasyuridés sont menacées d’extinction, dont deux des trois chats marsupiaux. L’arrivée du chien dingo avec les Aborigènes il y a quelques milliers d’années, puis l’arrivée des Européens avec le chat domestique et le renard ont bouleversé sans appel les conditions d’existence des dasyures : face au renard, le chat marsupial doit céder la place…