Scolopendres
Les chilopodes se reconnaissent essentiellement à leur corps déprimé, le plus souvent roussâtre, à leurs antennes longues et à une paire de crochets venimeux, les forcipules, situés sous la tête et qui font suite aux organes buccaux. Les espèces peuvent être identifiées par des caractères portés par les deux sexes, contrairement aux diplopodes, dont la détermination est fondée sur les variations morphologiques des gonopodes, organes sexuels des mâles.
Une classification en quatre groupes
De très nombreuses classifications ont été proposées. Néanmoins, deux types se distinguent à partir du développement postembryonnaire : le type épimorphe, d’une part, comprenant les géophilomorphes, très longs et grêles avec plus de 25 paires de pattes, et les scolopendromorphes, dont le corps plus robuste porte de 21 à 23 paires de pattes ; le type anamorphe, d’autre part, observé chez les lithobiomorphes, avec 15 paires de pattes au maximum, et les scutigéromorphes dont les antennes sont, comme les pattes, extrêmement longues et fines. Les dernières pattes des scutigéromorphes sont composées de 500 à 600 petits articles.
Venimeux et carnivores
Ces prédateurs sont hygrophiles et lucifuges : ils se cachent dans la journée dans des endroits sombres et humides et chassent, la nuit, toutes sortes d’animaux en s’aidant de leurs forficules. Par exemple, la scutigère, qui se rencontre communément dans le midi de la France, est un remarquable chasseur de mouches et de moustiques. Elle les capture en vol à l’aide de ses longues pattes et possède un appareil oculaire très élaboré. La lithobie, espèce également fréquente sous nos climats, consomme des proies très variées (pucerons, acariens, perce-oreilles et chilopodes), et est occasionnellement nécrophage, se nourrissant alors d’animaux fraîchement morts, comportement que l’on retrouve chez d’autres espèces de chilopodes. Comme chez les diplopodes, certaines espèces s’alimentent aussi, essentiellement pendant l’hiver, à partir de matière végétale en décomposition. Les plus grands, les géophiles, s’attaquent parfois aux vers de terre.
Les réactions de défense des chilopodes sont la fuite ou l’injection de venin après morsure par les forcipules. La faune de France compte seulement deux espèces appartenant à la famille des scolopendridés : l’une d’elles se limite à la Corse, l’autre, répandue dans le Sud méditerranéen (Scolopendra cingulata), est réputée mortelle. En réalité, les risques sont surtout réels pour les autres arthropodes (les araignées peuvent mourir instantanément) ; quelques cas de mortalité humaine ont cependant été rapportés,- mais dus uniquement à des espèces exotiques. Le venin, qui varie d’une espèce à l’autre, contient en particulier une protéine pharmaco-logiquement active, accompagnée de substances comme l’histamine et l’acétylcholine. La morsure a un effet différent selon la période de l’année : la douleur est atténuée en hiver, très vive au printemps et en été.