Pourquoi a-t-on abandonné les canalisations en plomb ?
Pourquoi a-t-on abandonné les canalisations en plomb ?
Le saturnisme est l’intoxication par le plomb, métal largement employé dans l’industrie il y a encore peu de temps. Présent dans notre environnement, on en trouve dans les anciennes peintures et soudures, dans les cartouches de chasse (que les oiseaux avalent), dans les tuyauteries des vieilles habitations ainsi que dans les raccords reliant le réseau public aux habitations. Il peut alors se dissoudre dans l’eau.
Des historiens ont rendu le saturnisme responsable de la décadence de l’Empire romain. À l’époque gallo-romaine, la Bièvre, l’Orge et l’Yvette alimentaient en eau les habitations de Lutèce par des canalisations de terre cuite ou de plomb.
Malléable, résistant aux déformations et au gel, le plomb a été longtemps le matériau privilégié des canalisations d’eau du réseau de distribution publique. La période de déclin de l’Empire romain a également coïncidé avec un usage excessif de vaisselle et de coupes en terre cuite et argent.
Comme l’argent et le plomb étaient associés dans les mêmes gisements, les breuvages absorbés contenaient des quantités élevées de plomb. En confirmant une teneur atmosphérique en plomb minime avant l’ère industrielle, excepté durant une brève période correspondant à l’apogée de l’Empire romain, l’analyse des neiges polaires est venue étayer cette hypothèse.
Une partie du plomb ingéré avec l’eau traverse la muqueuse intestinale et passe dans le sang, pouvant, à fortes doses, induire dommages rénaux, troubles digestifs, anémie et lésions irréversibles du système nerveux. L’élimination salivaire du sulfure de plomb produit aussi un liseré bleuâtre sur le bord des gencives.
L’intoxication aiguë se manifeste généralement pour un taux sanguin supérieur à 400 microgrammes par litre. Les nourrissons, les enfants et les femmes enceints constituent la population la plus vulnérable. En 1974, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) recommandait de ne pas dépasser 50 microgrammes par litre, chiffre revu à la baisse à 25 microgrammes en 2003. Avec comme objectif dix microgrammes fin 2013, en vertu du principe de précaution maximale.
Si la Suède et le Danemark ont renoncé aux canalisations en plomb dès le XIXe siècle, le saturnisme sévissait encore chez nous à la fin du XXe siècle, lorsqu’une prise de conscience des pouvoirs publics amena à remplacer les canalisations en plomb par des conduites en acier, béton armé, fonte ou PVC. Depuis 1989, le plomb est interdit d’utilisation pour la distribution d’eau. Mais on le rencontre encore au niveau du raccordement des conduites, soudures et joints et dans les canalisations privatives, c’est-à-dire dans la partie du réseau interne aux immeubles (les réseaux de distribution publique s’arrêtent au compteur).
À Paris, 40 % des immeubles possédaient encore des canalisations au plomb à la fin du vingtième siècle. La recherche de plomb, en vue du remplacement des branchements anciens et de la réhabilitation des conduites d’ici 2013, constitue maintenant une obligation. Elle reste à la charge des propriétaires pour les canalisations intérieures aux habitations.
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