La nappe phréatique est-elle polluée ?
La nappe phréatique est-elle polluée ?
La gestion de l’eau est au centre des préoccupations de la loi sur l’eau, qui vient d’être votée et adoptée en 2006. Un important volet du programme porte sur la qualité de cette ressource naturelle.« L’eau n’est pas un bien marchand comme les autres, mais un patrimoine qu’il faut protéger, défendre et traiter comme tel. » Cette déclaration constitue un des principes de la directive cadre européenne du 23 octobre 2000, que la nouvelle loi a transposé en droit français.
La France doit se mettre en conformité avec l’Europe d’ici 2015 en atteignant « un bon état de toutes les eaux et des milieux aquatiques ». Or, selon des études menées par le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières), plus des trois quarts des rivières et plus de la moitié des nappes phréatiques sont polluées.
Les engrais chimiques et l’épandage des lisiers, déjections animales liquides engendrées par les élevages « hors-sol », véritables ateliers d’engraissement de porcs et volailles, créent un trop plein de nitrates dont profitent les algues vertes, qui détournent l’oxygène destiné à la faune aquatique. Dans le Loiret, par exemple, gardons, brochets et anguilles, tous bons indicateurs écologiques, ont déserté les eaux. Des insectes comme les trichoptères à fourreau, les plécoptères et les éphémères ont fait de même.
La cartographie des régions et des nappes phréatiques touchées est à peu près la même pour les nitrates et les pesticides. Les nitrates percolent jusqu’à la nappe phréatique, une partie de l’azote des fertilisants n’atteignant pas sa cible. Datant de 1980, le rapport Herriottire la sonnette d’alarme. En Bretagne et dans d’autres régions agricoles comme la Beauce, il n’est pas rare que l’eau du robinet dépasse le seuil sanitaire international de cinquante milligrammes par litre.
L’utilisation massive des pesticides, quant à elle, se traduit par un effet spiral, ruinant l’activité biologique des sols et détruisant des animaux utiles. Une fois les sols devenus stériles, il devient nécessaire d’accroître en permanence les doses de produits répandus. Et si les engrais chimiques de synthèse ne sont que partiellement absorbés par les plantes, la situation est bien pire pour les pesticides, la pauvreté bactériologique des sols interdisant leur biodégradation.
Une étude du BRGM montre que l’atrazine, l’herbicide choc du maïs et le désherbant total des bas-côtés des voies ferrées, pourtant prohibé en 2002, est encore très largement présent dans les sols. Pire, un de ses dérivés tout aussi toxique, le déséthylatrazine, atteint des concentrations deux à trois fois supérieures à celle du produit initial.
Le sujet est préoccupant et la vigilance reste de mise car l’évolution de certaines substances chimiques est encore imprévisible et, chaque mois, de nouvelles molécules voient le jour ! On dénombre en France plus de 400 molécules actives pour 4 000 préparations différentes. En 1985 déjà, le réseau mondial antipesticide Pesticide Action Network avait sélectionné douze « salopards » (the dirty dozen) : les biocides les plus polluants à retirer du marché ou à réglementer,
dont le DDT et le lindane. Coordonné par le BRGM, le programme européen Footprint regroupe les scientifiques de quinze pays et vise à élaborer des outils d’évaluation du risque de contamination par les produits phytosanitaires.
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