Chauves-souris : mégachiroptères
De grandes ailes membraneuses
Les ailes, immenses par rapport à la taille de l’animal chez les grandes espèces, ont un aspect coriacé : la peau, nue et grasse, richement vascularisée, est parcourue de fibres musculaires (qui servent à déformer la surface des ailes pendant le vol, et à froncer la membrane quand l’aile est au repos, pour éviter qu’elle ne fassèye) ; la membrane vivante de l’aile est soutenue par les os, extrêmement allongés, de la main et de l’avant-bras ; le pouce, long, est libre et garni d’une forte griffe ; les quatre autres doigts sont pris dans la membrane, l’index portant souvent une petite griffe, et le majeur constituant le bord d’attaque de l’aile. Les pieds sont constitués de cinq orteils munis de puissantes griffes recourbées destinées à l’accrochage; celui-ci se fait d’ailleurs sans effort, le poids de l’animal courbant automatiquement les doigts sur le support par un astucieux système de tendons. Chez la plupart des ptéropidés, la queue a disparu, ou est très petite.
Une histoire sans archives
Les premiers fossiles connus de chauves- souris datent du début ou du milieu du tertiaire : ces animaux anciens sont déjà des chauves-souris, avec tout juste quelques caractères primitifs en plus. Non seulement on ne sait rien des ancêtres non volants des chauves-souris, mais il semble que les mégachiroptères et les microchiroptères ne soient pas aussi étroitement apparentés qu’il semblait. Certains chercheurs pensent que les roussettes sont des parents des primates, et que leur parenté avec les chauves-souris insectivores est plus lointaine; la ressemblance entre les deux sortes de chauves-souris serait alors due à la convergence de l’adaptation au vol. Quoi qu’il en soit, les ancêtres des roussettes ont dû être de petits mammifères arboricoles, frugivores, grimpeurs, et planeurs grâce à une membrane qui n’a probablement servi d’abord qu’à glisser d’un arbre à l’autre. Le vol battu serait apparu peu à peu avec l’extension de la membrane palmaire.
Des noctambules butineuses et mangeuses de fruits
Les ptéropidés (la principale famille de l’ordre des mégachiroptères, avec 130 espèces) vivent dans des milieux chauds et relativement humides : Afrique non désertique, Yémen, Inde, Asie du Sud-Est, Nouvelle-Guinée et Australie humide, certaines îles des océans Indien et Pacifique. Ils n’ont pas pu coloniser les Amériques, ni s’adapter aux climats frais. De jour, les mégachiroptères se reposent, suspendus par les pieds à des supports très variés, solitaires ou en troupes plus ou moins nombreuses. Les lieux de repos peuvent être aussi exposés que la cime d’un arbre dénudé en plein soleil (pour les grandes roussettes du genre Pteropus, par exemple), ou aussi secrets que le fond d’une grande grotte (pour les petites roussettes du genre Rousettus) ; ce dernier genre est d’ailleurs le seul à posséder un -sonar» pour se diriger dans l’obscurité. La nuit venue, les roussettes de tout poil partent à la recherche des arbres en fleurs ou en fruits. Les frugivores repèrent les fruits à la vue et à l’odorat; les morceaux de fruits sont avalés entiers, ou bien la pulpe en est écrasée et seul le jus est dégluti; dans tous les cas, la nourriture est digérée très vite par un tube digestif adapté au traitement d’une nourriture déséquilibrée : énormément de glucides, très peu de protéines et de lipides. Un arbre fruitier peut être débarrassé de ses fruits en une nuit. Certaines espèces, comme les Nyctimene d’Insulinde, ont des narines tubuleuses, ce qui leur permet de consommer des fruits juteux (la tête en bas!) sans suffoquer. Les amateurs de fleurs mangent les pétales ou lèchent le pollen et le nectar. Les espèces butineuses apprécient particulièrement certaines fleurs qui ne s’ouvrent que de nuit : les corolles robustes sont parfois dans une telle position que seul un mégachiroptère au museau enfariné de pollen peut les féconder. Repues, les roussettes se suspendent, se drapent dans leurs ailes, et y enfouissent le museau et un pied, quand il fait frais ; s’il fait chaud, elles écartent leurs ailes ou s’éventent avec l’une d’elles.
Longévité versus reproduction
Comme toutes les créatures qui volent, les mégachiroptères ont peu d’ennemis et vivent longtemps (des dizaines d’années en captivité) ; ils ont donc une reproduction lente, avec un seul petit par an. Comme les primates, les ptéropidés ont un foetus qui croît lentement et naît très gros par rapport à la mère. Le bébé, fermement accroché par ses griffes à une partie quelconque du tronc maternel, est allaité par deux mamelles pectorales ; il peut s’accrocher solidement au téton grâce à ses incisives de lait, sans blesser sa mère. Pendant les premières semaines, la mère emmène son petit en vol, quitte à le poser pendant qu’elle mange s’il est trop lourd ou trop turbulent. Le petit en âge de voler s’élance en une seule fois, et suit sa mère pendant un certain temps, au cours duquel il apprend à trouver sa nourriture.
Vidéo : Chauves-souris : mégachiroptères
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