Cochenilles
Les quelque 10 000 espèces de cochenilles connues sont réparties dans 16 familles; leur taille s’échelonne de 0,5 a 35 millimètres. Ces homoptères sternorhynques à antennes longues et filiformes se caractérisent par leur vie strictement sédentaire, leur dimorphisme sexuel accentué, leur grande fécondité et leurs sécrétions protectrices. Tandis que les femelles, sédentaires sur leur plante hôte, ont vu leurs organes de locomotion régresser, les mâles, rares et fugaces, mais actifs, ont conservé l’aspect normal des homoptères.
Toute une vie sur la même plante
Chez les femelles de cochenilles, les trois parties du corps sont peu distinctes. Les pièces buccales, en revanche, sont très développées, avec des stylets souples et très longs. La coque protectrice qui les enveloppe peut prendre, chez certaines espèces, l’aspect d’un manteau farineux ou pelucheux ; d’autres portent plutôt un bouclier cireux, lamellaire, dur- ou soyeux. Ces revêtements sont souvent colorés, parfois semblables à du lichen chez certaines cochenilles africaines.
La présence de la cochenille peut occasionner des boursouflures ou des galles dans le tissu végétal lésé. De nombreuses espèces sont parasites d’une seule famille de végétaux (agrumes, etc.), mais certaines ne s’attaquent qu’à une plante, comme Cryptococcus fagi (hêtre). Le pou de San José (Quadraspidio- tusperniciosus), pour sa part, s’attaque aux arbres fruitiers. Les fourmis sont friandes du miellat sécrété par les cochenilles.
30 millions d’œufs par an!
Sachant que les femelles de certaines espèces peuvent pondre un millier d’œufs, et qu’il peut y avoir jusqu’à six générations par an, une cochenille femelle pourrait, théoriquement, donner le jour à une progéniture d’une trentaine de millions d’individus en une seule année.
Si la reproduction est bisexuée, elle peut être également parthénogénétique, et la viviparité n’est pas rare. Le plus souvent, la mère meurt après la ponte, les œufs restant maintenus sous son corps jusqu’à leur éclosion. Les œufs sont fréquemment déjà embryon- nés (caractéristique de l’ovoviviparité) au moment de la ponte, mais il existe des espèces ovipares et vivipares. Les larves nouveau-nées circulent activement sur la plante hôte, mais, dès la première mue, elles se fixent par leur stylet à la plante nourricière et perdent leurs pattes. Si les mâles – beaucoup plus rares – passent par quatre stades (deux larvaires, un nymphal et un imaginai), les femelles n’ont que deux stades larvaires et se reproduisent à l’état de larve (néoténie).
L’ennemie des agriculteurs
Leur prolificité et la quantité de plantes attaquées font des cochenilles des ravageurs redoutés des vergers : elles puisent la sève des arbres jusqu’à ce qu’ils meurent. Si, dans leur environnement naturel, leurs effectifs sont limités par les prédateurs – fourmis, guêpes et coccinelles – ou des hyménoptères parasites, les cochenilles prolifèrent sur les plantes cultivées. Quelques espèces, jadis peu répandues dans nos régions, se sont multipliées à la faveur de l’intensification de la culture de leur plante nourricière.