Éphémères
Les éphémères appartiennent à l’ordre des éphémérides, insectes archaïques à métamorphoses incomplètes. Graciles et au corps mou, les éphémères ont un vol médiocre qui ne leur permet pas de parcourir de longues distances. Leur abdomen présente deux ou trois longs cerques (ou « queues») à l’extrémité. Au repos, les ailes sont maintenues verticalement et ne peuvent pas être repliées au-dessus du corps. Les antennes sont très courtes. Les mâles se distinguent des femelles par leurs yeux, beaucoup plus développés, et par leurs pattes antérieures, nettement plus longues. Les ailes antérieures sont toujours beaucoup plus allongées que les postérieures, ces dernières pouvant même faire défaut. La grande majorité des espèces volent au crépuscule ou la nuit, les adultes ne prenant aucune nourriture. Le tube digestif, qui a perdu toute capacité digestive, est entouré de muscles puissants. Il forme une vessie aérostatique qui allège le corps de l’animal. L’entrée et la sortie de l’air dans l’intestin donnent ainsi aux éphémères ce vol dansant caractéristique. La vie des adultes est très brève (de quelques heures à une semaine). d’où leur nom, et elle est uniquement vouée à la reproduction. Les accouplements ont d’ordinaire lieu le soir ou la nuit, en plein vol.
Cinq types de larves pour cinq modes de vie
Les larves des éphémères sont toutes aquatiques (d’eau douce). Les larves nageuses sont pourvues d’appendices abdominaux munis de longues soies. Elles affectionnent les eaux à courant lent ou stagnantes. Les larves rampantes, qui n’ont pas de soies sur les appendices abdominaux, se tiennent dans la vase. Chez ‘es larves de type fouisseur, pattes et mandibules sont transformées en organe fouisseur et le corps est plutôt cylindrique, ces créatures creusant des terriers dans les berges ou au fond de l’eau. Les larves adaptées à l’eau vive des torrents sont plates ; elles s’accrochent aux pierres, à moins qu’elles n’aient des branchies, cachées par le thorax qui s’allonge loin vers l’arrière. Les larves disposent de pièces buccales bien développées, d’un tube digestif fonctionnel et de branchies latérales. Leur thorax porte les ptérothèques, et l’abdomen, formé de dix segments, se termine par trois soies caudales. Les éphémères constituent une exception parmi les insectes car leurs larves ont encore une mue après avoir atteint le stade ailé.
Selon leur habitat ou leur morphologie, les larves d’éphémères sont phytophages, détritiphages ou carnivores. La durée de vie larvaire est très variable selon les espèces : la plupart ont un cycle annuel, mais certaines peuvent avoir deux générations par an et d’autres peuvent vivre trois années.
Des pullulations soudaines…
Arrivées au terme de leur développement, les larves sortent de l’eau pour se métamorphoser. Elles donnent d’abord une forme ailée presque identique aux adultes, le subimago, qui devra effectuer une dernière mue pour donner un adulte apte à la reproduction. Par certaines soirées du début de l’été, notamment quand le temps est orageux, il arrive que des myriades de larves viennent produire des subimagos à la surface de l’eau. Des milliers de subimagos et d’adultes peuvent ainsi voler sur les berges, au point de constituer un épais tapis d’insectes sur le sol. Une espèce blanche, Ephoron virgo, peut voler en telle quantité à la lueur des lampadaires qu’on a l’impression qu’il neige. Jadis, on récoltait cette manne par quintaux dans certaines régions, pour en faire de l’engrais.