Autre papier spéciaux
Autre papier spéciaux
Il est difficile de donner une liste complète de tous les autres papiers spéciaux qui existent. Ce sont par exemple les papiers abrasifs, les papiers câbles ou les papiers isolants souvent fabriqués à partir de pâtes écrues au sulfate avec une proportion variable de chanvre. Ce sont aussi les papiers à cigarette et les papiers peints d’utilisation très courante et sur lesquels nous nous attardons un peu ici.
Le papier à cigarette. La cigarette a été inventée au début du XIXe siècle. Les armées de Napoléon, revenant d’Espagne, introduisent son usage en France vers 1825; les premières manufactures de papier à cigarette sont alors installées dans le Sud de la France. Elles produisent soit du papier à rouler en grandes feuilles, que l’on peut découper, soit des carnets dont l’usage se répand rapidement. Les papiers à cigarette français sont utilisés de façon très majoritaire (80%) dans le monde entier et ceci jusqu’en 1925.
Le premiers carnets français connus sont ceux de la famille Bardou, Jean le père puis son fils Joseph. Les couvertures des carnets portent leurs initiales séparées par un petit losange, élément des armes de Perpignan, ville où ils avaient créé un atelier de fabrication. Ainsi naît le papier universellement connu sous le nom de JOB. Entre 1858 et i860, près de cent cinquante marques de papier sont déposées par une quarantaine de fabricants et les marques deviennent alors très accrocheuses: papier Marengo, papier de santé, papier Jean-Bart, aux armes du Roussillon… Plus tard, sous l’impulsion de Léonide Lacroix installé à Angoulême, apparaît l’appellation évoquant une matière première susceptible d’entrer dans la composition du papier, le riz. Plusieurs marques sont créées: Riz de Chine, Riz la +, Riz cartonné, toutes marques que l’on trouve encore actuellement.
À l’origine, le papier à cigarette était fabriqué presque exclusivement à partir de fibres de chanvre ou de lin, c’est-à-dire des fibres peu lignifiées, donc peu toxiques pour le fumeur. Actuellement, on y ajoute des pâtes chimiques de bois blanchies et parfois des fibres d’alfa. C’est un papier généralement blanc (sauf pour les cigarettes «papier maïs»), de faible grammage (7 à 30 g.rrr2), qui doit combiner plusieurs propriétés parfois peu compatibles :
- mécaniques. Le papier doit être léger et souple mais en même temps extrêmement résistant à la traction, à la déchirure, au froissement; c’est possible grâce à la présence de fibres très longues et fines ;
- de combustion. Celle-ci est améliorée par l’adjonction de sels (des citrates ou acétates de sodium et de potassium) mais surtout par une remarquable porosité, c’est-à-dire une perméabilité à l’air. Le papier doit se consumer uniformément et la fumée ne doit pas avoir d’odeur;
- esthétiques, blancheur, opacité, épair homogène, caractéristiques qui s’opposent plus ou moins à la porosité et à la solidité. L’opacité est généralement obtenue par l’adjonction de charges minérales opacifiantes, habituellement le carbonate de calcium ou l’oxyde de titane.
Le papier peint. À la fin du XVIe siècle, le papier est utilisé à d’autres fins que la conservation des écrits, en particulier en art décoratif. Il devient courant de décorer les intérieurs bourgeois avec des papiers : en France, c’est le travail des papetiers, cartiers et dominotiers. Ils produisent des feuilles de papier à la forme (format coquille, raisin, carré selon le moulin) et les appliquent, après séchage, sur des planches de bois gravées en relief et éventuellement colorées, par exemple au pochoir. Sur ces « dominos », les motifs sont variés : scènes de la vie quotidienne, motifs copiés des décors importés de Chine, plantes ou oiseaux exotiques.
En 1688, Jean Papillon invente le prérouleau de papier peint en collant bout à bout des feuilles de façon à les présenter sous forme d’une bande facile à manipuler sur de grandes surfaces.
D’autres innovations sont apportées ensuite: motifs à plusieurs couleurs, création de papier soufflé, floqué, par exemple le « papier tontisse » enduit de colle sur lequel on saupoudre de la laine hachée et teinte, la ton- ture de laine, donnant un aspect de tapisserie, très en vogue dans les intérieurs bourgeois.
S’il est un nom à retenir dans l’histoire du papier peint, c’est celui de Jean-Baptiste Réveillon (1725-1811) qui développe une manufacture importante, occupant près de quatre cents ouvriers, faubourg Saint-Antoine à Paris. C’est avec J.-B. Réveillon que l’on passe du monde de la dominoterie au monde du papier peint, grâce à l’utilisation de couleurs à la détrempe, une peinture à l’eau qui servait aux décors de théâtre.
Les papiers peints sont alors en vogue autant dans les milieux populaires que chez les plus grands (appartements privés de Marie-Antoinette
aux Tuileries, de la Pompadour à Versailles par exemple). Malgré les vicissitudes de la Révolution, le faubourg Saint-Antoine, reste un haut lieu de concentration des manufactures de papier peint jusqu’au XXe siècle.
Dans toute cette histoire, l’invention du rouleau de papier peint en continu, au moment où se développent les premières machines à papier, est une étape importante. Elle permet d’éviter les difficultés dues au raboutage des feuilles de papier, elle permet aussi de généraliser les papiers à base de pâte à bois, ce qui diminue considérablement les coûts de fabrication.
Après être tombé un peu en désuétude au milieu du XXe siècle, le papier peint est maintenant le support de décoration le plus recherché dans toutes les classes sociales en raison de la diversité des supports (plastiques, vinyliques), des techniques d’impression, des motifs et des qualités obtenues (papiers lessivables, sans raccord, décollables à sec).
Vidéo : Autre papier spéciaux : Le papier à cigarette
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Autre papier spéciaux