Les pierres levées , des observatoires
Les grands alignements de pierres géantes, comme ceux de Carnac, en Bretagne, ou de Stonehenge, en Angleterre, ou encore les palais de l’île de Malte, bâtis il y a quatre mille ans, sont à l’évidence des signes adressés aux générations futures, des signaux lancés vers l’avenir, en même temps que l’affirmation de la volonté de puissance des groupes qui ont dressé ces grandes pierres et créé la première architecture du monde. Dans certains de ces alignements, à Stonehenge notamment, on a cru voir des coïncidences entre les positions de pierres et des phénomènes célestes, comme les solstices, d’été et d’hiver, qui ont fait penser qu’il s’agissait des premiers observatoires astronomiques. Pour le célèbre astronome anglais Pred Hoyle, Stonehenge serait, à la fois, un calendrier, un observatoire et un calculateur d’éclipses. C’est là une hypothèse hardie, discutée, mais passionnante, qui montrerait chez ces hommes d’il y a quatre mille ans, la volonté de comprendre et de prévoir le retour de certains phénomènes remarquables.
Mais dans quel but ? Paut-il y voir une volonté de mieux connaître comment se déroulait le temps astronomique, pour mieux le comparer au temps terrestre ? Cela faisait-il partie d’une quête du futur, d’une volonté divinatoire liée à l’observation des astres ? Récemment, une découverte a relancé la discussion : on a trouvé en Allemagne, à cent quatre-vingts kilomètres au sud de Berlin, près de Groseck, les vestiges d’un monument encore plus ancien, daté de-7 000 ans, qui était fait de plusieurs anneaux de pierres, concentriques, d’une largeur de soixante-quinze mètres, dont les portes étaient orientées l’une au nord, l’autre au sud-est, la troisième au sud-ouest. Un homme, placé au centre, voyait, lors du solstice d’hiver, le Soleil se lever dans la porte sud-est et se coucher dans celle du sud-ouest, ont calculé les découvreurs du site, qui estiment qu’il s’agissait à la fois d’un lieu de culte et d’un observatoire astronomique. Mais, là encore, l’unanimité est loin d’être assurée entre les archéologues enthousiastes et les astronomes, plus réservés.
Une autre découverte récente traduit de façon plus claire la volonté d’observer et de comprendre les phénomènes célestes chez les hommes de la préhistoire. Un disque de bronze, large d’une trentaine de centimètres, a été trouvé par hasard au sommet d’une colline, près de la petite ville de Nebra, pas loin de Leipzig, dans le nord de l’Allemagne, par des chercheurs de trésors métalliques qui, ignorant l’importance de leur découverte, l’ont naïvement proposée à des conservateurs de musée. Ce disque est unique, dans la mesure où il montre un dessin rond, qui pourrait représenter la Lune ou le Soleil, et un groupe d’étoiles qui ressemble à celui des Pléiades. Le disque a été percé de trente-huit trous réguliers sur son pourtour. Daté d’environ – 3 600 ans, il serait la première figuration connue du ciel. Pour Wolhard Schlosser, professeur d’astronomie à l’université de Bochum, il serait une représentation symbolique du ciel nocturne, qui aurait pu servir de calendrier agronomique.