L'importance des mythes : Le déluge a bien eu lieu
Le déluge a bien eu lieu
La Lune fut peut-être la première mesure du temps, chez les hommes préhistoriques. La notion de mois a probablement précédé celle d’année, liée au Soleil. C’est peut être ce qui a permis à l’homme de mieux accepter la mort, dans la mesure où les phases de la Lune montrent une apparition, une croissance, puis une décroissance, suivie d’une disparition temporaire. D’où l’acceptation de la disparition temporaire de l’humanité – c’est le mythe du déluge, l’un des plus beaux parmi les grands mythes de recréation, qui ont été essentiels pour l’acceptation par les hommes des grandes catastrophes naturelles. Il ne remonte pas à la tradition chrétienne, comme on le croit souvent, mais est bien plus ancien. La Bible en a emprunté le récit aux Babyloniens, qui le tenaient des Sumériens : on en trouve la trace dans de très anciennes tablettes d’argile, contemporaines des débuts de la civilisation, il y a cinq mille ans. On le voit aussi dans des textes sacrés de l’Inde, de l’Iran, de la Grèce, comme dans les traditions orales d’Amérique du Sud et même de Polynésie. Certaines populations font encore aujourd’hui des offrandes à leurs divinités pendant les orages, pour écarter l’éventualité d’un déluge.
Le mythe du déluge tel qu’il est relaté dans l’Ancien Testament, est probablement lié à une catastrophe naturelle qui, selon certains archéologues, se serait produite il y a sept mille ans en mer Noire et aurait provoqué une immense inondation. Mais il est bien évident que si cette catastrophe a produit un mythe aussi riche, c’est que ce dernier répondait à des angoisses profondes des sociétés de cette époque, lesquelles étaient effrayées par les spectaculaires de la nature, comme les
tremblements de terre, les raz-de-marée les éruptions volca- niques. Il leur était indispensable de donner une raison à ces phénomènes, et la seule manière de le faire passait par les mythes, qui formaient autant d’explications d’un environnement qui devait paraître à nos lointains ancêtres très étrange et bien redoutable. Dans nombre de versions du Déluge, la catastrophe est également rattachée à la colère d’un dieu, qui se retourne ainsi contre les hommes, et cherche à supprimer l’humanité pécheresse, pour qu’une nouvelle, purifiée, puisse apparaître.
On peut trouver l’origine de mythes dans d’autres mouvements de la Terre. Jacques Labeyrie, spécialiste de la reconstitution des climats passés, suggère que la séparation de la mer et des eaux, qui figure dans les premiers versets de la Genèse, et suit d’anciennes légendes, corresponde à un retrait de l’eau des océans, à la suite d’une période très froide, au cours de laquelle cette eau se serait transformée en glace aux deux pôles. Ce phénomène aurait mis au jour des millions d’hectares de terres nouvelles, fertiles, événement suffisamment important pour être passé dans la mémoire des hommes sous la forme d’un mythe, Repris par les récits légendaires qui ont servi de base à la Bible. Cet événement se serait notamment produit au Proehe-Orient, en Mésopotamie et dans le delta du Nil, il y a cinq mille ans. Le niveau de la mer s’y est alors abaissé de trois mètres, comme on peut le constater en mesurant l’âge de sédiments et en s’appuyant sur des documents archéologiques égyptiens.
Jacques Labeyrie rapproche ce phénomène d’une belle légende polynésienne, qui raconte qu’il y a très longtemps, alors qu’il n’existait que la mer, les dieux, qui s’ennuyaient, décidèrent de l’aire venir des hommes, pour se distraire. Ils firent alors baisser le niveau de la mer, et des atolls apparurent, où des hommes venus d’on ne sait où, en pirogues, s’installèrent. Mais les hommes comprirent que les dieux existaient, et ils ne cessèrent de leur demander de les aider. Cela agaça les dieux, qui firent remonter la mer et les hommes disparurent. Mais bientôt les dieux s’ennuyèrent de nouveau et ils firent réapparaître les atolls et les hommes. L’examen des dépôts calcaires sur les côtes du Brésil montre clairement des fluctuations du niveau du Pacifique qui correspondent parfaitement au surgissement, à l’enfouissement sous l’eau, puis à la réapparition des atolls, entre – 18 000 ans, époque où le niveau de toutes les mers du globe était plus haut de cent vingt mètres, et – 5 000 ans, lorsque les atolls surgirent de nouveau du Pacifique .
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