Canards et les paquebots créent-ils le même sillage dans l'eau ?
Les Canards et les paquebots
Aussi étrange que cela puisse paraître, oui. Tous deux créent un sillage en forme de V, le sillage de Kelvin, dont l’angle au sommet vaut 39 degrés.
Ce sillage s’apparente à celui que crée un avion en vol supersonique. Tant que celui-ci se déplace à une vitesse inférieure à celui du son, les ondes de pression sphériques qu’il a créées en comprimant l’air s’éloignent de lui vers l’avant et s’atténuent sans entraver sa progression.
En revanche, dés que sa vitesse atteint celle du son, elles l’accompagnent et s’entassent devant lui, créant l’onde de choc sur laquelle il vient buter, soit le fameux mur du son, telqu’il a été qualifié au début des années 1940. Aux vitesses supersoniques, les ondes se rabattent derrière l’aéronef en formant un cône, au niveau duquel la pression varie brutalement.
Le canard, le paquebot ou tout autre navire créent également des ondes à la surface de l’eau. Lorsque leur vitesse dépasse celle des ondes en question, il se forme un sillage en V.
Comme la vitesse de propagation des ondes aquatiques est nettement plus faible que celle du son, la condition d’obtention d’ondes de choc est généralement satisfaite. Mais alors que pour les avions le cône est d’autant plus effilé que la vitesse est élevée, pour les canards le V garde la même ouverture quelle que soit la vitesse du volatile.
Les ondes sonores, en effet, voyagent toutes à la même vitesse, quelle que soit leur longueur d’onde. Les ondes qui se propagent à la surface de l’eau, au contraire, subissent un phénomène de dispersion : leur vitesse dépend de leur longueur d’onde. Un navire qui va vite crée des ondes plus longues, qui voyagent plus vite que les autres.
De ce fait, l’augmentation du diamètre des cercles créés compense en quelque sorte le resserrement du sillage entraîné par l’accroissement de vitesse.
En eau très peu profonde toutefois, le V est plus resserré à forte vitesse, comme on peut l’observer en lançant des morceaux de bois dans une flaque d’eau. À faible profondeur, l’eau n’est plus un milieu dispersif et la vitesse des ondes qui se propagent à sa surface ne dépend plus de leur longueur d’onde. On se retrouve alors dans le cas des ondes de choc dans l’air.