Connaître le mythes , c'est comprendre le monde
Comprendre le monde
Connaître les mythes, c’est donc apprendre le secret de l’origine des choses, mais c’est aussi comprendre comment fonctionne le monde aujourd’hui. Grâce aux mythes, ce monde n’est plus aussi obscur et muet, il devient plus clair, transparent, il parle. Les objets eux-mêmes se racontent. Le mythe est toujours une explication, la réponse à une question. Si on me demande ce qu’est un orage, dit l’historien Jean Bottéro, j’invoquerai l’humidité de l’air, la formation, des nuages, leur charge électrique. L’Indien Loreto, qui vit au Pérou, répondra : « L’Orage est un homme géant, qui a les jambes plus longues que le corps, la figure longue et sèche, les oreilles ressemblant à celles des vampires : les éclairs sont les mouvements de ses oreilles. Le grondement du tonnerre est la force de ses pieds quand il court d’un côté et de l’autre. L’orage est produit par lui alors qu’il pêche un boa, dont il se nourrit et qu’il appelle l’anguille. Il fait alors d’énormes enjambées, et c’est pour cela qu’on entend le tonnerre d’un côté à l’autre. »
L’ethnologue Maurice Leenhardt explique comment, pour les groupes qui vivent encore hors de notre civilisation, une pierre, par exemple, est à la fois un rocher, actuel, et l’ancêtre qui s’y est placé, et veille toujours sur les vivants. Regarder ce rocher, c’est en même temps embrasser la réalité mythique de l’ancêtre et comprendre ce qu’est la pierre. Par le temps mythique, l’individu se sent lié à toutes les générations qui Font précédé depuis la nuit des origines. Mais du même coup, cela désorganise la notion de temps. Le passé et le présent deviennent liés. Ou plutôt la vie les mêle tous deux, intimement, pour permettre aux hommes de dialoguer avec le monde. Le temps mythique participe à la continuité de celui de la vie. Les Aborigènes d’ Australie pratiquent encore la circoncision avec un couteau de pierre, car c’est ainsi, disent-ils, que leurs ancêtres mythiques leur ont appris à agir. Cela donne aussi du courage, car ce que les anciens ont réussi, on peut le tenter, qu’il s agisse d un long voyage, d’une guerre ou de la conquête d’un territoire inconnu.