De la fibre a l'étoffe : Les apprêts: traitement easy care
Les apprêts
C’est l’ensemble des différents traitements mécaniques ou chimiques qui servent à améliorer ou à modifier l’aspect final des étoffes après la teinture ou l’impression. Certains traitements physiques ou chimiques modifient l’aspect ou l’épaisseur des étoffes :
– le calandrage donne une brillance aux étoffes par passage entre deux rouleaux chauffés ;
– le glaçage augmente la brillance en surface par dépôt d’amidon ;
– le matage diminue la brillance des textiles chimiques par addition d’oxyde de titane dans la masse de polymère avant le passage en filière ;
– le mercerisage, réservé aux fibres cellulosiques (en particulier le coton), accroît leur éclat et leur résistance par un traitement dans de la soude et modifie la structure cristalline de la cellulose. Le traitement est appliqué soit sur des fils (coton à broder ou fils à coudre), soit sur des tissus ;
– l’azurage permet d’obtenir un blanc plus pur par addition de colorant bleu ;
– le gaufrage et le cloquage donnent un relief aux tissus par passage des étoffes entre deux cylindres gravés ;
– le moirage produit des effets de reflet par écrasement des fils des étoffes dans des sens différents. Selon l’incidence des rayons lumineux, l’aspect obtenu est miroitant;
– le grattage et le foulage consistent à arracher les fibres en surface; ils modifient l’épaisseur des étoffes et leur donnent du moelleux. Ces procédés sont appliqués respectivement surtous les filés défibrés et sur la laine;
– la charge de la soie permet de récupérer le poids perdu par le décreusage et donnant un maintien (« la main ») aux textiles de soie (voir p. 107).
Les traitements chimiques suivants donnent des propriétés nouvelles.
Les traitements d’autodéfroissabilîté. Certaines étoffes formées de fibres synthétiques (polyester) sont infroissables, mais la majorité retiennent les marques de plis accidentels. Quand les textiles sont mouillés, il y a rupture des liaisons hydrogène des fibres, notamment dans les régions amorphes qui gonflent dans l’eau. Si un pli se forme, de nouvelles liaisons hydrogène s’établissent à ce niveau au cours du séchage et figent le pli, donnant un froissage. Pour éviter la froissabilité, on enduit le plus souvent les fibres de résines hydrophobes, qui empêchent la formation de liaisons hydrogène. Dans les traitements appelés «wash and wear», on utilise des résines thermoplastiques ou thermodurcissables. D’autres traitements peuvent être pratiqués: celui appelé «easy-care» permet une réticulation des polymères à l’intérieur de la fibre mouillée. Il est surtout utilisé pour les tricotages. À la suite de ces traitements, le textile devient infroissable, mais ses caractéristiques physiques peuvent être modifiées: diminution
de la résistance ou certaine raideur au toucher. Les traitements assurant la stabilité dimensîonneile. La laine et les fibres cellulosiques rétrécissent au lavage. Dans le coton ou le lin, par exemple, les molécules de cellulose sont plus ou moins repliées au niveau des zones amorphes. Lorsque la fibre est mouillée, ces zones gonflent et il y a rupture des liaisons hydrogène. Si les fibres sont séchées sous tension, les zones amorphes seront étirées. C’est en général le cas des textiles neufs confectionnés avec de telles fibres. Si on lave ces textiles à la main ou en machine, les molécules reprennent leur configuration repliée, qu’elles gardent au cours du séchage ce qui provoque un rétrécissement de l’étoffe.
Certains traitements permettent d’éviter le rétrécissement, comme l’enrobage des fibres par une résine (à base d’urée-formaldéhyde ou mélanine formaldéhyde par exemple), qui empêche la rupture des liaisons dans l’eau et donne au textile une stabilité dimensîonneile. Pour les fibres chimiques synthétiques, la stabilité dimensîonneile est obtenue par thermofixation.
Les traitements «antitache». Les salissures qui entrent en contact avec un textile peuvent s’étaler et mouiller la surface, ce qui crée des taches. Selon la nature des salissures (hydrophiles, comme le vin ou le café, hydrophobes, comme les graisses) et selon la nature des fibres (hydrophiles, comme les fibres cellulosiques, ou hydrophobes, comme les polyesters ; lisses, comme les fibres chimiques, ou rugueuses et poreuses, comme les fibres naturelles de coton et de lin), les taches sont plus ou moins imprégnées dans les étoffes. Quand une goutte de corps gras, par exemple, est très étalée, la surface de contact avec le textile est importante et le corps gras mouille et imprègne le tissu. Au contraire, si la goutte reste sphérique, elle a une surface de contact minimale; dans ce cas, le corps gras ne mouille pas le tissu et la goutte peut être enlevée par évaporation ou agitation mécanique.
Pour éviter la formation de taches, il faut donc modifier la surface textile afin de diminuer la surface de contact avec les salissures. Les physico-
chimistes ont mis au point des agents antimouillants, formés de grosses molécules possédant des groupements chimiques appropriés hydrophiles et hydrophobes, qui sont dispersés à la surface des tissus. Parmi ces agents, citons les composés fluorés qui sont tantôt hydrophiles, tantôt hydrophobes.
L’imperméabilisation et Fhydrofugation. L’eau pénètre dans les tissus par les interstices entre les fils, les interstices entre les fibres d’un fil et grâce au pouvoir absorbant des polymères constitutifs. Des traitements rendent la fibre imperméable à l’eau et à l’air; c’est l’imperméabilisation. Le textile est enduit d’un revêtement de caoutchouc, de résines hydrophobes synthétiques ou naturelles, d’huiles siccatives, de cire ou de paraffine. Les tissus imperméabilisés sont utilisés pour les bâches, les toiles de tente mais très peu pour l’habillement, car ils sont raides et inconfortables, ne laissant pas passer l’air.
Les traitements d’hydrofugation rendent le textile imperméable seulement à l’eau. Les articles gardent leur souplesse et leur porosité à l’air. Pour hydrofuger une étoffe, on l’imprègne de produits hydrophobes modifiant sa tension superficielle, de sorte que l’eau reste en surface sous forme de fines gouttelettes qui ne mouillent pas le tissu. Les produits employés sont des silicones, des cires en émulsion, des résines thermodurcissables ou des produits fluorés. Le traitement peut être temporaire (ne résistant pas au frottement, au lavage et au nettoyage) ou permanent.
L’ignifugation Elle rend ininflammables les étoffes formées de fibres combustibles, telles les fibres cellulosiques, coton, lin ou viscose. Les traitements empêchent les textiles de brûler et de transmettre le feu. De nombreux produits ignifugeants ont été testés, à base de chlore ou de phosphore; seuls quelques-uns ont été commercialisés. Ils sont utilisés pour des vêtements professionnels, des tissus d’ameublement (tentures, rideaux, revêtements muraux). Actuellement, le procédé d’ignifugation tend à être remplacé par l’emploi de fibres chimiques ininflammables qui présentent en plus une grande résistance mécanique (polyvinyles étchlorofibres, comme Rhovyl et Thermovyl).
Les traitements antiparasites. Ils permettent de protéger le textile contre l’attaque des insectes (mites de la laine) et des moisissures ou des bactéries qui, en proliférant, peuvent modifier la structure des fibres, leurs propriétés mécaniques et leur couleur ou créer des odeurs désagréables. Les textiles à activité biologique, ou biotextiles, sont traités par des produits qui agissent en détruisant ou en modifiant la prolifération de l’agent parasite (certains insecticides de synthèse agissant comme antimites) ou en modifiant la structure chimique de la fibre pour la protéger des dégradations (exemple de l’acrylonitrile pour les fibres de cellulose).
Les traitements antifongiques et antibactériens des textiles utilisés pour les vêtements doivent limiter la prolifération des micro-organismes parasites, sans détruire la flore microbienne qui vit sur la peau et la protège. Ils doivent aussi résister aux lavages. Plusieurs méthodes de préparation des fibres ont été mises au point : imprégnation ou pulvérisation de substances antimicrobiennes; trempage des textiles dans une solution antibactérienne avec traitement préalable par un liant favorisant l’adhérence; incorporation de microcapsules contenant l’agent antimicrobien qui diffuse progressivement à la faveur des frottements du textile ; incorporation de zéolithes, minéraux libérant progressivement de l’oxygène actif qui détruit les bactéries ; greffage de molécules antiseptiques sur les fibres synthétiques. On peut aussi pratiquer des traitements anti-acariens, en particulier pour les tapis et les moquettes.
Vidéo : De la fibre a l’étoffe : Les apprêts
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