Hannetons
Il y a encore quelques années, le hanneton commun (Melolontha melolontha) pullulait chaque printemps. Afin de détruire ses populations, on pratiquait le hannetonnage, ou ramassage systématique. Au moment des labours, on lâchait poules, canards et cochons sur les guérets frais, derrière la charrue, pour qu’ils dévorent les larves, ou vers blancs, également appréciées par les corneilles et les sansonnets. Le déchaumage précoce et l’emploi massif d’insecticides ont considérablement raréfié cet insecte – il ne cause plus, aujourd’hui, que des dégâts minimes -, et tant d’autres qui contribuaient pourtant à l’équilibre écologique de nos campagnes.
Les années à hannetons
Les larves du hanneton commun, qui vivent dans le sol des régions tempérées d’Eurasie, préfèrent les terrains lourds des lisières des forêts et évitent les sols trop sablonneux. S’enfonçant chaque hiver pour se protéger du froid, les vers blancs remontent au printemps au niveau des racines pour s’alimenter. Les larves les plus âgées empêchent les plus jeunes de se développer, les tuant avec leurs mandibules, et achèvent leur croissance au bout de trois années; les larves ont donc toutes le même âge dans une région donnée. C’est pourquoi les hannetons y prolifèrent tous les trois ans. La chrysalidation a lieu en été, mais les adultes, éclos au bout de deux mois, attendent le printemps suivant pour sortir. Ils volent le soir, se dirigeant vers les arbres avoisinants pour se nourrir de feuillage. Pour pondre, ils retournent dans leur site cl ‘éclosion. Ces différents comportements expliquent l’irrégularité de la distribution des hannetons et de leurs larves.
Les femelles, qui pondent dans des trous creusés dans le sol des prairies, recouvrent leurs œufs d’excréments, transmettant ainsi aux larves les symbiotes qui leur sont indispensables pour digérer les racines.
Encore très fréquent dans la première moitié duXXe siècle, où il occasionnait des dégâts considérables dans les jardins et les vergers le hanneton commun est aujourd’hui presque introuvable.
Des hannetons moins connus
La sous-famille des mélolonthinés regroupe, outre le hanneton commun, un grand nombre de hannetons peu connus du grand public, dont les cycles ont également une durée de deux à trois ans. Le genre Melolontha comprend une espèce, M. hippocastani, proche de M. melolontha, qui se distingue en particulier par un thorax brun (noir chez le hanneton commun). Cette espèce des forêts clairsemées peuple surtout les régions montagneuses; n’ayant jamais abondé, elle n’a pas subi les attaques dirigées contre le hanneton commun et se maintient en nombre constant. Le vol des adultes dépend essentiellement des conditions météorologiques.
Le hanneton de la Saint-Jean (Amphimal- lon solstitialis) compte parmi les espèces de hannetons qui parviennent à subsister lorsque l’emploi de pesticides n’est pas systématique. Cette petite espèce fréquente les terrains découverts, les jardins, les friches et les haies. Les adultes volent en essaims à la tombée de la nuit, en mai et juin.