Insectes
Le mot insecte a été introduit par Aristote dans son Histoire des animaux. Il vient du grec entomos : coupé, traduit en latin par insectus. Aristote faisait allusion aux étranglements qui marquent le corps des insectes, par opposition aux vers, notamment.
Anatomie et morphologie
Les insectes sont des animaux articulés respirant par des trachées, dont le corps comprend trois parties : la tête, le thorax – qui porte les ailes – et l’abdomen. Ils appartiennent à la classe des hexapodes («six pieds») et au phylum des arthropodes. La grande majorité sont terrestres.
La tête porte plusieurs organes des sens et de la nutrition. Les yeux composés sont constitués d’éléments indépendants – les ommatidies chacun pourvu de son propre cristallin (ou facette). Les ocelles, d’ordinaire au nombre de trois, ressemblent à de petites perles : on pense qu’ils servent essentiellement à évaluer l’intensité lumineuse. Les pièces buccales – des appendices entourant la bouche – comprennent le labre, ou lèvre supérieure, une paire de mandibules, ou mâchoires, une paire de maxilles, et le labium, ou lèvre inférieure. La forme et la taille de ces appendices varient considérablement selon les régimes alimentaires et servent habituellement à caractériser les différents ordres d’insectes. Chez certains, les mandibules manquent et les maxilles sont soudées pour former une trompe, comme chez les papillons. Les moustiques et les taons ont un organe encore plus élaboré : mandibules et maxilles forment une aiguille hypodermique qui leur permet de pomper le sang. Les antennes, formées d’une chaîne de segments, constituent le principal organe de l’olfaction et du toucher. Le premier segment antennaire, le scape, est fréquemment plus long que les autres.
Chacune des trois parties du thorax – prothorax, mésothorax et métathorax – porte une paire de pattes, les ailes étant implantées sur les deux derniers segments. Les pattes, en règle générale présentes, sont divisées en cinq parties : coxa, trochanter, fémur, tibia et tarse, à l’extrémité. Le tarse, formé de plusieurs articles, est terminé par deux griffes. Selon le mode de vie des insectes, les pattes peuvent avoir les formes et les fonctions les plus diverses : fouisseuses, préhensiles, etc.
La grande majorité des insectes ont des ailes ; seuls les ordres les plus archaïques et les espèces adaptées à des milieux particuliers en sont dépourvus (voir Poissons d’argent). Elles sont généralement au nombre de quatre. Membraneuses chez les lépidoptères, les névroptères, etc., les ailes antérieures peuvent être très sclérifiées et servir, au repos, d’étui aux ailes postérieures, réservées au vol (coléoptè-res). Chez quelques ordres (punaises),
seul l’apex des ailes est resté membraneux. Les ailes postérieures manquent chez plusieurs ordres; chez les diptères, elles sont remplacées par des moignons, ou balanciers, qui participent à la stabilité des insectes durant le vol. Les ailes se distinguent par leur nervation et leur revêtement éventuel : écailles chez les lépidoptères, poils chez les trichoptères. Les nervures contribuent à la rigidité des ailes membraneuses, et leur disposition est très utile dans la classification et l’identification des insectes. D’une manière générale, l’évolution a conduit à une simplification de la nervation et à une modification de la structure des nervures des ailes postérieures par rapport aux antérieures.
L’abdomen est composé de onze segments chez les adultes, chacun comportant des plaques plus ou moins sclérifiées, les tergites, dorsaux, et les sternites, ventraux. L’abdomen se termine par des appendices variés : cerques (chez les éphémères, les perce-oreilles, etc.), ovipositeur (le «couteau» des sauterelles), organes génitaux (genitalia).
La métamorphose, un processus vital
Le dieu égyptien Khépri, à tête de scarabée, incarnation du soleil levant, symbolisait aussi le principe des métamorphoses. Par son effigie placée à l’emplacement du cœur des momies, il servait de conscience aux morts lors du Jugement. Le culte des Égyptiens pour le scarabée provient sans nul doute du comportement de cet insecte, notamment ses métamorphoses, qu’ils avaient pu observer dans la nature.
Sauf chez les insectes les plus archaïques, les larves néonates (sorties de l’œuf) sont en tout point différentes des adultes. Le passage de la jeune larve à l’adulte, via diverses transformations, se fait par métamorphoses successives. Le squelette des insectes, externe et inextensible, impose aux larves une croissance par mues, ou ecdysies. Selon les ordres d’insectes, les métamorphoses peuvent être complètes (holométaboles) ou incomplètes. Dans le premier cas. les larves ne ressemblent pas aux adultes et passent par un stade très particulier, la nymphose, ou chrysalidation, d’où finit par émerger l’adulte, ou imago. Dans le second cas, les jeunes larves et les juvéniles ressemblent aux adultes, même s’ils ne sont pas aptes à la reproduction.
Totalement intégrés à leur environnement
Vraisemblablement déjà présents au dévonien, il y a quelque 320 millions d’années, les insectes florissaient au carbonifère, où des libellules et des phasmes géants s’activaient parmi les fougères arborescentes. Il aura toutefois fallu attendre le permien, il y a environ 220 millions d’années, pour qu’apparaissent les holométaboles. Hyménoptères, diptères, puis lépidoptères sont venus les derniers. Au gré de l’évolution des végétaux, les insectes ont vu leur morphologie s’adapter au nouvel environnement. L’apparition des plantes à fleurs a été capitale pour les insectes, et l’on peut parler d’une adaptation mutuelle entre les deux règnes. Cette interrelation est particulièrement bien mise en évidence par les fleurs des orchidées du genre Opbrys, qui incitent les bourdons à les féconder en les leurrant : non seulement leurs labelles évoquent des femelles, mais elles exhalent aussi une odeur qui stimule ces hyménoptères.
L’étonnante diversité des insectes est duc a leur aptitude à peupler toutes les niches écologiques disponibles – à l’exception de la pleine mer – où la vie est possible. Du littoral au cœur des continents, des plaines aux hautes montagnes, des déserts arides aux marges des glaciers, les insectes ont su s’adapter. Plus que tout autre groupe d’animaux terrestres, ces arthropodes se sont révélés aptes à survivre aux transformations de l’environnement, y compris à celles provoquées par l’homme.