La naissance de la culture
La culture
L’homme est donc devenu homme en acquérant ces facultés nouvelles d’apprendre, d’inventer, de créer, d’imaginer, de symboliser. C’est en cela qu’il va se différencier fondamentalement des autres espèces animales. Nos proches cousins, les grands singes, prisonniers de leur niche écologique, n’ont évolué que très lentement, au rythme biologique, comme tous les autres êtres vivants. L’hominien d’il y a plus d’un million d’années va ajouter à l’évolution biologique une composante originale qui deviendra essentielle, révolution culturelle, qui va lui permettre d’échapper à son destin animal et d’aller hardiment et rapidement vers le futur. Il commence ainsi à créer son propre avenir, c’est-à-dire ?,on propre temps, comme celui de tous les hommes qui naîtront ensuite, c’est-à-dire de toute l’humanité à venir. Il sait désormais, en se souvenant du passé, imaginer le lendemain, et apprend à se représenter mentalement des situations inédites, nouvelles, est qui diminuera ses craintes et lui fera espérer des futurs heureux. L’absence d’une culture et donc d’une mémoire sociale est peut être liée, chez l’animal, au fait qu il ne possède pas de langage articulé. Certains naturalistes affirment avec humour que les animaux ne parlent pas parce qu’ils n ont rien à dire, ni sur le passé, ni sur l’avenir, les deux éléments qui forment l’essentiel des conversations humaines.
La culture ne cessera plus, désormais, de se transmettre de génération en génération, s’amplifiant à mesuré, ]usqu’à aboutir à ce qui deviendra la civilisation. Il en est de révolution culturelle comme de l’évolution biologique : c’est un processus qui ne cesse d’aller de l’avant, sans que rien ne soit organisé à l’avance, mais qui va inéluctablement vers ce que nous appelons, faute de mieux, le progrès. Il existe une « flèche de la culture » comme il existe une « flèche du temps ». A la différence de l’évolution biologique, celle qui utilise la culture comme moteur peut aller infiniment plus vite. L’homme n a guère changé depuis quelques dizaines de milliers d’années, en ce qui concerne son corps et son cerveau. Ce qui ne signifie pas grand chose, car à l’échelle de l’évolution, qui dure depuis trois milliards d’années, quarante mille ans n’est qu’un battement de paupière, et l’homme a encore tout le temps de voir son organisme évoluer. À quoi ressemblera l’homme dans cent mille ans ou un million d’années ? Personne n’en sait rien, car les voies de l’évolution sont avant tout hasardeuses et nul ne peut prédire le destin d’une espèce, serait-ce celle des hommes. Une chose est en tout cas certaine : l’évolution culturelle, qui, sans la remplacer entièrement, a recouvert chez l’homme l’évolution biologique, est devenue la plus importante, car elle a non seulement été le moteur qui a lancé le développement de l’humanité, mais aussi, et en même temps, le ciment qui va lier tous les groupes humains : l’homme, depuis un million d’années, a essaimé partout dans le monde en utilisant ce fonds commun qu’est sa culture, laquelle va prendre, bien évidemment, des formes diverses, mais dont on retrouve des éléments comparables dans toutes les civilisations.
C’est cette évolution culturelle qui va favoriser, au fil des millénaires, les poussées de l’imagination créatrice qui permettront aux hommes de se lancer dans toute une série d’inventions, qui vont avoir pour effet d’accroître leur emprise sur tout ce qui les entourait, de leur donner les moyens de ne plus dépendre uniquement des circonstances, c’est-à-dire de créer leur propre environnement et leur propre temps. Ce sera la fabrication de vêtements de fourrure pour se protéger du froid, et donc moins craindre la mauvaise saison et les modifications du climat. Ou le nomadisme, qui permet d’échapper à la disette en n’étant plus prisonnier d’un seul environnement. Puis l’édification des premiers habitats, l’aménagement des auvents des grottes, l’invention du feu, qui permettra de créer un foyer, d’assurer les liens familiaux et sociaux, de passer du cm au cuit, ce qui modifiera peu à peu la structure de la mâchoire, laquelle va perdre peu à peu de son importance au profit du cerveau. Ce sera aussi prendre l’habitude de manger des aliments variés, alors que les singes ne sont qu’herbivores.
Vidéo: La naissance de la culture
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