L'action de la sélection naturelle : Les différents types de sélection
Les différents types de sélection
On distingue trois modes d’action de la sélection naturelle à partir de la courbe de distribution des phénotypes dans une population. La répartition en fréquence des différentes valeurs d’un caractère au sein d’une population présente classiquement une répartition gaussienne. L’action de la sélection naturelle peut avoir trois conséquences .
La sélection directionnelle s’exerce à une extrémité de la courbe. Par exemple la prédation par le guépard sélectionne les antilopes qui courent le plus vite, le parasitisme sélectionne les individus qui lui résistent le plus, chez la girafe on peut supposer que la sélection s’est exercée en favorisant les individus qui avaient le cou le plus long.
La sélection stabilisatrice favorise les phénotypes médians. C’est le cas du poids des petits des mammifères à la naissance car deux sélections s’opposent : un poids élevé est un gage de meilleure survie (meilleure accession aux ressources, meilleure défense) mais il handicape la survie de la mère, un poids faible favorise la survie de la mère mais diminue la probabilité de survie du jeune. Ce type de contrainte sélective peut être illustré dans le cas de l’espèce humaine. Ainsi, une étude menée sur 13 700 naissances dans un hôpital de Londres entre 1935 et 1946 a montré que les enfants pesant 3,8 kg à la naissance avaient une espérance de survie plus élevée que les nouveau-nés plus lourds ou plus légers.
La sélection divergente agit en faveur des extrémités de la distribution et contre sélectionne les phénotypes médians. La sélection divergente s’observe également au niveau d’un peuplement. C’est le cas de l’action de la prédation qui peut sélectionner chez les populations de proies soit une petite taille pour échapper au prédateur en se dissimulant soit une grande taille pour lui tenir tête. La sélection naturelle peut aussi sélectionner deux stratégies différentes. On peut illustrer cet aspect avec la dissémination des semences et plus particulièrement la dissémination des graines chez les Angiospermes. Ces végétaux utilisent différents vecteurs pour cela : le vent, les animaux, l’eau. Mais comment agit la sélection naturelle ? Y a-t-il sélection pour une dissémination à courte ou à longue distance ?
Une dissémination à longue distance présente le double avantage d’éviter une compétition entre parents et descendants et d’assurer la survie des gènes en cas de changement local des conditions du milieu. Mais cette dissémination est très aléatoire et la graine peut échouer sur un milieu défavorable. La dissémination à courte distance assure aux descendants une meilleure probabilité de se développer sur un milieu favorable mais elle les met en compétition avec leurs parents. À l’observation, les études menées par les chercheurs du C.N.R.S. à Montpellier (voir par exemple Debussche & Lepart 1992) montrent que la majorité des graines tombent au pied du semencier mais que les moyens de dissémination bien connus de tous les naturalistes permettent à certaines d’entre elles d’être disséminées à longue distance. Chez des espèces de milieux instables comme les salicornes (Chénopodiacées des milieux vaseux salés) on observe que les individus produisent deux types de graines. Certaines sont denses et tombent donc à peu de distance du semencier. D’autres sont peu denses et sont disséminées par l’eau à grande distance. Autre exemple, le gui possède deux disséminateurs (Déom 1981). La Fauvette à tête noire Sylvia aîricapilla, un petit passereau, prélève des fruits et consomme leur pulpe à côté de l’individu qui les a produits. Les graines sont laissées sur place, collées sur une branche d’arbre. Elles sont donc dans des conditions optimales pour germer mais en général elles parasitent le même arbre que leur parent d’où un problème de compétition. L’autre disséminateur est la grive (Grive musicienne Turdus philomelos ou Grive draine Turdus viscivorus). Ces passereaux, plus gros que les fauvettes, consomment les fruits en entier et rejettent les graines dans leurs excréments. La dissémination se fera donc à distance (jusqu’à 25 km) mais la probabilité que la graine échoue sur une branche d’arbre est faible. On a bien ici des pressions de sélection divergentes qui se doublent de phénomènes de coévolution.
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