Le rythme de l'évolution
La grande question est de savoir à quel rythme la technologie peut accélérer la transition vers une économie moins intense en carbone. Quand on s’interroge sur la diversité des systèmes énergétiques
actuels, sur les rigidités et les inerties qui les accompagnent, on est enclin à penser que les réponses technologiques seront longues, coûteuses et tardives par rapport à l’accélération du réchauffement de la planète. Plusieurs éléments sont cruciaux pour déterminer la vitesse de l’évolution : les prix, les résultats de la Recherche/Développement, les politiques énergétiques.
Les prix. Un certain nombre d’éléments, en particulier la question de l’investissement développée dans le chapitre 1, tendent à montrer que le prix du pétrole sera plus élevé que dans le passé. Des prix élevés pour le pétrole et le gaz naturel, une certaine anxiété sur les ressources disponibles et la préoccupation croissante pour l’environnement devraient avoir pour effet d’encourager les investissements dans les technologies propres.
En Californie, l’alliance du capital-risque et des technologies propres est considérée comme « l’opportunité du siècle ». Un autre élément qui influera sur le rythme d’évolution est le prix du carbone dont nous parlerons plus loin.
La Recherche-Développement. Le rapport Stern (2006) souligne la forte baisse des sommes consacrées à la Recherche-Développement, publique et privée, pour le secteur de l’énergie entre 1980 et 2004. L’Agence Internationale de l’Energie lance régulièrement des appels pour une augmentation des dépenses de R & D dans ce secteur. La coopération internationale est cruciale pour le développement des technologies du futur. Des réseaux et des programmes internationaux existent déjà pour la fusion nucléaire (ITER), l’économie de l’hydrogène, le captage et la séquestration du carbone, l’énergie nucléaire de 4e génération. Les résultats de ces programmes sont à (très ?) long terme. On peut craindre qu’ils n’arrivent bien tard par rapport à l’urgence d’agir pour limiter les émissions.
Les politiques énergétiques. Chaque technologie a ses propres coûts et avantages mais les technologies émettant des gaz à effet de serre ne payent aucune redevance pour compenser les dommages au climat qu’elles génèrent chaque jour. Un élément important de la politique énergétique est de remédier à cette situation asymétrique : taxer ou limiter les émissions de C02, mettre en place des incitations bien conçues pour accélérer le développement des énergies non polluantes. Le rythme auquel se développeront les énergies propres dépend en grande partie des politiques énergétiques nationales. Les leçons que l’on peut tirer des expériences et programmes qui sont menés dans certains pays doivent être analysées et diffusées pour que la communauté internationale puisse en bénéficier.
L’encadré 2 sur le nucléaire illustre la contribution potentielle de cette technologie. Il ne faut pas toutefois se bercer d’illusion. La « Renaissance » du nucléaire est un phénomène lent qui ne bouleverse pas l’échiquier énergétique. Dans le cas de la Chine par exemple, la construction de 25 centrales nucléaires d’ici 2030 n’aura que peu d’influence sur le bilan énergétique chinois où la part du nucléaire passera de 1,2 à 2 ou 2,5 %.