Le temps des cailloux : L'univers et le temps auraient pu toujours exister
L’univers et le temps auraient pu toujours exister
Une preuve irréfutable a été apportée, par hasard, de l’existence de cet état infiniment chaud, infiniment dense, infiniment lumineux qu’était l’univers à ses débuts. Deux astronomes américains, qui travaillaient en 1965 pour la société Bell téléphones, cherchaient à étalonner une nouvelle antenne, très performante, d’un radio-télescope destiné à capter les liaisons radio et téléphoniques intercontinentales, et ils furent gênés par un bruit de fond. Ils avaient beau tourner l’antenne dans toutes les directions, ce bruit de fond persistait. Ils se souvinrent alors qu’un autre astronome, célèbre, George Gamow, avait dit, vingt ans plus tôt qu’il devait rester quelque chose de l’intense radiation de l’univers primitif. Elle s’était probablement diluée au fil du temps, du fait de l’expansion de l’univers. Mais il devait en rester une trace. C’est ce « rayonnement fossile », comme on l’a appelé, que Pinzias et Wilson venaient de découvrir par hasard. Hasard heureux, puisqu’il leur valut le prix Nobel. On calcula vite que ce rayonnement était sous la forme d’une lumière très froide, à – 270 °C, qui baignait tout l’univers. C’est l’un des éléments sur lequel on se base pour soutenir la théorie du Big-Bang .
Bien entendu, on ne peut s’empêcher de poser la question, à laquelle s’attendent tous les astronomes qui parlent de ce problème : qu’y avait-il avant ? La réponse est simple, disent les physiciens : la question n’a pas de sens, puisque rien ne pouvait exister avant, ni l’espace ni le temps. Saint Augustin s’était déjà posé la question de savoir ce que Dieu faisait avant de créer le monde. Il mit des années avant de répondre de la même façon : il ne peut y avoir d’avant, puisque Dieu a créé le temps avec le monde.
Cependant, comme nous l’avons évoqué au premier chapitre, des théories récentes proposent d’autres hypothèses, dont certaines voudraient que le Big-Bang ne soit pas le moment de la naissance de l’univers et du temps, mais un état de crise violente dans un univers qui aurait existé depuis toujours – comme le temps, par conséquent. L’une de ces théories fait intervenir des notions étranges. En travaillant sur la conception d une théorie quantique de la gravitation, des physiciens ont imaginé que le temps, comme l’espace, pourraient être constitués de minuscules entités. C’est ce qu’on appelle la théorie de la « gravitation quantique à boucles », explique Lee Smolin, de l’université Waterloo (Ontario). Cette théorie n’est valable, pour le moment, qu’à une échelle infiniment petite. Elle suppose que le temps ne s’écoule pas de façon continue, mais comme les tics et les tacs d’une horloge, chacun durant un moment infiniment petit, de l’ordre de 1043 seconde – ou plutôt comme les tics et les tacs d’une multitude infinie d’horloges. Malheureusement, comme cela se passe à des échelles minuscules, il est impossible pour le moment de vérifier cette théorie par des expériences, car elles réclameraient d’être menées dans des accélérateurs de particules d’une énergie bien plus grandes que celles des appareils qui existent – et même de ceux à l’état de projet.
L’autre théorie qui s’oppose au Big-Bang et propose aussi que l’univers et le temps aient existé auparavant, fait intervenir une notion très complexe, fort à la mode actuellement parmi les physiciens théoriciens. Elle propose que les constituants ultimes de la matière ne soient pas des particules, mais des cordes, sans épaisseur et sans masse, qui vibreraient comme celles d’un violon, chaque mode de vibration correspondant aux caractéristiques des diverses particules actuellement connues. Des découvertes espérées, comme celle des ondes de gravitation, pourraient apporter la preuve expérimentale qui manque à ces théories, lesquelles ne sont, pour le moment, que des spéculations.
Vidéo: Le temps des cailloux : L’univers et le temps auraient pu toujours exister
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Le temps des cailloux : L’univers et le temps auraient pu toujours exister