Le temps du groupe
La psychologie des groupes
Le psychisme individuel n’est qu’un cas particulier de la psychologie des groupes, dit Freud. L’individu isolé est une abstraction, il n’a pas de sens : l’homme est, avant tout, un animal social. Il en est donc de la mémoire comme de toutes les autres fonctions qui font la culture humaine : celle de l’individu et celle de son groupe sont nécessairement liées. Toutes les sociétés humaines possèdent leur mémoire qui leur est tout aussi essentielle qu’est la nôtre, sur le plan individuel. Aucun groupe humain ne peut exister ni survivre s’il ne créé pas sa mémoire sociale, chargée de préserver, par des récits transmis de générations en générations, d’abord oralement, puis par écrit, les informations indispensables au bon déroulement de la vie quotidienne. Autrefois, elles concernaient essentiellement des choses pratiques, le travail des champs, l’activité artisanale, les rapports sociaux. Très vite s’y est ajoutée une mémoire associée, non plus à des faits, mais à des idées, à des traditions, à des souvenirs, à des mythes, à des symboles.
Cette mémoire collective a joué un rôle décisif dans le développement des innovations qui ont marqué, depuis l’aube de l’humanité, la culture humaine. Pour le préhistorien André Leroi-Gourhan, elle serait apparue avec la fabrication des premiers outils d’os et de pierre, dans la mesure où ce geste a créé une technique commune au groupe, et a tiré l’homme hors des servitudes de l’évolution biologique, lente et hasardeuse, pour le placer dans celle liée à la culture. La taille du silex représente aussi, nous l’avons vu, un premier signe de l’apparition de la notion de temps chez l’homme préhistorique. Mais ce n’est que vers – 30 000 ou – 40 000 ans que l’on observe les premières marques dans la pierre de traces évoquant des rythmes à intervalles réguliers, et qui seraient comme des souvenirs communs au groupe. Le préhistorien estime cependant que ce n’est qu’à un stade déjà très urbanisé des sociétés agricoles, c’est-à-dire entre – 10 000 et – 5 000 ans que va se développer la notion abstraite du temps, avec l’apparition d’activités liées à ce temps, comme l’agriculture, puis la symbolisation des astres sous la forme de dieux. « Peu à peu, dit-il, une trame symbolique s’est surimposée au mouvement complexe et élastique du temps naturel, dans un triple accord entre la nature, l’individu et la société. »
Vidéo: Le temps du groupe
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