Les isotopes artificiels : La scintigraphie ou le corps qui rayonne
La scintigraphie ou le corps qui rayonne
Dès 1938, Frédéric Joliot avait utilisé, avec son équipe, l’iode 128, émetteur p+de période radioactive égale à 25 minutes, pour étudier le métabolisme de l’iode chez l’animal, notamment après destruction de l’hypophyse, glande qui sécrète une hormone stimulant la thyroïde.
En 1949, ses collaborateurs Pierre Sue et Maurice Tubiana mirent au point la première technique de scintigraphie française en réalisant une véritable cartographie de la thyroïde. Ils utilisaient la radioactivité d’un autre isotope de l’iode, 131I, découvert à Berkeley en 1940, et dont la période est de 8 jours. Cet isotope était produit dans la première pile atomique française, Zoé, qui venait d’être mise en service au Fort de Châtillon (voir chapitre 14). L’iode injecté dans le sang se fixe au niveau de la thyroïde, et préférentiellement dans ses régions les plus actives du point de vue physiologique102. Une région inactive (nodule sombre) traduit une absence de fonctionnement, une région hyperactive est révélée par un excès d’émissions radioactives. Dans les deux cas, il s’agit d’une pathologie qui sera précisée par le praticien. La méthode élaborée par les deux chercheurs du Collège de France consistait, après injection d’iode radioactif, à déplacer un compteur Geiger-Müller au-dessus de la thyroïde du patient. Un pantographe, relié à ce détecteur, permettait de reporter sur une feuille de papier le nombre de rayonnements comptés par minute en fonction de sa position. Une véritable carte de la thyroïde s’établissait ainsi peu à peu.
La méthode fut améliorée progressivement, notamment aux États-Unis. Le déplacement du détecteur fut automatisé, le compteur Geiger remplacé par un scintilla- teur, plus sensible, et finalement, la caméra à scintillations fut inventée à Berkeley, en 1956.
Cet appareil (figure 61) comprend un ensemble de scintillateurs, chacun d’entre eux étant couplé à un photomultiplicateur, ce qui permet de mesurer simultanément la radioactivité gamma issue de tous les points de la surface étudiée. Aujourd’hui, ce dispositif est relié à un ordinateur qui délivre directement l’image de l’organe. À titre d’exemple, la figure 62 représente le résultat d’une scintigraphie de la thyroïde mettant en évidence l’existence d’un « nodule froid », c’est-à-dire d’activité physiologique réduite.
Les principaux isotopes radioactifs utilisés en scintigraphie sont présentés dans le tableau 3, avec leur période radioactive et les organes que chacun d’entre eux permet d’explorer préférentiellement. On remarque que l’isotope 99mTc103 possède un large spectre d’applications, en raison de son aptitude à visualiser de multiples organes, de sa période radioactive et de l’énergie de son rayonnement gamma, tous deux particulièrement bien adaptés aux techniques de scintigraphie.
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