Les paradoxes du temps : La cause précède-t-elle toujours l'effet ?
écrit le: 6 juillet 2013 par admin
On peut aller plus loin, dans ce domaine du vivant et se poser la question de savoir si le futur ne contient pas la cause du présent, si la raison d’être d’un œuf n’est pas l’être complet qui sera son aboutissement. Certains grands biologistes, comme Jacques Monod, prix Nobel, ont longuement disserté sur ce qu’ils appellent la « téléonomie », c’est-à-dire le principe selon lequel !,orientation vers le futur serait la mise en œuvre d’un programme, un peu comme dans un ordinateur, ou mieux, d’un projet. Les biologistes évoquent par exemple, le programme génétique qui conditionne les éléments de l’hérédité, donc tout le devenir d’un individu. Le rêve de toute cellule est de faire deux cellules, dit un autre grand biologiste français, prix Nobel lui aussi, François Jacob. Le rêve du premier poisson qui sortit de l’eau pour vivre sur la terre, il y a quelques centaines de millions d’années, était-il de faire apparaître les animaux terrestres ? Le projet d’un être vivant serait de vivre et de faire survivre son espèce : tout son comportement va dans ce sens, mais n’est-ce pas là une apparence ?
Dans ce raisonnement, c’est le but à atteindre qui commanderai le déroulement des opérations. Cette idée est séduisante, mais contient un risque, celui de revenir aux idées simplistes des siècles derniers, où la fin commandait les moyens, dans le cadre de ce qu’on appelait le vitalisme, ou l’animisme. «Le projet explique l’être et l’être n’a de sens que par son projet» dit Jacques Monod. Mais il ajoute aussitôt que le fait que seul le hasard, comme nous le verrons plus en détail, préside à l’évolution des êtres vivants, et lui ôte donc tout anthropocentrisme, est l’élément majeur qui ruine toutes les thèses vitalistes ou animistes.