Les rythmes humains : Chaque cellule vit son temps
Les cellules humaine
Les dix mille milliards de cellules que compte un organisme humain ont leur propre temps : aucune ne vit et ne meurt de la même manière. Il a été établi que toute cellule hérite d’une « personnalité » particulière, qui tient compte d’une mémoire, laquelle dépend des différentes positions que les ascendants de cette cellule ont occupé au début du développement de l’individu. Il semble qu’elles savent à quel moment elles vont mourir, comme si chacune d’elles possédait une horloge interne qui sonne son glas, disent d’une façon imagée Jean-Luc Prétet et Christiane Mougin, biologistes à l’université de Besançon. Cette horloge ne compte pas le temps en secondes ou en heures, nous venons de le voir, mais en divisions. C’est le nombre de divisions qui caractérise la vie de la cellule et commande sa mort, laquelle ne survient pas au même moment pour toutes.
Certaines se renouvellent souvent, comme celles de la peau, de l’intestin ou du sang. La majorité des cellules de la peau, chez l’homme, se divise de minuit à 4 heures du matin. Quelle est horloge qui leur donne ce rythme ? Quel système commande la mort, au bout d’un certain nombre de divisions, d’une partie des cellules humaines ? A moins, comme le pensent certains biologistes, que la cellule meure parce que l’horloge s’arrête. Mais pourquoi s’arrête-t-elle ? Les chercheurs ont imaginé que chaque cellule devait posséder une molécule dont la quantité diminue à chaque division. En deçà d’une certaine quantité, la cellule ne peut plus se diviser et meurt. On a découvert récemment cette molécule, responsable de la division des cellules, et les biologistes se sont aperçus avec étonnement qu’elle est la même pour tous les êtres vivants, de la levure à l’homme ! Mais on n’est pas encore certain qu’il s’agit bien de la clé de l’énigme du développement et de la mort cellulaires.
Pour d’autres biologistes cette horloge pourrait se situer à l’extrémité des chromosomes, ces bâtonnets qui contiennent les gènes, ces supports de l’hérédité de l’espèce, qui commandent également le fonctionnement de l’organisme, par le biais des protéines dont ils suscitent la production. Ces extrémités des chromosomes, qu’on appelle des télomères, et qu’on trouve chez tous les êtres vivants, diminuent de taille à chaque division et seraient donc le reflet de l’âge de la cellule et ]a pendule dont les aiguilles bougent sans cesse, au cours de la vie. Mais le lien entre ces télomères et le vieillissement n’est pas encore claire- ment démontré : leur raccourcissement en est-il la cause ou l’effet?
En 1956, un biologiste américain, Léonard Hayflick, a fait une expérience intéressante pour montrer la longévité des cellules. 11 a mis en culture, raconte le généticien lyonnais Jacques-Michel Robert, des cellules prises sur un poumon de fœtus. ? en a prélevé quelques-unes, les a mises dans un nouveau milieu nutritif, et a répété cette opération une cinquantaine de fois avant que les cellules donnent des signes de vieillissement et meurent. On peut cultiver aussi des morceaux d’organes : le biologiste français Alexis Carrel a conservé de 1912 à 1946 un fragment du cœur d’un embryon de poulet. Un accident a mis fin à l’expérience, ce qui fait que personne ne peut dire combien de temps elle aurait duré.
Si, en cours d’expérience, Hayflick congèle quelques cellules dans de l’azote liquide, à – 196 °C, elles ne meurent pas, mais cessent de se diviser. Il suffit de les réchauffer pour qu’elles reprennent une vie normale, même après plusieurs années de congélation. Mais, ce qui est très étonnant, ces cellules figées par le froid n’oublient pas pour autant leur âge : elles ne se multiplieront après réchauffement que pendant le temps qu¡ leur reste à vivre, compte tenu ?le celui qu’elles avaient vécu avant leur congélation. Ce qui paraît confirmer l’hypothèse que les cellules possèdent une horloge interne qui leur indique en permanence leur âge.
Il arrive que le temps de la cellule se dérègle. Un groupe se met parfois à proliférer de façon anarchique : c’est le début d’une tumeur cancéreuse, faite de cellules qui paraissent immortelles. Tout se passe comme si leurs horloges internes ne fonctionnent plus au même rythme que celui des autres cellules de l’organisme, ce qui est un élément en faveur de leur indépendance, mais complique la compréhension du phénomène. Les cellules sexuelles, spermatozo’ides et ovules, qui se transmettent d’un individu à ses descendants, peuvent être considérées aussi comme immortelles puisqu’on va les retrouver, de génération en génération, portant l’identité, la spécificité et la continuité de l’espèce.
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