Les structures sociales dans les sociétés animales: Des carnivores en troupes
Il existe deux autres types de carnivores vivant en troupes de plu-sieurs femelles et plusieurs mâles.
Les lions:
La troupe de lions (Panthera leo) comprend un groupe de femelles proches parentes possédées conjointement par un groupe de un à sept mâles, provenant ou non de la même troupe. Ce type d’organisation semble être le seul chez les lions.
Certains auteurs considèrent que le système social des lions représente un stade intermédiaire entre la forme de harem et celle de groupement multi-mâles/multi-femelles.
En fait, les femelles constituent le groupe social stable. Proches parentes, elles ne manifestent généralement pas de compétition entre elles, et allaitent même les petits d’autres femelles du groupe. La coopération des femelles pour l’élevage est bénéfique, car finalement la reproduction des mâles sera dépendante de la présence de compagnons de même âge.
En effet, les mâles sont éconduits au moment de l’adolescence, élément qui induit la dispersion. Proches parents, ils restent ensemble à l’âge adulte et essaient ensuite de prendre le dessus sur une autre troupe de résidents mâles. Leur succès est en rapport avec leur force numérique. Ainsi les paires de mâles ont un taux de succès assez faible, c’est pourquoi ils rejoignent fréquemment des mâles non apparentés pour former une coalition de plusieurs individus. Entre les mâles de même âge ou de même taille, il n’existe aucune hiérarchie de dominance. Lorsqu’un mâle s’associe avec une femelle en œstrus, les autres mâles ne cherchent pas à le concurrencer, la possession d’une femelle lui conférant une dominance temporaire. Par contre, si cette possession s’avère un peu incertaine, des combats peuvent se produire. Ces compétitions entre mâles sont très dépendantes du nombre de femelles dans la troupe : toutes les femelles tendant à entrer en œstrus simultanément, tous le^ mâles peuvent trouver à s’accoupler simultanément dans une grande troupe. Ainsi, la compétition est minimale, même si, lorsqu’elle a lieu, les mâles apparentés ne s’avèrent pas moins compétitifs que les autres pour les femelles en œstrus.
La chasse est surtout l’apanage des lionnes qui utilisent une technique d’embuscade. On a même pu montrer (G.B. Schaller, 1972) que l’embuscade collective fournit au moins deux fois plus de proies que la chasse en solitaire. Cela permet aussi aux lions de maîtriser des proies de grande taille [buffle, girafe). Les mâles chassent peu mais assurent la protection de la troupe, et notamment des jeunes.
Les hyènes:
Les hyènes brunes:
Chez les hyènes brunes (Hyaena brunnea), les bandes comprennent des individus des deux sexes mais, ici, les femelles ne s’accouplent qu’avec des mâles nomades extérieurs au groupe et jamais avec des mâles de leur clan (M.GL. Mills, 1982).
Ce système social n’est pas courant. Les mâles doivent soit rester dans leur groupe de naissance et devenir des aides à la reproduction des autres, soit se faire nomades. Les femelles, d’une corpulence plus importante, dominent les mâles et nombre d’entre elles se reproduisent.
Les hyènes tachetées:
Chez les hyènes tachetées (Crocuta crocuta), la dominance des femelles s’expliquerait par le fait qu’elles s’avèrent plus à même de défendre leurs petits contre d’autres mâles, éventuellement cannibales.
Elles vivent en meutes de cinq à quinze individus. Elles peuvent être territoriales, si les circonstances s’y prêtent : elles le sont, par exemple, dans le cratère du Ngorongoro où elles trouvent de grands troupeaux de proies, mais n’ont pas du tout ce comportement au Serengeti où les ongulés dont elles se nourrissent sont beaucoup plus mobiles et les obligent à se déplacer sur des domaines vitaux sans marquer aucune territorialité (H. Kruuk, 1972).
L’hyène rayée (Hyaena hyaena) vit seule ou en couple, parfois en petites meutes familiales.