Les vertébrés : Le cerveau des vertébrés de plus volumineux
Les Mammifères tirèrent un grand avantage d’être portés par leur mère pendant la période de gestation. Leur cerveau atteint des dimensions jusque-là inconnues. Dans la plupart des lignées, on constate une augmentation du volume du cerveau.
D’après Jerison, le cerveau des Mammifères s’est développé en fonction des nécessités de leur existence, alors qu’ils n’étaient que des petites créatures vivant à la périphérie d’un monde dominé par les Dinosaures.. Le poids du cerveau des Mammifères primitifs qui se développèrent rapidement après la disparition des grands Reptiles du Secondaire était inter¬médiaire entre celui des Reptiles et celui des Mammifères actuels. Jerison a comparé le poids du cerveau des Mammifères carnivores et celui des Mammifères herbivores, leurs proies probables. Chez les uns et les autres, le cerveau n’a pas cessé d’augmenter, mais les carnivores sont toujours en avance. Les animaux qui doivent capturer des proies pour survivre ont besoin d’un cerveau plus gros que ceux qui se nourrissent de végétaux. Siun quotient d’encéphalisation de 1 correspond à la taille théorique du cerveau du Mammifère moderne moyen :
Le cas des Mammifères marins, les Cétacés, intéressant en soi, l’est plus encore parce qu’il démontre l’importance du poids relatif, c’est-à-dire par rapport au poids du corps et non du poids absolu. La baleine peut peser jusqu’à six tonnes et son cerveau six kg ; le poids relatif est donc 1/1000e. Le dauphin, dont l’apparition est postérieure, au contraire, pèse environ 150 à 200 kg et son cerveau 1 700 g environ, ce qui donne comme poids relatif un rapport égal à celui de l’Homme, 1/50. On connaît d’ailleurs l’intelligence exceptionnelle de cet animal qui sait jouer et possède un véritable langage sifflé. Le cerveau des Singes anthropoïdes, gorille, poids 150 kg, orang-outang poids 100 kg, donne comme poids relatif 1 /200.
L’accroissement du cerveau n’est pas la règle absolue ; il existe des exceptions. Une des causes de disparition de certaines espèces a été le gigantisme qui crée une discordance entre le volume du corps et le poids du cerveau. Le déclin et la disparition des grands Reptiles du Secondaire, les Dinosaures, seraient en relation avec la petitesse de leur cerveau. Le Brontosaure, qui pesait trente cinq tonnes, avait un cerveau de moins d’une livre, ce qui correspond à un poids relatif de 1/100 000e. Certains Reptiles actuels sont microcéphales : pythons, boas, crocodiles ; ils restent somnolents les neuf dixièmes de leur existence.
L’augmentation progressive du poids du cerveau est particulièrement évidente chez les Hominidés.
La notion de volume doit être utilisée avec précaution pour juger de l’importance fonctionnelle de tel ou tel étage. Ainsi : Pour un Reptile tel que le lézard, les hémisphères cérébraux occupent 42,5 % du volume total et le diencéphale 10%. Chez l’Homme, les hémisphères cérébraux prennent 85 % du volume : il ne reste ainsi que 15 % pour tous les autres étages ; le diencéphale prend 2,7 % ; doit-on conclure que ce dernier s’est réduit du Reptile à l’Homme ? Certainement pas, puisque son organisation et son rôle sont plus importants chez le second que chez le premier.
Chez les Vertébrés inférieurs, le cerveau n’occupe pas toute la cavité crânienne ; il « flotte » dedans. Au contraire, chez les Mammifères, comme chez les Oiseaux, il occupe prestque toute la cavité, la paroi moule assez étroitement sa surface. Le moulage obtenu en coulant du plâtre ou mieux de la matière plastique dans la cavité donne une représentation du relief du cerveau et de son volume. Chez les Poissons, les Amphibiens et les Reptiles, un tel moulage donne une représentation de la cavité, non du cerveau.
Les Vertébrés acquièrent liberté et responsabilité progressivement. Ils ont des cellules associatives organisées en structures diversifiées, capables d’associer les signaux perçus et d’être à l’origine de conduites de plus en plus variées et adaptées à un plus grand nombre de situations. Chez les Poissons, les Batraciens et les Reptiles, les programmes de conduite inscrits dans les cellules nerveuses dès la naissance sont encore limités. Chez les Oiseaux et surtout les Mammifères, le comportement n’est plus seulement inné, il comprend aussi une part qui dépend de l’apprentissage. La liberté ou la libération du monde extérieur ne se réalise qu’avec l’apparition de l’écorce cérébrale qui reçoit presque tous les signaux du monde ambiant et les analyse pour décider ce qui est urgence et ce qui est contingence. Le gain est progressif ; dans la classe même des Mammifères, la possibilité de l’utilisation de la liberté suit l’augmentation de l’écorce cérébrale. Les Mammifères inférieurs, les Marsupiaux par exemple, sortent très peu des comportements dictés par leur instinct et donc prévisibles. Les Primates sont capables d’adaptations variées, non prévues par les programmes génétiques. Mais, là encore, si l’animal est capable de choisir entre plusieurs sollicitations, il dépend d’elles et n’agit qu’en réponse à ces sollicitations il se meut dans un monde d’objets et est mobilisé par ces objets.