Mythes et rites modernes : La littérature fantastique
La littérature fantastique
On peut considérer que les histoires de la littérature fantastique évoquent aussi des mythes. Elles sont souvent basées sur des distorsions du temps, et sont une façon de s’évader du monde organisé dans lequel nous vivons, en le rejetant, en le niant.
Le fantastique est une protestation contre la monotonie d’une vie trop quotidienne. Jouer avec le temps, c’est l’un des moyens les plus efficaces de nous dépayser. L’exploration de la Terre est finie, il reste celle du temps et l’utopie échappe au temps. George Orwell, dans son célèbre roman d’anticipation 1984, raconte comment le passé est sans cesse modifié, mis à jour, réécrit par le Parti, qui fait ainsi ce qu’il veut du temps, pour mieux disposer des citoyens. Des équipes de fonctionnaires sont chargées de réécrire en permanence l’histoire, laquelle doit s’adapter à la politique changeante du parti : « Le passé est ce que le parti veut qu’il soit. » Aldous Huxley, dans Le Meilleur des mondes, propose que, pour assurer la fixation définitive des institutions, pour que le temps n’ait plus de prise sur elles, il n’y ait plus d’intervalle entre le désir et la satisfaction. Dans les récits fantastiques, on voit souvent, soit l’arrêt du temps, soit sa répétition à l’infini, soit un retour en arrière : les mêmes événements se retrouvent dans un très ancien grimoire et dans la réalité du moment vécu par le héros. En cela, ils ressemblent aux contes, avec lesquels ils ont cependant une différence essentielle : alors que les histoires de fées se terminent généralement bien et ne font pas peur aux enfants, les récits fantastiques sont, au contraire, fabriqués pour créer l’épouvante et finissent très souvent mal.
Ce jeu avec le temps fait donc souvent la substance et le succès de la littérature fantastique, comme les innombrables récits bâtis autour des machines à remonter le temps, dont certains appellent d’amusantes réflexions. Celle, ainsi, du chasseur invité dans un safari préhistorique et à qui l’on recommande avec insistance de ne pas quitter l’étroit sentier balise qui doit le conduire vers le dinosaure qu’il veut abattre. Bien entendu, il glisse et écrase quelques bestioles. Lorsque sa machine à remonter le temps le ramène vers sa civilisation, il constate avec horreur que la tranquille démocratie qu’il avait quitté est devenue une épouvantable et sanglante dictature. L’écrivain René Barjavel raconte dans Le Voyageur imprudent, l’histoire d’un voyageur dans le temps qui retourne à l’époque de la Révolution, se querelle avec un inconnu, qu’il tue. C’était son ancêtre et il disparaît aussitôt. Les fontaines de jouvence, les tractations avec le Dr Faust sont d’autres aspects évocateurs de mythes populaires liés à la distorsion du temps, qui se rapportent à la vieille nostalgie, au fol espoir de l’homme d’arrêter ce temps qui le pousse inéluctablement vers la vieillesse et la mort. «Si Y Odyssée, VÉnéide, la Divine Comédie, Don Quichotte ou Faust ont pu créer des mythes et conserver une fraîcheur qui défie les siècles, c’est grâce à l’élixir de longue vie dont les anime la poésie du fantastique », dit l’écrivain Marcel Schneider. La science-fiction est conçue pour offrir au lecteur ce dont il ne peut disposer dans sa vie quotidienne, ou ce qui restera toujours en dehors de sa connaissance. Le mystérieux ouvre tous les horizons, même les plus extravagants .
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