Soucoupes volantes et voyages vers Mars : des mythes ?
Les mythes
Les mythes et les rites n’ont donc pas disparu de notre vie quotidienne, car aucune société ne peut échapper complètement à ces enthousiasmes populaires et à ces souvenirs symboliques. Il faut qu’elle engendre ce qu’on pourrait appeler des modèles exemplaires. Mais leur importance individuelle et sociale est différente et s’est atténuée. Ce qui n’est pas sans poser de problèmes : il n’est pas impossible, note le psychologue américain Erik Erikson, que la diminution de l’importance des rites soit l’une des causes du malaise actuel de nos sociétés occidentales. Il semble que l’homme ait besoin d’être périodiquement renforcé dans son rôle de « ritualiseur », dit-il, afin d’être une figure reconnue de ses enfants et de son entourage.
Les mythes modernes sont fugaces, ce qui peut mettre en question leur réalité. On se souvient de mythes récents, très populaires, comme celui des soucoupes volantes, dans les années 1950, lorsque fleurissaient dans la presse des récits d’apparitions d’engins venus, soi-disant, d’autres mondes habités. On entendit même des témoignages de ceux qui prétendaient avoir été enlevés par des êtres venus d’ailleurs. Au moment de la grande rivalité entre les Américains et les Soviétiques, dans les années 1960, avec les préparatifs de la conquête de la Lune, l’espace avait suscité une source de rêves mythiques, mal définis mais bien réels, chez nombre d’Occidentaux. Cet engouement est retombé avec l’arrêt des vols humains spectaculaires : les astronautes qui volent dans les stations spatiales n’intéressent plus guère, car ce sont des ingénieurs qui effectuent des tâches techniques, lesquelles n’excitent pas l’imagination, et chaque départ de fusée se passe dans l’indifférence quasi générale – sauf quand il tourne à la catastrophe. Cet enthousiasme pour l’espace ressortissait de la vieille mythologie de la vie extra-terrestre, qui revient au goût du jour avec la découveite récente de planètes tournant autour d’autres étoiles que notre Soleil, et dont certaines pourraient abriter une forme de vie. Les spécialistes américains de l’espace tirent d’ailleurs une bonne partie de leurs revenus des subventions données par l’Etat, sous la pression de l’opinion, pour financer de nouvelles missions humaines vers la Lune et l’envoi d’engins vers la planète Mars, sur laquelle on devrait trouver de l’eau, et donc peut-être dans le sous-sol la trace de très anciennes formes rudimentaires de vie.