Des sources naturelles de polluants atmosphériques
Le benzène
Le benzène est un corps chimique de base, que l’on rencontre dans de très nombreux produits, et en particulier dans les carburants. On produit et on utilise dans le monde, chaque année, plusieurs dizaines de millions de tonnes de benzène. Considérées comme toxiques et même cancérigènes, les vapeurs de benzène affectent principalement les employés de l’industrie du pétrole (raffineries) et les personnes en contact permanent avec la circulation automobile (conducteurs de bus, agents de police, chauffeurs-livreurs, etc.).
Quels effets sur la santé ?
L’exposition à une grande quantité de benzène provoque une somnolence, un état d’ébriété et des maux de tête. À doses plus discrètes, on accuse le benzène de provoquer des troubles de la mémoire, et d’avoir des effets irritants sur la peau, les yeux et le système respiratoire. Une exposition chronique au benzène, par exemple dans un cadre professionnel (mécaniciens, citernistes, industrie des parfums, etc.), est toxique pour les cellules sanguines et la moelle osseuse, et est à l’origine de leucémies.
Depuis les années 1990, le benzène fait régulièrement l’objet de débats, qui n’aboutissent pas toujours à des décisions cohérentes. On sai t maintenant avec certitude que le benzène est un produit toxique pour la santé humaine avec en particulier, un risque accru de leucémies chez les personnes soumises à une exposition chronique. Mais à partir de quelles concentrations de benzène doit-on commencer à faire attention ? Là est toute la question. Une exposition chronique de 128 à 160 mg/m3 de benzène est responsable de maladies cancéreuses (leucémie, lymphome). Les expositions chroniques les plus importantes n’atteignent pratiquement jamais une telle valeur. En France, le taux maximal autorisé dans les professions à risque est de 16 mg/m3. Il s’agit principalement des mécaniciens automobiles motoristes, des personnels de raffineries affectés au chargement du carburant en vrac dans des locaux fermés ou mal ventilés, et des pompistes.
Les lieux de pollution
La moyenne de pollution par le benzène en ville est de 0,02 mg/m3 par 24 heures, due essentiellement au benzène émis par les véhicules à essence. Il existe également une pollution d’origine naturelle par le benzène : émission par les végétaux, les feux de forêt. On trouve également des taux de benzène préoccupants dans les appartements (le benzène est présent dans les cires, les colles et autres produits courants d’entretien ou de bricolage de la maison). Enfin et surtout, la plus grande source de contamination par le benzène est le tabac, dont l’usage équivaut à long terme à une intoxication professionnelle à haut risque.
Dans notre vie quotidienne, nous sommes donc soumis à des taux très variables de benzène, et le danger de cette substance est encore insuffisamment évalué ! Par exemple, lorsque nous faisons un plein d’essence (il n’y a plus de pompiste pour le faire à notre place), nous respirons une grande quantité de benzène, pendant une période de 2 minutes environ. Le taux de benzène augmente également très vite dans une voiture qui reste en plein soleil, vitres closes, du fait des émanations du moteur. Habituellement, la concentration de benzène est de 0,050 mg/m3 dans une voiture, elle grimpe à 2,7 mg/m3 en plein soleil, et dans la station-service la moyenne est de 3,2 mg/m3. Si on ajoute à cela l’exposition au benzène due à la pollution urbaine et au tabac, ce sont des taux non négligeables auxquels nous sommes exposés. Malheureusement, aujourd’hui les experts n’ont pas précisément déterminé les seuils d’exposition que le corps peut tolérer. Curieusement, ce risque bien réel du benzène n’a pas encore déclenché de mouvements d’opinion de grande ampleur, en dépit de publications parfois alarmistes, mais qui restent sporadiques.
Du benzène dans des eaux en bouteille
Il n’en est pas de même lorsqu’il s’agit de l’eau de boisson et de l’alimentation, comme l’a montré l’affaire Perrier, au début des années 1990.
À cette époque, en février 1990, un organisme américain détecte quelques traces de benzène (rien à voir avec les taux dont nous avons parlé plus haut) dans des bouteilles de Perrier®, cette eau gazeuse alors en vogue chez les Américains. La société française productrice de cette eau gazeuse avait réussi le tour de force de faire boire de l’eau en bouteille aux Américains, pour un prix astronomique ! La détection de traces de benzène (due à une erreur de changements de filtre dans l’unité de production de Vergèze dans le Gard) a fait s’écrouler en quelques mois ce grand rêve américain, non seulement à cause de la présence de benzène, mais surtout à cause du scandale que représentait cette pollution dans une eau dont toute la publicité reposait sur la pureté. La société Perrier® a alors imaginé de rapatrier quelque 160 millions de bouteilles à travers le monde, a changé de propriétaire, mais cet accident a laissé des traces dont la célèbre eau du Gard ne s’est pas encore remise.
Certes, nous absorbons beaucoup plus de benzène quand nous faisons un plein d’essence que lorsque nous buvons une bouteille d’eau minérale, mais l’effet psychologique de la présence de benzène dans l’eau soi-disant pure de la source Perrier®, a eu un impact beaucoup plus fort que tous les rapports scientifiques, même les plus documentés.
Et les malheurs des boissons ne semblent pas près de s’arrêter, semble-t-il, car une étude britannique publiée en mars 2006 montre qu’il y aurait des traces non négligeables de benzène dans quelque 230 boissons fraîches anglaises, françaises et européennes (la liste des boissons en cause n’a pas été publiée), et qui seraient supérieures au taux de benzène maximal autorisé dans l’eau du robinet.
La cause de la présence de benzène dans ces boissons est encore à l’étude, bien qu’elle ne soit pas la conséquence d’une pollution, mais plutôt l’effet d’une réaction chimique entre des produits utilisés dans cette industrie, comme le benzoate de sodium (agent conservant) et l’acide ascorbique (vitamine C).
Les hydrocarbures
Les hydrocarbures sont une fraction des carburants qui s’échappent du moteur automobile sans avoir été brûlés. Le plus important d’entre eux est le méthane, gaz qui contribue à l’effet de serre (et donc au réchauffement de la planète). En dehors du méthane, dont l’origine est aussi bien agricole qu’industrielle, la majorité des hydrocarbures présents dans l’atmosphère sont la conséquence du transport automobile. Les hydrocarbures, en cas de contact prolongé avec la peau ou le système pulmonaire (dans le cas de certains professionnels des transports) sont responsables de nombreuses maladies : cancers, leucémies, maladies du système nerveux, anomalies génétiques.
Le monoxyde de carbone
Gaz inodore et mortel, le monoxyde de carbone est un produit de la combustion (voir plus haut). On le trouve en plus grande quantité lorsque la combustion est défectueuse, par exemple dans les chaudières à gaz. Le monoxyde de carbone, libéré dans une atmosphère peu aérée, par exemple une salle de bains, est un gaz dangereux pour les
personnes porteuses de maladies cardiovasculaires, est nocif pour le système nerveux central et est rapidement mortel en cas d’intoxication massive (l’oxyde de carbone se lie à l’hémoglobine sanguine, à la place de l’oxygène, et provoque rapidement une asphyxie).
L’oxyde de carbone est présent dans l’atmosphère à cause essentiellement de la circulation automobile, et est dangereux pour les personnes souffrant d’insuffisance respiratoire ou de maladies cardiovasculaires. L’intoxication aiguë à l’oxyde de carbone est une urgence médicale, en raison du risque d’œdème aigu du poumon, d’infarctus ou d’atteinte cérébrale.
Vidéo: Des sources naturelles de polluants atmosphériques
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