Les principaux problèmes associés à l'augmentation de la demande d'énergie asiatique
Tendances et perspectives de consommation et de production
Le mix énergétique chinois résulte d’une volonté politique forte de préserver l’indépendance nationale. Le charbon représente ainsi 66 % de la consommation primaire, chiffre qui devrait rester élevé en raison de l’abondance des ressources locales (deuxième volume de réserves au niveau mondial). Le pétrole, qui représente 18 % du mix énergétique, a longtemps reposé sur les ressources domestiques, mais l’accroissement récent de la demande a fait basculer la Chine du côté des importateurs nets. La troisième principale source est la biomasse traditionnelle, qui pèse encore pour 10 % malgré les progrès de l’électrification. À l’horizon 2030, selon le scénario de référence de l’Agence Internationale de l’ énergie (AIE ensuite), la Chine est appelée à devenir l’importateur net de premier rang des trois énergies fossiles : 13,1 mb/j de pétrole, 117 milliards de mètres cubes de gaz naturel et 88 millions de tonnes de charbon (AIE, 2009). Pour donner un ordre de grandeur, en dépit de l’importance des ressources locales, la Chine représenterait ainsi 7 % du commerce mondial du charbon, du fait de l’augmentation des besoins en matière de génération d’électricité (passage de 502 à 1 275 GW d’électricité à partir de charbon, entre 2007 et 2030).
Le mix énergétique indien est également caractérisé par une forte utilisation du charbon, le pays disposant d’énormes réserves. Le charbon représente près de 40 % du mix énergétique et est principalement utilisé pour la production d’électricité. À l’instar de la Chine, les deux autres sources principales d’énergie sont le pétrole (24 %) et la biomasse traditionnelle (27 %), utilisée dans les zones rurales. Même si le recours au gaz a récemment cru, cette source reste encore marginale dans le mix énergétique. Le phénomène majeur est la perspective, d’ici 2030, de voir la part du charbon augmenter à 45 %, également pour répondre au besoin de production électrique.
Le mix énergétique japonais a lui évolué drastiquement au cours des cinquante dernières années. Dans les années 1950, le charbon couvrait la moitié du besoin, un tiers étant par ailleurs couvert par l’hydraulique. Par la suite, le gouvernement a décidé d’utiliser massivement le pétrole, jusqu’aux chocs des années 1970 qui ont requis une diversification rapide et la promotion des usages efficaces, faisant du Japon un pionnier en ce domaine. Le mix japonais est composé de 45 % de pétrole, 22 % de charbon, 13 % de nucléaire et 16 % de gaz naturel. Le Japon poursuit sur la voie de la réduction du recours au pétrole et au charbon. Cette orientation est tout d’abord dictée par la faiblesse des ressources fossiles locales : plus encore qu’en Chine et de l’Inde, il s’agit avant toute chose de réduire la dépendance externe. A cela s’ajoutent, de façon prégnante, des préoccupations liées au changement climatique qui expliquent la place encore accrue qui sera laissée au nucléaire à l’horizon 2030.
Les poids des géants asiatiques sur les marchés d’hydrocarbures
En raison de leur poids croissant dans la consommation, les pays asiatiques devraient impacter plus fortement le prix des énergies fossiles à moyen terme, à commencer par celui du gaz : dans tous les scénario proposés par l’AIE, la Chine et l’Inde importeront près de la moitié de leur gaz naturel d’ici à 2030. L’Inde dépendra presque entièrement du Moyen-Orient, alors que la Chine disposera d’une plus grande diversification avec plusieurs fournisseurs, l’Australie, d’autres pays en voie de développement en Asie et des économies en transition.
En matière pétrolière, plus de 70 % de la demande additionnelle au cours de la période 2008-2030 émanera de l’Asie : la part dans la consommation mondiale de Chine et de l’Inde est susceptible de passer de 12 % en 2005 à 22 % en 2030 selon le scénario de référence de PAIE et de 17 % à 27 % pour l’ensemble des pays asiatiques en voie de développement (AIE, 2009). Il convient également de noter que le Japon et la Corée ont déjà une dépendance de 100 % vis-à-vis des importations de pétrole.
Concernant le charbon, la Chine et en Inde, qui représentent déjà 48 % de la demande mondiale, pèseront près de 85 % de la demande additionnelle à l’horizon de 2030. En outre, les autres pays asiatiques sont très actifs sur le marché mondial : le Japon, la Corée du Sud et Taïwan sont les trois plus grands importateurs 5 de charbon, tandis que l’Inde et la Chine sont classés respectivement 5e et 8e. Selon l’AIE, les pays asiatiques en voie de développement sont appelés à compter pour les 2/3 de la consommation mondiale en 2030 (AIE, 2007a).
Ce cas du charbon est assez emblématique de la pression montante émanant d’Asie et mérite une attention spécifique. Au cours de la dernière décennie, les pays asiatiques ont considéré le charbon comme un carburant bon marché et disponible et l’ont privilégié pour développer leur production d’électricité. En conséquence, les prix du charbon ont grimpé en flèche entre 2000 et 2005, passant d’environ 40 à 65 US $ par tonne de houille. L’année 2004 peut être considérée comme le tournant.