Entreprise et Environnement: Le cadre de références
Qu’est-ce que l’environnement ?
A cette question, qui risque de nous entraîner à des considérations philosophiques qui dépassent largement la compétence et l’intérêt du chef d’entreprise, il faut une réponse simple : l’environnement est l’écosystème planétaire que toute activité humaine peut soit dégrader, soit améliorer.
La dégradation, qui est l’objet de préoccupations des législateurs et groupes de pression, concerne quatre grandes catégories de pollueurs.
- L’industrie : elle produit des déchets solides, des effluents liquides, des gaz d’émanation, des accidents détériorant souvent durablement des sites.
- Les services : ils produisent des déchets solides (moyens de transport, ordinateurs, moyens de communication), des effluents liquides (tourisme d’été) et des gaz d’émanation (autoroute du Sud).
- La distribution. : elle produit des déchets solides (les emballages et les objets usagés), des accidents (incendies d’entrepôts à émanation toxique), des effluents liquides (nettoyage) et des fumées (incinération).
• Les ménages : ils produisent des déchets, des effluents liquides, des fumées et des montagnes de produits consommés.
L’industrie de l’environnement
Elle s’est créée à partir de la prise de conscience généralisée des années 80, et est en train de se structurer autour de trois grands secteurs à travers le monde.
Les produits de consommation
En dehors des effets marketing remarquables et bien orchestrés, à la fois aux États-Unis, en Allemagne et dans les pays scandinaves, il s’agit essentiellement, d’une façon plus sérieuse, de quatre grands secteurs de substitution :
– l’élimination des métaux lourds (piles, électronique) ;
– les plastiques biodégradables (emballages, outils, ustensiles) ;
– les détergents ;
– le CFC, le C02 et le NOx (gaz nocifs courants : vaporisateurs, chauffage, moteurs à explosion classiques).
Le grand avantage et le grand danger en même temps que comportent les politiques en matière de produits verts de consommation, est que le résultat est tangible par chacun, dans son magasin, dans ses actes d’achat quotidiens.
Les labellisations vertes (Blaue Engel en Allemagne) sont contrôlées d’une façon rigoureuse. L’inconvénient, pour une stratégie verte réellement responsable, est que la labellisation verte s’arrête nécessairement quelque part en amont du processus de l’activité humaine.
La voiture électrique est incontestablement, dans l’immédiat, moins polluante que la voiture à moteur à explosion, même muni d’un pot catalytique. Mais dans les pays où l’électricité dépend de vieilles centrales thermiques, elle produit indirectement plus de C02 dangereux que sa consœur ne produit de NOx, grâce à la pollution atmosphérique de ses fournisseurs de courant électrique. Et lorsqu’il s’agira de la mettre à la casse, mieux vaut ne pas se demander ce que deviendront les piles à base de métaux lourds…
La recherche de produits de substitution est absolument indispensable, mais ne peut – comme c’est actuellement le cas trop souvent, surtout dans la partie Nord de l’Europe – se soustraire à un examen de la filière complète cradle to tomb (du berceau au tombeau), non seulement des produits, mais surtout des processus et des services. Dans ces deux derniers domaines, sans être leader, la France est beaucoup moins mal positionnée que son absence de communication pourrait le laisser supposer.
Les investissements industriels
Il s’agit de trois filières :
– les industries de recyclage et de nettoyage ;
– l’ingénierie des technologies propres ;
– l’industrie de la mesure et du contrôle.
Les industries de recyclage et de nettoyage se sont déjà largement développées et connaîtront dans les dix années à venir une expansion d’abord explosive (jusqu’en 1998-1999) puis stagnante, compte tenu de l’explosion du marché de l’Est dans ce domaine.
L’ingénierie des technologies propres et l’industrie de la mesure et du contrôle sont, en revanche, appelées à une croissance linéaire, qui dépassera probablement en importance le chiffre d’affaires du recyclage- nettoyage avant la fin du siècle et qui restera une activité fondamentale, comme l’énergie, l’eau ou l’agro-industrie, pendant le premier quart du XXIe siècle.
Les services
Parallèlement aux investissements industriels, les services en matière de gestion de l’environnement se développeront et deviendront un facteur fondamental dans l’économie des pays de l’hémisphère Nord.
Il s’agira de :
– mesure, diagnostic et contrôle en temps réel ;
– évaluation d’incidents et systèmes experts ;
– élaboration de logiciel de service ;
– supervision humaine ;
– financement et assurances ;
– formation et sensibilisation.
Environnement et écologie
Les forces agissantes, qui font que la stratégie verte devient une composante essentielle de toute stratégie d’entreprise, ne sont ni passagères, ni l’effet d’une mode.
En cette fin du XXe siècle, il se trouve que l’entreprise européenne est confrontée aux réalités suivantes :
– un héritage d’irresponsabilité environnementale en Europe occidentale, dont seule l’industrie de l’ancien Comecon et les services à travers l’ensemble du sub-continent européen peuvent encore donner une idée ;
– une urbanisation, au niveau planétaire, que seule une prise en charge de la responsabilité et de la régulation au niveau des grandes régions mondiales peut prétendre gérer ;
– un élargissement de la notion de démocratie au domaine de la responsabilité, de l’environnement, terrain de lutte où aucun pouvoir personnel ou collectif ne prétend à la possession ;
– une contestation des processus et des procédés, justifiée ou non, par des groupes de pression qui contestent également le droit de décision des entrepreneurs en matière d’investissements, si ceux-ci leur paraissent contraires aux intérêts de l’environnement ;
– une exigence des consommateurs, regroupés ou non dans des associations, qui vise la qualité et le service à la communauté, sans trop se préoccuper des contraintes de l’entrepreneur ;
– un ensemble de règles, de normes et de législations, contradictoires parfois, incohérentes sûrement, émanant de la région, de l’État, de Bruxelles, parfois de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), auxquelles l’entrepreneur a quelque mal à trouver une cohérence ;
– un développement technologique mondial qui pourrait certainement répondre, de par sa rapidité, aux exigences des uns et des autres, mais qui les dépasse la plupart du temps…
La stratégie verte de l’entreprise doit prendre en compte l’ensemble de ces forces agissantes, comme antagonistes certes, mais par ce biais- là même comme forces créatrices de l’insertion de l’économie dans l’écosystème.
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