Les collectivités de rôle homogènes
la formation des classes et des groupes de pression
Au fur et à mesure que la division du travail et des rôles devient plus poussée et que les systèmes hiérarchiques pèsent davantage sur le fonctionnement de la société, le sens de la communauté — qu’elle soit petite ou large — s’affadit ou se réduit, à la limite, à quelques attitudes convenues. Il ne disparaît cependant pas, il change d’objet.
Tous ceux qui occupent les mêmes postes se trouvent confrontés aux mêmes problèmes et ont des intérêts communs. Ils forment objectivement des collectivités à peu près homogènes. Lorsque ceux qui les constituent sont en communication facile les uns avec les autres, il leur est possible de prendre conscience de la similitude de leurs positions et de l’avantage qu’il peut y avoir à les défendre en commun ; les collectivités se transforment en classes ; les conditions géographiques de proximité et de relations rapides conditionnent cette transformation (Claval, 1973).
Grâce aux communications modernes, l’idée de classe s’est élargie à tous les groupes de gens occupant des positions analogues dans la pyramide sociale — même s’ils n’ont pas l’occasion de se rencontrer fréquemment et s’il ne s’agit pas de travailleurs. Cette évolution est très frappante dans nos sociétés en ce qui concerne les femmes, les jeunes et même certains groupes marginaux comme les homosexuels. Utilisant tous les moyens à leur disposition, les manifestations de rue, les pressions politiques à chaque scrutin, ils s’efforcent de faire connaître leurs problèmes et leurs positions, et réussissent à obtenir du législateur et de l’opinion publique une solution à beaucoup de revendications.
Classes et culture
Les classes ne diffèrent pas seulement par leurs activités, leur position hiérarchique et leurs revenus. Ceux qui les composent n’accèdent pas de la même manière à la culture (Bemstein, 1971). Dans les milieux modestes des sociétés traditionnelles, les parents n’avaient pas les moyens d’envoyer les enfants à l’école et les mettaient très tôt au travail : les jeunes tiraient tout ce qu’ils savaient (l’environnement proche, de la famille, de la rue, des camarades, puis de l’atelier où ils étaient ensuite placés en apprentissage. Dans le même temps, les enfants des classes moyennes étaient scolarisés et ceux des classes supérieures h rêvaient les leçons de précepteurs. Leur formation était plus longue, passait par l’écrit, impliquait l’apprentissage de langues mortes ou de langues étrangères, et mettait l’accent sur les préceptes moraux sur lesquels reposaient les techniques sociales d’encadrement. Les contrastes ne s’établissent plus aujourd’hui entre culture populaire et culture élitaire, mais entre culture de masse et culture technique et savante : ils n’ont pas exactement la même signification, mais ils maintiennent la dimension culturelle des oppositions sociales.
Les aspects culturels des faits de classes sont essentiels pour comprendre comment les uns et les autres prennent conscience de ce qui les unit et de ce qui 1rs différencie. Les rapprochements sont plus faciles entre ceux qui doivent à la similitude de leur formation d’utiliser les mêmes mots, de parler avec le même accent, de pratiquer la religion de la même manière et de partager les idéologies que véhiculent les systèmes de formation qu’ils ont connus.
Dans toute société, les groupes qui ont pour fonction de forger et de transmettre des valeurs constituent une classe, celle des intellectuels dans notre monde, des piètres dans d’autres sociétés. Les théoriciens marxistes lui dénient toute existence, mais savent parfaitement la mobiliser : c’est elle qui guide et justifie la politique du Parti !
Vidéo : Les collectivités de rôle homogènes
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