Cultures de masse et cultures savantes ou techniques : uniformisation et eclatement
Unité retrouvée et nouveaux dualismes : cultures de masse et cultures savantes
La modernisation telle que nous l’avons décrite réduisait les dualismes culturels par la généralisation de l’écriture : c’est comme cela que ses théoriciens pensaient qu’elle allait continuer à progresser. Avec la régression de l’analphabétisme, le but semblait proche. C’était sans compter l’effet des nouvelles technologies : grâce au téléphone, au cinéma et à la télévision, l’oralité rivalise avec l’écrit pour assurer la diffusion des messages sur de larges espaces. À l’unité retrouvée des cultures de masse (McLuhan, 1968) correspond l’effacement des structures hiérarchiques qui donnaient au monde traditionnel sa spécificité.
La mobilité accrue multiplie les contacts entre cultures. Ceux-ci se développent épisodiquement à l’occasion des déplacements touristiques, ou de manière permanente, lorsque des populations d’origines différentes et provenant de milieux inégalement développés viennent vivre dans les mêmes villes.
L’élévation du niveau de vie allonge la scolarité, généralise l’accès à l’enseignement secondaire et ouvre largement l’enseignement supérieur. Dans beaucoup de domaines, il est devenu facile d’apprendre tout seul en écoutant des cassettes ou en regardant des vidéo-cassettes. L’utilisation de l’ordinateur et les programmes qui ont été préparés pour en tirer parti offrent des procédures efficaces de formation personnelle.
Les sociétés contemporaines ne sont pas seulement caractérisées par la diffusion des nouvelles formes de la culture de masse. Elles le sont aussi par l’accès d’un nombre croissant d’individus à des niveaux de savoirs jusque-là réservés à d’étroites élites. Les formes savantes de la culture cessent dès lors d’être fondamentalement associées à la structure hiérarchique de la société. Les savoirs avancés sont désormais axés sur l’accès aux techniques.
Vers une nouvelle géographie des faits de culture ?
La révolution contemporaine de la communication remet donc profondément en cause la nature géographique et le rôle des composantes de la culture. Aux traditions populaires étroitement localisées se substitue une culture de masse dont beaucoup de formes sont les mêmes d’un bout à l’autre de la planète. Les cultures élitaires de jadis, axées sur des champs de valeurs qui structuraient les consciences d’appartenance et les niveaux supérieurs des sentiments d’identité, ont cédé la place à des cultures savantes beaucoup plus diversifiées et tournées soit vers la production, soit vers certaines formes de loisirs : le contenu religieux ou idéologique a cédé le pas aux connaissances scientifiques ou aux savoir-faire et tours de main que les nouveaux moyens pédagogiques permettent d’apprendre hors de la relation traditionnelle d’apprentissage.
Dans le monde traditionnel, les formes populaires de la religiosité étaient encadrées ou transcendées par celles élaborées par les élites. À l’heure actuelle, rien ne vient donner un sens à la sensibilité religieuse brute qu’exaltent les formes les plus prégnantes de la culture de masse, la musique par exemple.
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