La Canicule de 1976 en France : 14802 morts officiels
La Canicule de 1976 en France : 14802 morts officiels
La sécheresse de 1976, en France, pourtant bien moins impressionnante que celle de 2003 en matière de pics de température et de durée des températures caniculaires, a provoqué 6 000 morts surnuméraires par rapport aux années « normales » . En 1983, la vague de chaleur dans le sud-est de la France « (…) a été à l’origine d’une surmortalité de 300 décès dans la seule région de Marseille, imputable directement ou indirectement à la chaleur . Ainsi, lors de la dernière semaine de juillet 1983, les températures minimales à Marseille n’ont pas baissé en dessous de 28 °C, avec un air humide et des températures maximales comprises entre 35 et 41 °C. Le thermomètre n’est pas descendu en dessous de 20 °C pendant vingt jours. La surmortalité en juin et juillet 1983 sur l’ensemble de la France s’est élevée au total à 4 700 décès .
Cette vague de chaleur n’a pas été perçue par le grand public comme un épisode dramatique. En revanche, certains professionnels de santé s’y sont intéressé de près, comme en témoigne un article publié en 1992 dans la revue Santé publique. Il revêt une importance toute particulière car l’un de ses coauteurs est le Pr Jean-Louis San Marco , que nous retrouverons à propos de la canicule de 2003. « Pendant les dix derniers jours du mois de juillet 1983, la mortalité a plus que doublé à Marseille, passant de 273 décès en moyenne au cours des quatre années précédentes à 573 décès en 1983. Cette surmortalité a touché plus les femmes que les hommes (augmentation respective de 162 % et 67 %) mais elle a surtout frappé les personnes âgées. Cela a coïncidé avec une vague de chaleur sans précédent depuis que l’on enregistre les températures. Un faisceau d’arguments concordants permet d’évoquer une relation causale entre les deux phénomènes avec un fort coefficient de probabilité. »
Cet article indique à partir de quels seuils de température il convient de prendre des mesures de santé publique, et lesquelles. En règle générale, c’est à partir de 35 °C le jour et lorsque la température de 22 °C a été atteinte au cours de la nuit. Le centre de météorologie situé sur l’aéroport de Marseille-Marignane le signale alors au laboratoire de santé publique de la Faculté de médecine. La presse écrite et audiovisuelle est alors alertée. Il est rappelé que, depuis 1984, le Bureau d’aide sociale a diffusé plus de 1 million de plaquettes indiquant les précautions à prendre. Celles-ci sont élémentaires : « Pour les nouveau-nés : un biberon d’eau fraîche s’il est chaud et/ou rouge et/ou grognon. Pour les adultes : boire régulière¬ment. Pour les personnes âgées : vaporisation d’eau sur les parties découvertes, ou linge humide à passer sur les mêmes parties, à renouveler toutes les demi-heures. Pour tous les adultes : retransmettre l’information à leurs parents et proches âgés de plus de 60 ans. »
La revue Santé publique est l’organe de la Société française de santé publique. C’est une revue scientifique francophone, avec comité de lecture, et qui n’est donc pas réputée pour son manque de sérieux. Le contenu d’un tel article n’a pu échapper aux services ministériels concernés. Avec le recul, c’est-à-dire les 14 802 morts officiels de la canicule de 2003 en France (soit 60 % d’augmentation par rapport à la moyenne des années précédentes), la phrase de conclusion sonne comme un glas : « Il reste maintenant à évaluer cette action de santé publique en établissant le rap¬port exact entre surmortalité et élévation thermique et en mesurant la modification dans la valeur de ce lien qu’introduit la diffusion d’une information efficace. » Cette modification n’a pu être mesurée à temps puisque, entre 1992 et 2003, rien n’a été fait en matière d’information systématique des personnes à risque. Il aura fallu attendre la fin du printemps 2004 pour que des conseils en matière de lutte contre la canicule soient diffusés dans les pharmacies.
Vidéo : La Canicule de 1976 en France : 14802 morts officiels
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