Les lieux du fleuve : Gorges et canyons
Gorges et canyons
Les tronçons étroits, où le fleuve occupe en eaux moyennes la totalité du lit sans débordement possible en cas de crue, ont des origines diverses : exploitation d’une ligne de faiblesse lithologique comme dans le cas des étroits du bassin amazonien ; surimposition pour le Colorado ou la Snake. Dans tous les cas, la moindre variation de débit se traduit par une variation rapide du niveau de l’eau : dans le cas du Jialingjiang, affluent du Changjiang dont les crues atteignent jusqu’à 60 000 m3/s pour une largeur de lit de l’ordre de 200 m, la montée des eaux peut atteindre 60 m. Le Chanjiang n’est pas en reste avec les trois gorges de Qutang, de Wu et de Xiling qui se succèdent sur près de 200 km sur son cours moyen et constituent ce qu’on appelle globalement « Les Trois-Gorges ».
À une moindre échelle on retiendra le passage du Danube dans les Gorges de Fer. Les gorges ont longtemps fait figure d’obstacle et le nom des fleuves changeait parfois a leur passage. Par la suite, certaines d’entre elles sont devenues des sites touristiques dont le plus remarquable est celui du Grand Canyon du Colorado avec ses 2 000 m d’encaissement et sa longueur de 800 km. Elles sont maintenant le cadre idéal pour l’implantation des grandes centrales hydroélectriques.
Rapides et chutes
Rapides et chutes sont, de tous les lieux du fleuve, de toutes les formes de l’eau, les plus spectaculaires, lorsqu’elles affectent un grand fleuve. Le rapide est défini comme un passage plus ou moins long avec une forte dénivelée sur laquelle le fil de l’eau se brise, alors que la chute consiste en un basculement d’un plan horizontal supérieur à un plan horizontal inférieur, la rupture pouvant être ou non encaissée à l’amont d’une gorge comme dans le cas du Niagara. A l’origine de ces formes se trouve soit un processus tectonique comme le jeu d’une raille, soit un phénomène combinant un processus morphologique et une différenciation lithologique en milieu humide et chaud, l’exploitation d’un filon de roche tendre ou enfin, le passage d’un verrou glaciaire.
Parmi les plus remarquables des chutes, le Salto del Angel sur un affluent du Caroni : 979 m en deux chutes dont la plus importante fait 800 m, les Victoria Falls du Zambèze et, bien entendu, les chutes du Niagara qui attirent chaque année 12 millions de visiteurs. Moins spectaculaires, les rapides offrent surtout des sites d’exploitation pour les électriciens : énergie potentielle comme les chutes d’Inga sur le Congo avec une dénivellation de 96 m ou celles de Khone sur le Mékong ; énergie exploitée comme sur les chutes de Paulo Afonso, d’Iguaçu, Caroni et autres.
Avant d’être exploitées pour leur énergie ou pour le spectacle qu’elles offrent, les chutes ont été longtemps considérées comme un obstacle si ce n’est une malédiction, en particulier sur les grands fleuves tropicaux : les chutes d’Inga, sur le cours final du Congo, ont longtemps interdit la remontée du fleuve et les chutes de Khone ont fermé la route de la Chine méridionale à Francis Garnier.
Vidéo : Les lieux du fleuve : Gorges et canyons
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