Ce qui est transmis
Gestes, attitudes, rituels, savoir-faire
La culture est faite d’attitudes et de gestes. Elle comporte des techniques du corps : quels soins lui donner ? Comment se laver, se peigner, se soigner ? Convient-il de développer ou d’entretenir ses aptitudes physiques par des exercices ?
Les bonnes manières ont été inculquées très jeune. La vie quotidienne implique une multitude de savoir-faire généralement modestes : la ménagère traditionnelle balaye, époussette, lave les carrelages, cire les parquets, nettoie et repasse le linge, épluche les légumes, prépare la viande, pétrit la pâte des gâteaux, met le couvert, fait la vaisselle, etc. Les machines ne soulagent qu’en partie les tâches des femmes d’aujourd’hui.
Au champ et à la ferme, il convient de savoir comment et quand labourer, herser, semer, désherber, récolter, et d’avoir appris où garder les bêtes, que leur donner à manger, comment les traire et les atteler. À la forge, il faut alimenter le feu, régler et actionner le soufflet, reconnaître à la couleur du fer chauffé le moment où le façonner. Le maçon appareille ses pierres, utilise le fil à plomb et le niveau pour élever des murs solides, et gâche le mortier en mélangeant le sable et la chaux dans la bonne proportion. Le couvreur reconnaît d’un coup d’œil la tuile gélive et la jette.
Les gestes et les techniques transmis sont inséparables des équipements pour lesquels ils sont conçus et des outils qu’ils mettent en œuvre.
Les gestes qui se répètent indéfiniment sans jamais être remis en cause finissent par s’effectuer machinalement. La vie quotidienne est ainsi toute pénétrée d’automatismes : pas besoin de s’arrêter pour réfléchir, ce qu’il convient de faire est connu ; la situation s’évalue d’un coup d’œil. Les gestes changent alors de sens. Ils se font à un rythme qui est adapté au corps : dans les civilisations traditionnelles, il arrivait, au moment des moissons par exemple, que l’on mobilise des musiciens pour donner le même tempo à tous les travailleurs.
La répétition prend parfois une coloration morale : le geste tire sa valeur du simple fait qu’il est répété indéfiniment. Il devient un rituel : parmi ce qui est transmis de génération en génération, les séquences ainsi mémorisées tiennent une place importante, et pas seulement dans la vie religieuse. La vie familiale est ponctuée par les repas où tous s’assoient dans le même ordre et à la même heure autour de la table : les mêmes personnes servent ou desservent, les plats se succèdent en séquences identiques et les mêmes sujets alimentent les conversations, les commentaire ou les critiques. Le besoin de rituels se fait sentir même dans les Minutions inédites : il suffit de deux ou trois jours aux membres d’un groupe occasionnel, les compagnons d’une excursion par exemple, pour se retrouver dans une distribution dès lors figée dans le car ou au restaurant.
Vidéo : Ce qui est transmis
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Ce qui est transmis