Collisions de la terre avec des corps céleste
Collisions de la terre avec des corps céleste
Il y a 203 millions d’années, une météorite qui mesurait entre 800 et 1 500 m de diamètre pour une masse comprise entre 1 et 6 milliards de tonnes est tombée sur ce qui allait devenir la France, non loin de l’actuelle ville de Roche- chouart, en Haute-Vienne. À cette époque, le bolide s’est englouti dans une mer peu profonde, creusant un cratère de 6 000 m de profondeur et laissant un astroblème de 20 km de diamètre pour une énergie dissipée estimée à 14 millions de fois celle de la bombe d’Hiroshima ! Le paradoxe est que, contrairement à d’autres, le météorite de Rochechouart ne semble pas avoir provoqué d’extinction significative ; la raison de ce fait demeure mystérieuse, ce qui en dit assez long sur notre ignorance en la matière.
La collision d’un astéroïde de 10 km de diamètre avec la Terre, qui, il y a 65 millions d’années, a contribué à l’extinction des dinosaures est désormais avérée. Cette collision qui aujourd’hui nous paraît stupéfiante, n’a pourtant rien d’exceptionnel si l’on se situe à l’échelle de l’immensité des temps géologiques. Cependant, cette idée n’a été acceptée que très récemment par la communauté des scientifiques concernés. En effet, les géologues et les climatologues ont longtemps refusé d’expliquer l’extinction des dinosaures par l’impact l’un astéroïde (ou d’une comète) avec notre planète. D’une part, les explications catastro- phistes leur ont longtemps parues trop faciles et, d’autre part, depuis les années 1830 où ces explications fleurirent avant d’être réfutées, le catastrophisme n’a pas bonne réputation chez les scientifiques sérieux : une catastrophe climatique soudaine et intense fut longtemps l’explication
fournie par le grand naturaliste Georges Cuvier (1769- 1832) pour expliquer la découverte de mammouths conservés dans le pergélisol de Sibérie, comme s’ils n’avaient pas eu le temps de fuir l’intempérie : [la dernière catastrophe] « (…) a laissé encore dans les pays du Nord des cadavres de grands quadrupèdes que la glace a saisis (…) S’ils n’eussent été gelés aussitôt que tués, la putréfaction les aurait décomposés (…) C’est donc le même instant qui a fait périr les animaux et qui a rendu glacial le pays qu’ils habitaient. »
Que le choc monstrueux n’ait pas suffit et que les trapps du Deccan aient joué un rôle important dans la disparition des grands reptiles est vraisemblable. Mais c’est la collision que retient le public : le tsunami de 1 km de haut, le cratère initial de 40 km de profondeur creusé en quelques secondes, le cratère d’impact de 150 à 200 km de diamètre, l’énergie dissipée qui aurait atteint l’équivalent de 10 000 fois celle de l’actuel arsenal thermonucléaire de la planète, la température qui se serait localement élevée jusqu’à 10 à 20 000 °C, dépassant largement celle du Soleil, la fournaise après la retombée d’une pluie d’ejecta vaporisés comme autant d’étoiles filantes, puis l’hiver d’impact qui lui succède. Les conséquences climatiques à l’échelle planétaire sont incalculables, d’autant qu’elles furent vraisemblablement aggravées par les rejets des trapps du Deccan. L’hypothèse selon laquelle ces épanchements basaltiques auraient été provoqués par le choc survenu de l’autre côté du globe a été d’ailleurs avancée, sans avoir été vérifiée jusqu’à présent. Il est en tout cas certain que la production primaire végétale a été gravement inhibée, privant les her-
bivores de nourriture et, indirectement, les carnivores. Des animaux à sang froid, c’est-à-dire non (ou mal) thermoré- gulés, comme les grands reptiles de la fin du Secondaire ne pouvaient pas résister.
Est-il légitime de faire entrer ces collisions dans les facteurs qui déterminent les changements climatiques ? Non, parce qu’elles sont très rares : les scientifiques estiment qu’une catastrophe comparable à celle que provoqua l’astéroïde du Yucatan ne se reproduit que tous les 100 millions d’années. En revanche, des impacts moins importants mais plus fréquents peuvent avoir des répercussions immenses : à partir de 1 km de diamètre, les ravages peuvent être envisagés à l’échelle continentale. Toutefois, nous sommes très loin d’être assurés en cette matière.
Une catastrophe mystérieuse a frappé le monde vivant à la fin du Trias, vers – 220 millions d’années. Elle a duré très longtemps, presque 20 millions d’années, ce qui exclut l’hypothèse d’une extinction brutale. Pourtant, à côté d’autres explications plus classiques (trapps dans l’actuelle Afrique du Sud, régression marine, etc.), une série de cinq impacts que certains spécialistes considèrent comme quasiment simultanés a attiré l’attention des scientifiques. Le Québec, l’ouest des États-Unis, l’ouest du Canada, la région de l’actuelle ville de Rochechouart (en France, dans le département de la Haute-Vienne) et l’Ukraine ont été touchés. Les collisions ont eu lieu il y a 203 millions d’années.
Une étrange propriété du monde
L’une des questions qui revient le plus souvent à propos du changement climatique est celle de la prévision : Peut-on prévoir les canicules, les inondations, les tempêtes ? Seront-elles plus fréquentes dans le futur ? Sont-elles liées au réchauffement climatique que nous prédisent les experts ? Et la réponse des climatologues ou des historiens du climat fait toujours sourire : on peut prévoir avec assez d’assurance le climat général du globe dans 70 000 ans (grâce à notre maîtrise des paramètres astronomiques), et on peut prévoir le temps qu’il fera d’ici à cinq jours, avec une marge d’incertitude relativement faible. Mais entre les deux, on ne peut pas affirmer grand-chose, sinon prédire des tendances générales. En aucun cas, nous ne sommes capables d’annoncer une canicule un mois ou même quinze jours à l’avance dans l’état actuel des moyens de calcul et de notre savoir scientifique.
Cette limitation est due à une propriété du monde très étrange. En théorie, par le jeu des causes et des effets, nous devrions être capables de prévoir la trajectoire exacte d’une boule d’ivoire lancée sur un billard un peu spécial, disons ondulé. En pratique c’est impossible car la sensibilité aux conditions initiales de lancement est immense (intensité, angle, nature de l’objet qui frappe la boule, imperfections de celle-ci, densité de l’air, etc.) rendant toute prévision impossible au bout de quelques rebonds sur les bandes. C’est ce que l’on nomme le « chaos déterministe » : le principe de causalité n’est pas remis en cause, mais il semble l’être ! Cette sensibilité aux conditions initiales est particulièrement spectaculaire dans la dynamique des systèmes complexes. La machinerie climatique du globe est un bon exemple de système hypercomplexe.
C’est un météorologiste nommé Edward N. Lorenz, qui a involontairement et indirectement baptisé ce phénomène « effet papillon ». Lorenz s’est intéressé au chaos déterministe et, en 1972, l’a popularisé en présentant une communication au titre provocateur devant YAmerican Association for the Advancement of Science : « Prédictibilité : le battement des ailes d’un papillon au Brésil provoque-t-il une tornade au Texas ? »’ La presse s’est emparée du titre et il n’est plus guère d’article sur le chaos déterministe dans ses rapports avec le climat, qui ne réponde par l’affirmative. Or c’est évidemment faux car, comme le dit lui-même Lorenz dans sa communication, le battement d’aile initial serait annulé par le battement suivant, etc. Il a simplement voulu dire que dans deux Terres identiques mais qui différeraient seulement par le battement des ailes du papillon dans l’une d’elles, la sensibilité aux conditions initiales est telle que la minuscule différence pourrait ne cesser de s’amplifier au fil des enchaînements de causes et d’effets, et qu’une tempête serait susceptible de survenir au Texas dans celle où le battement d’aile aurait eu lieu.
Nous voici désormais moins désarmés pour comprendre les controverses scientifiques qui font rage depuis quelques années en matière de changement climatique, et donc pour en saisir les enjeux politiques et idéologiques.
Vidéo : Collisions de la terre avec des corps céleste
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