Les futurs incertains : Les anticipation de l'IPCC
Les futurs incertains : Les anticipation de l’IPCC
Il convient de tenir compte du champ des possibles, c’est-à-dire de l’éventail des choix que pourraient effectuer les êtres humains au cours du XXIe siècle en matière de production et de consommation d’énergie, de rejets de gaz à effet de serre, de production industrielle et de démographie. Rappelons qu’il ne s’agit que d’hypothèses considérées comme cohérentes aujourd’hui, par projection dans le futur des données actuelles. Or nous savons que ce genre de problématique n’a jamais permis de prévoir des évolutions massives sur le long terme. Ainsi, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, personne ne pouvait prévoir le choix du programme nucléaire que ferait le gouvernement de la France moins de trente ans plus tard. Il reste que les scénarios de l’international Panel on Climatic Change (IPCC-GIEC) présentent un intérêt certain.
Il en existe une quarantaine, classés dans quatre grandes catégories (Al, A2, Bl, B2) structurées en sous- groupes. La catégorie Al est relativement optimiste : elle regroupe les scénarios à croissance économique rapide, dans le cadre de technologies novatrices, efficaces et peu U<mrmandes en énergie. La population mondiale est stabilise à 9 milliards en 2050, puis commence à décroître. Les niveaux de vie des pays « émergents », comme la Chine et l’Inde, se rapprochent de ceux de l’Occident – on dit que cette famille rassemble des scénarios « convergents ». Cela serait dû à une mondialisation réussie ! Trois variantes prennent place à l’intérieur de cette catégorie, en fonction des modes dominants de production énergétique. L’un, * tout fossile », privilégie les combustibles fossiles (AlF).
I,’autre (AIT, « non fossile ») se caractérise par le recours préférentiel aux sources alternatives non fossiles, ce qui comprend les matières fissiles utilisées dans l’électronucléaire. Le troisième (A1B, « mixte énergétique ») fait appel à l’utilisation équilibrée de toutes les formes de production d’énergie.
Les scénarios Al sont basés sur l’hypothèse d’une stabilisation de la population mondiale en 2050, ce qui est d’un optimisme désarmant. Car même si l’on assiste à un certain fléchissement de la natalité, en Afrique notamment, le moins que l’on puisse dire en ce domaine est que le droit îles femmes à maîtriser leur fécondité est encore aujourd’hui brutalement refusé à plus de la moitié d’entre elles. Rappelons que le Vatican, dans sa position officielle, s’est prononcé contre la contraception, y compris dans les relations entre époux. Et que si des pays musulmans comme l’Iran l’acceptent dans les relations conjugales, beaucoup de musulmanes rencontrent de graves difficultés en matière de contrôle de leur fécondité. La montée des intégrismes à laquelle nous assistons depuis quelques années n’a rien pour rassurer, si l’on tient compte de l’extraordinaire inertie de la croissance démographique : si l’on prenait aujourd’hui les bonnes décisions et qu’elles soient appliquées, leurs effets ne se feraient pas sentir avant plusieurs décennies. Ainsi, selon les statistiques de l’ONU, si l’on parvenait à atteindre en 2010 un taux de fertilité moyenne dans le monde de deux enfants par couple, il faudrait attendre 2060 pour que la population de la Terre se stabilise à près de 8 milliards d’habitants.
Dans la catégorie A2, les scénarios envisagent une population mondiale atteignant 15 milliards d’êtres humains à la fin du XXIe siècle et continuant de croître ensuite. La dynamique n’est pas « homogène » comme dans la catégorie Al, mais divergente : les très fortes inégalités de niveau de vie et de développement se maintiennent ou s’aggravent. Les identités nationales et le poids des traditions pèsent sur la croissance économique mais favorisent une croissance démographique plus élevée.
Les scénarios de la famille B1 sont dans l’air du temps : la population mondiale cesse de croître à partir de 2050, après avoir atteint le chiffre de 9 milliards d’individus. Les structures économiques sont « dématérialisées », c’est-à- dire qu’elles sont dominées par les « nouvelles technologies » de l’information et de la communication, et les services. C’est le triomphe du secteur tertiaire. Ces orientations sont à l’évidence peu consommatrices d’énergie. Les économies « convergent » vers la réduction des inégalités et l’équité, comme dans la catégorie Al ! On peut toutefois se demander où, par qui, et à quels coûts environnementaux sont produites les richesses « matérielles » essentielles, comme l’énergie électrique, l’acier, le béton, la métallurgie lourde et l’agro-alimentaire ?
Dans l’hypothèse de la catégorie B2, la population de la planète ne cesse de croître après avoir atteint en 2100
10 milliards d’individus. Les économies recherchent des solutions durables à l’échelon régional, comme dans le cas des scénarios A2. La croissance est raisonnable, l’équité et le respect de l’environnement sont des valeurs prises en compte par les pays concernés. Souhaitons que les sociétés humaines trouvent leur chemin dans ce labyrinthe, en évitant autant que faire se peut les scénarios A2, dans lesquels les inégalités sont aggravée.
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