Les solution illusoires
Les solution illusoires
Rappelons d’abord que la production de C02considérée comme durable est évaluée à 500 kg par habitant du globe alors que les émissions actuelles sont de l’ordre de 5 t pour les États-Unis et 3 t pour l’Europe.
Le lieu n’est pas ici de faire le bilan des solutions possibles en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre mais de proposer simplement quelques points de repères pour aller plus loin, et en particulier de montrer que les discours officiels en matière de lutte contre les gaz à effet de serre ne sont rien moins qu’hypocrites. Nous avons vu que si les prédictions du GIEC étaient avérées, il serait vital de diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Comment ? En renonçant à la circulation automobile sauf exceptions, au bénéfice des transports en commun, et en réservant le transport aérien aux situations d’absolue nécessité. Il faudrait également bannir certains loisirs : aviation, moto, formule 1, etc. On renoncerait donc aux fruits exotiques et autres produits de luxe qui ont pris l’avion. On ne partirait plus en vacances qu’en vélo ou à cheval. On se détournerait aussi des produits qui voyagent trop au cours du processus de leur fabrication : la mondialisation de l’économie devrait faire place à la relocalisation des activités agro-industrielles. On renoncerait évidemment au doublement du trafic poids lourds prévu d’ici à 2020.
De la même manière, l’élevage des bovins produisant beaucoup de méthane, on éviterait de consommer du bœuf en trop grandes quantités. Pour ne pas évoquer la question des rizières et des forêts inondées qui produisent du méthane, ni celle des grands troupeaux africains dont on sait que flatulences et renvois sont également méthaniques : les seuls ruminants africains seraient responsables de 2 % des émissions de CH4 global, c’est-à-dire autant que l’ensemble des forêts inondées.
Autant dire que nous ne prenons pas le chemin de la sagesse : tous les pays avancés privilégient en actes les solutions les plus désastreuses en matière d’émissions de gaz à effet de serre, solutions qu’ils déplorent en paroles. Ils mondialisent l’économie alors qu’il faudrait la dé globaliser et ils délocalisent les activités agro-industrielles, alors qu’il faudrait les relocaliser ! Ainsi, l’usage de la voiture individuelle et surtout du transport routier (près de 80 % du tonnage de marchandises transportées en France), est encouragé dans toute l’Europe malgré les discours et les « journées sans voitures », fameuses une fois l’an. En France, le transport par route doublera d’ici 2020, au détriment des solutions ferroviaires. En 2004, il atteignait déjà 8 500 camions par jour sur le boulevard périphérique de Paris et 5 000 par jour sur l’A86 qui contourne la capitale. Seize mille camions par jour traversent l’agglomération de Lille et 10 000, celle de Rouen!
Partout, les « petites lignes » du réseau ferré, pourtant si utiles, sont fermées au nom de l’absurde « rentabilité du service public » : sait-on que le réseau exploité aujourd’hui par la Société nationale des chemins de fer (sncf) pour les voyageurs est revenu au niveau du réseau de 1875 ? Sait-on que les « bagages accompagnés » de la SNCF sont en fait acheminés par camions ? Sait-on que la SNCF possède deux filiales de transports routiers, Calberson et Bourgey- Montreuil, et organise donc sa propre concurrence ? Enfin est-il besoin de rappeler que, partout, les transports en commun qui assurent les liaisons entre les banlieues et le centre des villes sont inconfortables, coûteux, insuffisants et non sécurisés, ce qui contraint nombre d’usagers à recourir à la voiture individuelle.
Comment, dans ces conditions, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a-t-il pu affirmer en 2002 que la France a toujours pour objectif de stabiliser en 2010 ses émissions de gaz à effet de serre au niveau de 1990, alors qu’il n’a annoncé aucune mesure pour combattre l’envolée des émissions dues aux transports, qui en 2001 dépassaient de 22 % leur niveau de 1990?
A l’instar de la route, le développement du transport aérien est partout encouragé ; il s’agit pourtant, avec la voiture individuelle, du moyen de transport le plus polluant qui soit. Comparons les rejets de gaz à effet de serre pour le transport d’un passager sur une distance donnée, en fonction des divers moyens qui sont à notre disposition : le moins polluant est le transport par rail ; les plus polluants, la voiture individuelle et l’avion court-courrier. Le transport fluvial représente pour sa part 3 % du tonnage total des matières transportées en France. Quant au « ferroutage » et au « merroutage », ils relèvent, on ne le sait que trop, hélas ! de l’effet d’annonce.
Il reste à considérer les grandes sources industrielles de gaz à effet de serre. Globalement, la situation est très inquiétante. D’une part, les rejets de gaz à effet de serre ont globalement augmenté sur la planète depuis la Conférence de Rio, même s’ils ont diminué dans certains pays comme l’ex-URSS en raison de la désindustrialisation, et s’ils ont été relativement stables dans le reste de l’Europe entre 1990 et 1998. Ainsi, dans l’Union européenne, les émissions atteignaient 3 998 milliards de tonnes équivalent C02 en 1990, pour 3 927 milliards en 1998. Notons que les États-Unis d’Amérique ont augmenté leurs rejets de plus de 15,2 % entre 1990 et 1999. D’autre part, si les décisions sont relativement faciles à prendre du haut d’une tribune, leur application est autrement complexe dans l’univers néo-libéral. Dès lors que la réglementation doit être minimale, on se rabattra sur « des subventions ciblées (…) pour remédier aux imperfections des marchés », sur les échanges de « permis d’émissions » (système jugé moral dans le rapport sénatorial d’où sont tirées les présentes informations), et sur la taxation des émissions de C02. Pour ce qui concerne la moralité, les permis négociables ont commencé à s’appliquer en 1998, et la Banque mondiale veille au « juste prix » de ces permis par la mise en place d’un fonds d’investissement financé par des pays (Suisse, Suède, Norvège, Finlande et Pays-Bas, notamment) et des compagnies transnationales comme par exemple, BP ou Chevron Corp. Nous voilà rassurés !
Quant aux taxations, soit elles seront acceptées par les entreprises et intégrées dans les coûts, donc écologiquement inefficaces, soit elles seront refusées par des entreprises qui se délocaliseront dans les pays qui ne taxent pas les émissions ; dans ce cas la taxation causera du chômage sans bénéfice écologique. Au final, dans la plupart des cas de figure, les contribuables-consommateurs financeront des mesures inefficaces.
Vidéo : Les solution illusoires
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