L'évolution des systèmes technologique
Le progrès des matériaux
Les possibilités d’agir et de transformer le milieu changent lorsqu’on dispose d’outils. Ceux-ci ne deviennent cependant réellement performants que lorsqu’ils mettent en œuvre des matériaux résistants et plus durs que ceux qu’il convient d’attaquer (Daumas, 1962-1968). C’est ce qui donne leur signification aux progrès des techniques du feu : pour passer de la métallurgie du cuivre ou du bronze à celle du fer, il a fallu des températures plus élevées. Chaque fois que la technologie des fours fait un bond, la sidérurgie se modernise. L’histoire des productions céramiques est également liée aux progrès des techniques du feu.
La mise au point de nouveaux matériaux passe aussi par l’invention d’alliages ou de produits de synthèse : la chimie joue ici un rôle-clef.
Lu production des matériaux nécessaires à la construction des outils et des machines est longtemps restée très empirique : il s’agissait de recettes et de tours de main dont on ne connaissait pas les fondements scientifiques. Cette situation a prévalu jusqu’aux avancées que la chimie et la physique ont connus au siècle passé. Les technologies nouvelles reposent désormais sur des connaissances rationnelles qu’il est facile d’enseigner n’importe où. La standardisation des matières à partir desquelles outils et machines sont fabriqués est un des facteurs essentiels de l’uniformisation technologique du monde.
Le rôle de la mécanisation
L’outil et la machine sont faits pour des opérations répétitives. Leur utilisation est d’autant plus facile qu’ils sont employés dans des conditions plus constantes : ils appellent la standardisation.
Tant que la machine ne mobilise que les forces de l’homme, sa puissance est limitée et la répétitivité des opérations n’est jamais totale. Le recours à des sources d’énergie externes modifie ces conditions : les opérations réalisées par les machines se succèdent en cycles indéfiniment repris.
Dans la mesure où il est possible de mettre en œuvre des équipements qui mobilisent des forces beaucoup plus élevées, la dynamique des transformations change : des économies d’échelle apparaissent ; la standardisation progresse.
La machine mue par un moteur demande un opérateur pour la diriger tant qu’on ne sait pas assurer son autorégulation. Dès l’instant où l’on sait rétroagir sur la force qui alimente un système en prélevant une petite quantité d’énergie à sa sortie, la surveillance cesse d’être permanente. L’automatisation apparaît. Les besoins de main-d’œuvre diminuent.
Les techniques de transport
Tant que les transports sont difficiles, les groupes humains doivent produire sur place tout ce dont ils ont besoin. Cela les oblige à exploiter des ressources médiocres, à cultiver des plantes dans des conditions climatiques limites et à se contenter d’outils ou de machines peu performants. Des transports aisés rendent inutiles ces efforts d’autarcie et déclenchent une augmentation de la productivité.Le progrès des techniques de transport est donc un des facteurs essentiels de transformation des rapports des groupes à leur environnement.
Les transports ont évolué sous l’impact de deux facteurs (Haudricourt, 1987) :
- la mobilisation d’énergies extérieures à l’homme, animaux sur terre et force du vent sur mer, dans un premier temps, motorisation au moment de la révolution industrielle ;
- l’utilisation de la roue, qui réduit considérablement l’énergie requise pour les déplacements terrestres .
Les hommes et les animaux de bât s’accommodent de presque toutes 1rs surfaces et même de pentes très fortes : il suffit de dégager les voies de toute végétation, d’aménager des lacets ou de tailler des marches sur les versants trop railles Les cours d’eau se franchissent souvent à gué ou sur des barques. Les ponts sont rarement indispensables.
La roue n’est vraiment utilisable que si les voies présentent des surfaces dures et planes et franchissent les coupures du relief par des ponts. Elle mobilise donc des techniques d’aménagement de l’espace — ouverture de tranchées ou de tunnels, construction de remblais, élaboration et compactage de la chaussée — qui impliquent des terrassements considérables.
L’univers instrumental : de la diversité à l’uniformité
La géographie traditionnelle des techniques est diverse par bien des aspects : les formes d’outils ou d’objets imaginées en un point se copient facilement sur place, mais voyagent mal. Des schèmes mentaux différents permettent souvent de construire des machines ou des équipements suffisamment performants pour perdurer longtemps dans des zones voisines sans que l’on éprouve le besoin d’imiter ce qui se fait ailleurs.
La diversité de l’univers instrumental et des objets auxquels il donne naissance résulte aussi de la multiplicité des matières premières utilisées. Tant que les trans¬ports demeuraient onéreux et que les techniques de synthèse chimique et de trans¬formation des corps manquaient, chacun devait faire avec ce qu’il trouvait sur place : on construisait ici en pierre et là en brique selon que le sous-sol était rocheux ou argileux.
La diversité des techniques cède devant le progrès : la facilité des transports rend aujourd’hui les matières premières plus mobiles et permet d’écouler plus loin les objets fabriqués. Les voyages élargissent l’univers mental des acteurs de la vie sociale. Les progrès des communications vont dans le même sens.
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